Bischwiller (prononcer [biʃvilɛʁ] Écouter ; en allemand Bischweiler) est une commune française située dans la circonscription administrative du Bas-Rhin et, depuis le , dans le territoire de la Collectivité européenne d'Alsace, en région Grand Est.
Ne doit pas être confondu avec Bischwihr.
Bischwiller Bischweiler | |
![]() La Laub, ancienne mairie (XVIIe siècle). | |
![]() Blason |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Grand Est |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Circonscription départementale | Bas-Rhin |
Arrondissement | Haguenau-Wissembourg |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération de Haguenau |
Maire Mandat |
Jean-Lucien Netzer 2020-2026 |
Code postal | 67240 |
Code commune | 67046 |
Démographie | |
Gentilé | Bischwillerois [1] |
Population municipale |
12 746 hab. (2019 ![]() |
Densité | 739 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 46′ 04″ nord, 7° 51′ 36″ est |
Altitude | Min. 123 m Max. 147 m |
Superficie | 17,25 km2 |
Type | Commune urbaine |
Unité urbaine | Haguenau (banlieue) |
Aire d'attraction | Strasbourg (partie française) (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Bischwiller (bureau centralisateur) |
Législatives | Neuvième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.bischwiller.com |
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Cette commune se trouve dans la région historique et culturelle d'Alsace.
Bischwiller est une petite ville du Nord-Est de la France située à 21,6 km au nord de Strasbourg et à 8 km à l'ouest du Rhin et donc de l'Allemagne. Au niveau départemental, les villes les plus proches sont Haguenau (8,1 km au nord-ouest), Brumath (11,7 km au sud-ouest) et Saverne (36,8 km à l'ouest)[2].
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Haguenau | Kaltenhouse | Oberhoffen-sur-Moder | ![]() |
Marienthal (annexe de Haguenau) | N | Rohrwiller | ||
O Bischwiller E | ||||
S | ||||
Gries | Herrlisheim, Offendorf |
Le territoire communal de Bischwiller est situé à moins de dix kilomètres du Rhin dans une zone de prés inondables connue sous la dénomination de ried. Ce lieu a été modelé par les divagations du fleuve dans sa zone d'épandage, avant sa canalisation. Le terme ried dérive du mot alémanique « Rieth » et signifie jonc ou roseau.
La Moder, un affluent du Rhin, traverse la ville. Outre cette rivière, d'autres cours d'eau, certes d'importance moindre, sillonnent le territoire de Bischwiller. Parmi les plus notables, on peut citer trois affluents de la Moder : le Rothbaechel, l'Erlengraben et le Waschgraben. Concernant ce dernier ruisseau, deux de ses confluents sont le Weihergraben et le Schnuchgraben.
Le toponyme Bischwiller apparaît au Moyen Âge sous les formes anciennes de Bischoviswiler en 1236[3] et de Bischovswilre[4]. À la même époque, sa forme traduite en latin médiéval ecclésiastique est Episcopi villa[4], calque approximatif de la forme germanique.
Il s'agit d'une formation de type alémanique composée des éléments Bischof « évêque » et Willer « hameau » (cf. allemand Weiler < bas-latin villare)
-willer faisait sans doute référence à la métairie fondée par Conrad II de Hunebourg, évêque de Strasbourg de 1190 à 1202. Bischweiler fut l'appellation officielle de la cité lors de l'annexion de l'Alsace-Lorraine au Deuxième Reich allemand entre 1871 et 1918 puis lors de l'occupation nazie entre 1940 et 1944[5].
Vers 1195, l'évêque de Strasbourg Conrad II se fit construire un pavillon de chasse dans l'actuelle forêt bischwilléroise. Ce pavillon était compsé d'une chapelle (l'actuelle chapelle Saint-Nicolas de Hanhoffen), et d'une villa. Peu à peu, des habitations s'installèrent autour de ce pavillon, formant ainsi un nouveau village[6].
Mentionné sous le nom de "Bischoveswilre" vers 1236, le village connut un siècle de prospérité, avant d'être quasiment réduit à néant. Début janvier 1263, des Strasbourgeois insurgés contre l'évêque Walter de Geroldseck pillèrent puis incendièrent la petite cité. Après cela, le village resta en ruines durant quasiment 40 ans.
En 1300, l'évêque Frédéric Ier de Lichtenberg fit construire une nouvelle église, l'actuelle église protestante, sur la colline du Kirchberg. Cet acte marque la remise sur pieds de Bischoveswilre. Cependant, vers 1330, le nouvel évêque, accablé par les dettes, vendit le village au seigneur Walter de Müllenheim. Ce dernier le revendit au seigneur Sigismond de Huttendorf. C'est la famille de ce dernier qui fut propriétaire du bourg jusqu'en 1406[7].
Vers 1450, on nous apprend la construction du château de Tiefenthal, en contrebas de l'église. Devenant la nouvelle résidence des seigneurs du village, il fut mentionné sous le nom de "Byschwiler" (le château sur la Moder") en 1472.
A la fin du XVe siècle, le bourg passa entre les mains de la famille des Eschenau[8].
En 1525, le village fut gagné par le protestantisme, et le maire de Strasbourg, Klaus Kniebs, envoya comme premier pasteur un certain Gervasius Schuller, ami du réformateur Ulrich Zwingli.
En 1542, le seigneur Louis d'Eschenau vendit le bourg alors appelé "Bischweiler" à Wolfang Ier de Bavière, duc de Palatinat Deux-Ponts et comte palatin de Neubourg et de Soulzbach.
A la mort de Wolfang en 1569, c'est son fils Jean Ier qui prit sa place. Il fonda de nombreuses écoles, contribuant ainsi à développer l'éducation de ses sujets. Désirant plus de protection pour ces derniers, il fit construire des remparts, des palissades et des douves tout autour de la ville[9].
En 1618, le prince Jean II autorisa l'installation des réfugiés huguenots dans la ville. Il leur accorde de nombreux privilèges, ce qui leur permet de fonder un nouveau quartier : l'actuelle Rue française.
En 1620 et 1631, la ville subit l'assaut des troupes autrichiennes, lors de la guerre de Trente Ans. L'église, lors de la première attaque, servit de place forte et de magasin d'approvisionnement. Le toit et la tour furent détruits. Lors de la seconde attaque, elle servit de réserve de bois.
En 1636, Christian Ier de Birkenfeld, duc de Deux-Ponts et comte de Sponheim et de Birkenfeld assiège Bischwiller et la délivre des troupes autrichiennes. Il fait restaurer l'église et le château.
En 1654, c'est Christian II qui devient propriétaire du bourg. Il embellit le château et fait construire l'ancien hôtel de ville, actuel Musée de la Laub, en 1664. Cette même année, il fonde la pharmacie de la Cour princière, première pharmacie bischwilléroise. C'est également lui qui instaure la première Fête des Fifres, qui, depuis, est célébrée à Bischwiller tous les deux ans.[10]
Au XVIIIe siècle, l'historien alsacien Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771) décrit la ville comme suit :
« Bischwiller, (...), est un bourg très florissant sur la Moder, entre Drusenheim et Haguenau. Il compte vingt-quatre rues et quatre cent quatre-vingts feux ; il est divisé en cinq quartiers nommés : le premier, Schloss und Kirchviertel ; le second, das teitische Dorf, c'est le plus ancien ; le troisième, das welsche Dorf ; le quatrième, das Vorstœttel ; ces deux derniers ont été bâtis, vers 1620, par les Phalsbourgeois qui sont venus s'y établir ; le cinquième, das neite Gassviertel, a commencé à être bâti en 1708[11]. »
En suivant cet auteur, il faut donc comprendre qu'en son temps, Bischwiller est divisée en cinq quartiers. Les plus anciens quartiers sont le quartier de l'église et du château avec le village allemand. À ce noyau originel se sont rajoutés au XVIIe siècle, vers l'ouest, le village français et le faubourg, bâtis par des réfugiés huguenots francophones ; puis au début du XVIIIe siècle, le quartier de la Nouvelle-Rue (actuelle rue Clemenceau).
De 1720 à 1721, nous pouvons noter l'agrandissement de l'église. En juillet 1794, la crypte de l'église fut profanée par les Révolutionnaires. En 1795, le château fut vendu à un cordonnier qui en fit une auberge, avant de le faire démolir cette même année[12].
L'instabilité politique et militaire des dernières années de l'Empire napoléonien furent néfastes aux activités textiles bischwilleroises. Pour pouvoir se maintenir, des drapiers et des investisseurs regroupèrent leurs capitaux et créèrent les premières manufactures de la cité telles que la Leroy et Compagnie, la Goulden et Compagnie ou la Heusch et Weiss. En 1818, cette dernière fit fonctionner 18 métiers à tisser[a 1].
Ces premières entreprises introduisirent le machinisme. En 1810, la maison Goulden équipa ainsi sa filature d'une machine à carder la laine de type Douglas. Ces équipements permirent de réduire la main-d'œuvre et les coûts de fabrication. Deux hommes sur une épailleuse remplaçaient le labeur manuel de près de quarante ouvriers[a 2]. Le dynamisme de ces entrepreneurs fit que la vente de draps passa de 1 million de francs en 1815 à 2,6 millions en 1840. Si en 1818, on compta trente-cinq fabricants, en 1840, on en recensa soixante-quatre dont la spécialité était le drap lourd teinté en noir[13].
En 1842, le fabricant Kunzer fut le premier à Bischwiller à s'équiper d'une machine à vapeur en remplacement d'un manège à bœufs ou à chevaux. Par la suite d'autres manufactures franchirent ce cap : Ruef et Picard en 1842, Bourguignon-Schwebel en 1843, Pierson en 1848, Voelckel et Kablé en 1853, etc. Cette nouvelle énergie permit la diversification des activités industrielles. Ainsi les ateliers de tissage s'augmentèrent de filatures, de foulons et de teintureries. La production de drap grossier s'augmenta d'autres produits tels les zéphirs, les amazones ou les satins-laine. Avec le développement des affaires, ces activités textiles essaimèrent dans d'autres localités proches de Bischwiller, à Weyersheim, à Drusenheim, à Haguenau. En 1855, ce commerce profita de l'ouverture de la voie de chemin de fer Haguenau - Strasbourg. À Bischwiller, la population doubla en moins de trente ans pour passer de 5 721 habitants en 1841 à 11 500 en 1869. En 1870, près de 5 000 ouvriers dont 2 000 tisserands travaillaient dans les entreprises de Bischwiller. Pour répondre au besoin de main-d'œuvre, 2 200 ouvriers arrivaient chaque matin des villages voisins ; d'autres émigrèrent depuis l'Allemagne (Bade, Wurtemberg, Palatinat)[a 3].
Bischwiller ne fut pas directement touchée par les opérations militaires. Les plus proches batailles eurent lieu vingt-deux kilomètres plus au nord à Frœschwiller et à Wœrth lors de la bataille dite de Reichshoffen du 6 août 1870. Cette bataille se solda par la déroute des troupes françaises. De nombreux blessés furent évacués vers Bischwiller. L'hôpital local, inauguré au printemps de l'année 1870, ne comptait alors que trente lits. Pourtant près de 650 blessés arrivèrent. Sur ce total, 128 décédèrent et furent portés en terre en ville[c 1]. Plus tard, deux monuments, un français et un allemand, furent édifiés au cimetière pour leur rendre hommage[c 2].
Les premières troupes allemandes (un bataillon de dragons badois) arrivèrent en ville le 12 août 1870. En tout, près de 4 000 soldats allemands durent être logés chez les habitants. En plus de cet accueil forcé, vivres et fourrages furent réquisitionnés et la municipalité dut payer une lourde contribution de guerre. Mais au bout du compte le sort de Bischwiller fut nettement plus enviable que celui de Strasbourg, à 25 kilomètres au sud, qui fut assiégée et bombardée pendant près de quarante-cinq jours en août et en septembre 1870[a 4].
L'annexion de l'Alsace-Lorraine au Deuxième Reich allemand fit connaître à Bischwiller des années difficiles du point de vue socio-économique. L'industrie locale, essentiellement textile et lainière, très adaptée au goût et au marché intérieur français, se trouva en 1871 coupée de ses principaux débouchés. L'industrie bischwilleroise dut d'un coup faire face à deux difficultés. Premièrement s'intégrer au marché allemand, saturé et plus compétitif et deuxièmement abandonner brutalement le marché français du fait de droits de douanes excessifs sur les produits exportés : 5 % en 1871 puis 10 % en 1873[a 5].
Près d'un tiers des Bischwillerois refusèrent la domination allemande. Les premiers à partir furent les optants qui profitèrent d'une clause du traité de Francfort valable jusqu'en 1872. Cette modalité autorisait les Alsaciens-Lorrains à pouvoir conserver la nationalité française mais sous condition de s'installer en France : 1 023 Bischwillerois optèrent pour la nationalité française et quittèrent la ville dès les premières années de l'annexion. Cet exode se poursuivit les années suivantes sous la forme de l'immigration. Parmi les optants figurèrent 33 familles de fabricants, 42 familles d'artisans, 14 familles de négociants et 16 familles de commerçants. Mais le plus gros de la cohorte des optants furent des personnes appartenant à des classes sociales plus modestes ; 147 familles ouvrières, 13 familles de journaliers, 16 familles de commis, 5 familles de domestiques et 13 familles de retraités[14].
La majeure partie des industriels et artisans de Bischwiller choisirent cet exode. Ils furent suivis par bon nombre de leurs ouvriers. Ainsi entre 1870 et 1874, environ 4 000 Bischwillerois quittèrent leur région d'origine. Plus de 2 000 d'entre eux s'installèrent à Elbeuf en Normandie ; les autres lieux d'installations furent Vire, Sedan, Roubaix, Tourcoing et Reims[a 6].
- | 1869 | 1874 |
---|---|---|
Population | 11 500 | 7 700 |
Naissances | 469 | 287 |
Nombre de fabricants | 96 | 21 |
Nombre d'ouvriers | 5 000 | 1 800 |
Nombre de métiers à tisser | 2 000 | 650 |
Assortiments de filature | 140 | 55 |
Nombre de broches | 56 000 | 22 000 |
Chiffre d'affaires de la draperie en millions de francs | 18 à 20 | 5 à 6 |
Expédition de marchandises fabriquées | 1 117 206 kg | 400 000 kg |
Bischwiller connu une dramatique hémorragie du point de vue de sa population jusqu'en 1885. En 1869, la population fut estimée à 11 500 habitants. Quelques années plus tard, du fait de la fuite des entreprises du textile et de ses employés, il ne resta plus que 6 815 Bischwillerois ; soit une baisse de près de 40 %. À partir des années 1880, l'économie locale commença à se remettre de ce choc. Plusieurs entreprises s'installèrent à Bischwiller comme la cartoucherie Walbinger-Meuschel en 1882, la fonderie Pulfermuller en 1883 ou la savonnerie Hirtler en 1886. En 1885, la Nouvelle Manufacture de Draps s'installa dans les locaux désertés de l'entreprise Blin, cette dernière ayant migré vers Elbeuf en Normandie. Le retour de l'activité économique marqua aussi le retour d'une nouvelle population ouvrière. Ainsi, en 1910 put-on compter 8 149 Bischwillerois[a 7]. Les autorités impériales allemandes afin de marquer davantage leur présence, construisirent d'imposants édifices comme la Poste en 1896[c 3], le Tribunal cantonal en 1899[c 4] et plusieurs casernes en 1889 et en 1913[c 5].
Créée en 1883 par un groupe d'actionnaires, la Société Alsacienne de Filature et Tissage de Jute (ou plus simplement la Jute) fut l'entreprise qui marqua le plus le renouveau économique de Bischwiller. Ses premiers locaux, situés rue Rampont, prirent le relais de ce qui fut avant 1870 la filature Bertrand et Mannhardt. Par la suite, la Jute devint le principal employeur de la ville. À son apogée, plus de 1 000 ouvriers s'y affairaient dans la production de toiles d'emballage (filés et toiles de jute), de ficelles et de tapis. Un service de location permettait à ses clients le transport du houblon, des pommes de terre, du plâtre et du ciment. Installée dans l'actuelle rue Joffre à partir de 1887, le développement de ses activités l'obligea à accroitre ses locaux en 1896, 1900, 1905, 1912 et 1924[c 6]. La direction pratiqua une politique paternaliste envers ses employés avec la mise en place d'une garderie d'enfants, d'un dispensaire de soins, d'un foyer récréatif, d'une chapelle catholique pour ses employées d'origine polonaise, d'une coopérative, d'une caisse d'épargne, etc. Aux abords de l'usine, les familles ouvrières logeaient dans une cité composée de maisonnettes[a 8].
En 1961, les actionnaires de la Société Alsacienne de Filature et Tissage de Jute décident, face à une conjoncture difficile, de cesser toute activité et de liquider leur entreprise. L'importante surface industrielle qu'occupait cette activité est reprise en 1962 par Vestra une entreprise textile strasbourgeoise. Les vêtements pour homme fabriqués à Bischwiller par Vestra portèrent des griffes connues comme Torrente ou Cacharel. Durant les Trente Glorieuses, cette manufacture de vêtement devint le principal employeur local. Dès 1962, on compta 859 postes de travail puis plus de 1 000 en 1986. Les deux dernières décennies du XXe siècle firent voir aux entreprises alsaciennes du textile des heures sombres du fait de la mondialisation ; des pays comme la Chine ou la Tunisie se montrant plus compétitifs en matière de coût de production. Pour survivre Vestra-Union se désengagea de la fabrication et se concentra sur le négoce. Ses usines de Bischwiller (la plus importante) et de Mertzwiller devinrent clientes du groupe Vestra-Union sous le nom de Alsavet. Mais elles fermèrent définitivement leurs portes durant l'année 2002 ; 565 personnes se retrouvèrent sans emploi dont 95 % de femmes.
Les locaux d' Alsavet à Bischwiller furent repris en 2003 par la communauté de communes de Bischwiller et environs. La friche industrielle fut ensuite transformée en un parc d'activités économiques baptisé « Les Couturiers » pour de petites et moyennes entreprises des secteurs de l'artisanat et du tertiaire (21 entreprises pour 100 emplois en 2010).
Première commune non évacuée sur la ligne du Rhin, Bischwiller devint dès la déclaration de guerre, une ville de garnison. Ainsi, au début des hostilités (pendant la drôle de guerre), des troupes de chasseurs, d'infanterie, de dragons et d'artillerie cantonnèrent à Bischwiller, étant logées soit chez l'habitant, soit dans des bâtiments publics ou encore dans des usines disponibles. Tout autour de la cité, furent implantées des pièces d'artillerie.
Le 02/04/40, Louis Loeffler fut destitué de ses fonctions de maire en raison de son appartenance au parti communiste. M. Rinckenberger (membre du conseil municipal) fut alors appelé par le préfet à le remplacer.
Quand, en 1940, les Allemands tirèrent des obus depuis la région d'Oberkirch, il y eut des dégâts importants dans le quartier de la gare. Les autorités militaires françaises firent, de leur côté, sauter les deux ponts de la Moder (17 juin). Peu avant l'armistice du 22 juin 1940, il fut question d'évacuer Bischwiller mais cela ne se fit pas car les autorités locales s'y opposèrent. Pourtant les habitants restèrent sans protection après le départ des troupes françaises.
Après la défaite de la France, l'Alsace-Lorraine fut annexée au IIIe Reich et Bischwiller fut occupée par les Allemands du 21 juin 1940 au 9 décembre 1944. L'entrée officielle de l'armée allemande dans la ville eut lieu le 23 juin 1940 et fut suivie de la venue d'un ministre allemand. Alfred Rinckenberger céda alors sa place de maire au Dr Doll (qui avait été jusque-là Burgenmeister d'Oberkirch). Le 1er janvier 1941, celui-ci fut remplacé par le Dr Liewer, qui administra pendant quatre ans Bischwiller en appliquant les principes du parti national-socialiste.
Bischwiller ne fut pas épargnée par les bombardements car dans la nuit du 4 au 5 mai 1942 une attaque aérienne par bombes incendiaires endommagea l'église catholique et son quartier.
En novembre 1944, Leclerc ayant libéré Strasbourg et le 6e groupe d'armées franco-américain ayant franchi les Vosges, le front s'étendit inexorablement vers le nord et se stabilisa entre la Moder et la forêt de Haguenau. Situé en plein feu, Bischwiller subit des tirs intenses et des violents bombardements de l'artillerie. Cela a provoqué de nombreux dégâts et pendant que la bataille faisait rage, les habitants se terraient dans les abris et les caves.
Le 9 décembre 1944, sous les tirs continus des Allemands, Bischwiller fut reprise à l’ennemi par les troupes américaines. Alfred Rinckenberger fut alors reconduit dans ses fonctions à la mairie (mais il démissionna le 11 janvier au profit de Pierre Klein).
Le 3 janvier 1945 une nouvelle offensive fut lancée par la Wehrmacht qui avait de nouveau franchi le Rhin à Gambsheim. De plus, les blindés du 39e Panzer Korps " foncèrent" du nord vers Bischwiller, provoquant un repli stratégique américain derrière la Moder. Sur l’ordre du général de Gaulle, les forces de la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny s’approchèrent pour relever les Américains.
Le 22 février, le capitaine Sauveur Chérifi, avec son bataillon du 4e régiment des tirailleurs tunisiens, entra à Bischwiller par la rue de Strasbourg pour aller nettoyer le secteur d’Oberhoffen.
Le 15 mars, le général de Monsabert, (commandant du 2e corps d’armée), dirigea du haut du château d’eau, la dernière attaque. Dans ce but, il envoya en renfort la 3e division d’infanterie algérienne, (commandée par le général Guillaume) et les goumiers de deux groupes de tabors marocains. La bataille de la Moder s’acheva par deux jours de combats sanglants contre l’ultime résistance allemande.
Finalement, le cauchemar se termina le 16 mars 1945. Encore une fois, les duels d’artillerie avaient lourdement frappé l’agglomération (surtout dans sa partie nord). La ville, qui était sinistrée à plus d’un tiers, se trouvait dans un état lamentable et les victimes (civiles et militaires) étaient au nombre de 280[16].
Paul Kauss est élu maire en 1959. Préconisant un programme de redressement et d'innovation dans de nombreux domaines[16], il a de grands projets afin de diversifier le tissu industriel de la ville. Il a aussi des priorités dans les domaines de la construction, de l’aménagement urbain et de la scolarisation. Pour y arriver, Paul Kauss mis toute son énergie au service des intérêts de Bischwiller et des Bischwillerois. Il jouissait de la confiance générale de la population et il fut élu et réélu à la mairie mais aussi au conseil général et au Sénat[17]. En concertation avec le conseil municipal, des plans décennaux ont été élaborés et ils ont permis non seulement de mener une politique continue mais aussi d’élaborer des prospectives financières sur le long terme. "Ces plans représentaient un contrat moral entre la municipalité et les Bischwillerois"[18].
Au cours des 30 années de mandature, trois plans décennaux ont été élaborés et chacun a comporté un axe directeur.
Dans la logique de la mauvaise situation économique de la ville en 1959, la priorité était de diversifier et de développer les industries et les entreprises. En plus, il était nécessaire non seulement de créer des lotissements mais aussi de moderniser les réseaux de gaz et d'eau. Pour résumer, il fallait donner aux citoyens de Bischwiller la possibilité de travailler sur place, y trouver un logement décent et pouvoir compter sur une infrastructure digne d’une ville de 10 000 habitants[18].
Ces équipements étant mis en place (au moins dans les grandes lignes), un autre plan a été élaboré.
Le but était de mettre l’accent sur les équipements scolaires, sportifs et culturels. Le plus important était de construire un lycée technique car les entreprises susceptibles de s’installer à Bischwiller souhaitaient disposer d’une main-d’œuvre qualifiée. Malgré son coût élevé et la concurrence de la ville voisine de Haguenau, il fut réalisé dès 1965. Ensuite, la cité scolaire André-Maurois a été construite suivi d’un second collège (le collège du Saut-du-Lièvre). La Ville pouvait alors s’enorgueillir de consacrer en moyenne 25 à 30 % de son budget annuel à l’enseignement .
Au niveau des réalisations sportives et culturelles, on peut citer la mise en service de la piscine olympique en 1969 puis du stade omnisports. En 1978 ce fut l’inauguration d’un gymnase suivi quelques années plus tard de la construction d'une salle de spectacles (la Maison des associations et de la culture).
Il a différé des deux autres car il a substitué la notion de qualité à celle de quantité. Concrètement, l'objectif était de donner au centre-ville un aspect plus convivial, en créant des zones à circulation ralentie et des espaces verts.
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Les armes de Bischwiller se blasonnent ainsi : Ce blason est un rappel de la Vierge figurant sur la bannière de Strasbourg avant l'introduction de la Réforme, la ville et son château ayant un temps appartenu à l'évêque de Strasbourg[19]. |
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Bischwiller est située sur les lignes ferroviaires Strasbourg - Haguenau - Wissembourg et Strasbourg - Haguenau - Niederbronn-les-Bains du TER Alsace, permettant de gagner Strasbourg en une vingtaine de minutes et Haguenau en une dizaine de minutes, avec au minimum deux allers-retours par heure. En décembre 2022, Bischwiller sera desservie par le réseau express métropolitain de Strasbourg (REM).
3 lignes des bus RITMO desservent Bischwiller :
• 🟥 La ligne 1 prolongée jusqu’à Bischwiller à une fréquence de passage à la demi-heure. Elle dessert la zone commerciale de Taubenhof ainsi que Oberhoffen-sur-Moder. Elle permet d’accéder à plusieurs secteurs de la ville de Haguenau, notamment : le secteur de l’Aérodrome, le centre-ville, la gare et également de se rendre à Schweighouse-sur-Moder à la zone d’activité des Sablière puis au centre-ville.
La ligne 1 relie le Sud de Bischwiller (Bischwiller-Hannhofen) à Schweighouse-Rosenberg
• 🟪 La ligne 4 est prolongée jusqu’à Bischwiller-Gare. Avec une fréquence de passage toutes les demi-heures en heure de pointe et 1 passage par heure en heure creuse. Elle permet de se rendre au lycée André-Maurois, au lycée Goulden et à la gare. Elle dessert également Kaltenhouse et Marienthal.
La ligne 4 relie la Gare SNCF de Haguenau à Bischwiller-Gare
• 🟨 La ligne scolaire H permet de se rendre au lycée André-Maurois et au lycée Goulden de Bischwiller depuis Schirrhoffen, Schirrhein, Oberhoffen-sur-Moder, Kaltenhouse, Marienthal et Haguenau ainsi qu’à la Cité scolaire de Haguenau depuis Bischwiller.
Bischwiller est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[20],[21],[22]. Elle appartient à l'unité urbaine de Haguenau, une agglomération intra-départementale regroupant 6 communes[23] et 59 108 habitants en 2017, dont elle est une commune de la banlieue[24],[25].
Par ailleurs, la commune fait partie de l'aire d'attraction de Strasbourg (partie française) dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 268 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[26],[27].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (62,6 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (63,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (57 %), zones urbanisées (15,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (9 %), eaux continentales[Note 3] (6,2 %), zones agricoles hétérogènes (5,6 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (2,8 %), forêts (2,4 %), mines, décharges et chantiers (1,5 %)[28].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[29].
Bischwiller s'est développée autour de deux noyaux originels : le centre-ville actuel et le hameau de Hanhoffen. Le centre-ville de Bischwiller constitue un des plus anciens quartiers de l'actuelle cité. Cette zone urbaine s'est développée au sud du ruisseau Rothbaechel, non loin de son point de confluence avec la rivière Moder. Pour échapper aux crues de la Moder, les premières habitations ont été érigées vers le XIIe siècle sur une butte dénommée Luhberg. Une première Maison communale, incendiée et détruite en 1636, se dressait dans un îlot urbain triangulaire formé par les trois rues de la Couronne, de la Grange et de Rohrwiller[a 9]. Éloignée des premières habitations et située sur une autre butte, l'église paroissiale fut construite au nord du ruisseau Rothbaechel. Après la guerre de Trente Ans et l'arrivée de huguenots français à Bischwiller, la cité se développe vers l'ouest. Durant le XIXe siècle, Bischwiller s'étale vers le nord et le sud. Cette tendance se poursuit durant le XXe siècle. C'est ainsi que le hameau de Hanhoffen est entièrement intégré dans le tissu urbain bischwillerois avec la construction de logements ouvriers puis de lotissements (quartier Rebgarten).
En 2007, Bischwiller compte 4 508 logements dont 4 224 résidences principales, 282 logements vacants et 2 résidences secondaires. Sur cet ensemble, 2 405 sont des maisons (53,4 %) et 2 100 sont des appartements (46,6 %). Sur les 4 224 résidences principales, 37,8 % sont des cinq pièces ou plus ; 26,0 % sont des 4 pièces et 24,9 % sont des 3 pièces. Par rapport à son environnement proche, le parc bischwillerois des résidences principales est plus ancien. Ainsi, près de 40 % des résidences ont été construites avant 1949 à Bischwiller contre seulement 29 % au niveau au niveau régional.
Localité | Année 1968 | Année 1975 | Année 1982 | Année 1990 | Année 1999 | Année 2007 |
---|---|---|---|---|---|---|
Bischwiller | 2 612 | 3 140 | 3 457 | 3 629 | 4 105 | 4 508 |
Augmentation par rapport au recensement précédent | - | + 528 | + 317 | + 172 | + 476 | + 403 |
Période | Alsace | Bas-Rhin | Canton | Bischwiller |
---|---|---|---|---|
Avant 1949 | 29,3 % | 28,6 % | 26,5 % | 39,7 % |
1949-1974 | 30,1 % | 29,8 % | 27,8 % | 25,3 % |
1975-1989 | 21,4 % | 22,2 % | 22,4 % | 21,1 % |
1990-2004 | 19,2 % | 19,5 % | 23,3 % | 13,9 % |
Tête de liste | Liste | Premier tour | Second tour | Sièges | ||||
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Voix | % | Voix | % | CM | CC | |||
Jean-Lucien Netzer | DVD | 1 957 | 47,88 | 2 538 | 58,69 | 26 | 12 | |
Nicole Thomas née Schuler * | DVD | 1 870 | 45,75 | 1 786 | 41,30 | 7 | 3 | |
Halil Ceylan | SE | 260 | 6,36 | |||||
Inscrits | 6 840 | 100,00 | 6 840 | 100,00 | ||||
Abstentions | 2 612 | 38,19 | 2 416 | 35,32 | ||||
Votants | 4 228 | 61,81 | 4 424 | 64,68 | ||||
Blancs et nuls | 141 | 3,33 | 100 | 2,26 | ||||
Exprimés | 4 087 | 96,67 | 4 324 | 97,74 | ||||
* Liste du maire sortant |
Bischwiller est chef-lieu de canton et appartient à l'arrondissement de Haguenau.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
Louis Loeffler[32] | PCF | Mécanicien | ||
Les données manquantes sont à compléter. | ||||
Alfred Rinckenberger | ||||
Pierre Klein | ||||
Louis Loeffler[32] | PCF | Mécanicien | ||
Paul Kauss | UDR puis RPR | Expert-comptable Sénateur du Bas-Rhin (1977 → 1991) Conseiller général du canton de Bischwiller (1964 → 1991) | ||
[33] (décès) |
Jean-Luc Hirtler | RPR puis DVD | Cadre bancaire Président de la CC de Bischwiller et environs (? → 2006) | |
(décès) |
Robert Lieb | UMP | Représentant commercial retraité | |
Nicole Thomas | UMP | Enseignante Conseillère régionale d'Alsace (2010 → 2015) | ||
En cours (au 31 mai 2020) |
Jean-Lucien Netzer [34] Réélu pour le mandat 2020-2026 |
MoDem | Professeur agrégé | |
Les données manquantes sont à compléter. |
Évolution des charges de fonctionnement (en milliers d’€)[35] ![]() |
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L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[36],[Note 4]
En 2019, la commune comptait 12 746 habitants[Note 5], en augmentation de 0,22 % par rapport à 2013 (Bas-Rhin : +2,76 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
3 250 | 3 449 | 3 902 | 4 806 | 5 927 | 5 854 | 5 721 | 6 260 | 6 642 |
1856 | 1861 | 1866 | 1871 | 1875 | 1880 | 1885 | 1890 | 1895 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
7 676 | 8 780 | 9 911 | 9 220 | 7 102 | 6 827 | 6 815 | 7 014 | 7 304 |
1900 | 1905 | 1910 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
7 897 | 8 279 | 8 149 | 7 210 | 8 142 | 8 059 | 8 248 | 7 581 | 7 843 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2011 | 2016 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
8 198 | 8 780 | 9 653 | 10 612 | 10 969 | 11 596 | 12 830 | 12 598 | 12 561 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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12 746 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Bischwiller compte deux collèges, un lycée général et un lycée professionnel, tous trois situés en périphérie de la ville :
Ugo Mosselbach, héros du roman Monsieur La Souris de Georges Simenon est natif de Bischwiller et rêve de faire l'acquisition du presbytère désaffecté de la commune :
« — Qu'est-ce que je fais ? questionna le brigadier, embarrassé, en se tournant vers l'inspecteur.
Ce fut La Souris qui répondit :
— Vous me délivrez un reçu. Si dans un an et un jour personne n'a réclamé l'enveloppe, l'argent m'appartiendra et j'achèterai l'ancien presbytère de Bischwiller-sur-Moder... »
— Georges Simenon, Monsieur La Souris, 1937, in Œuvres complètes, tome 10, éditions Rencontre, Lausanne, éd. 1967, p. 140
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