Tulle (en occitan : Tula[1]) est une commune du centre Sud-Ouest de la France, préfecture du département de la Corrèze dans la région Nouvelle-Aquitaine. Les habitants de la ville sont appelés les Tullistes (ou Tullois).
Pour les articles homonymes, voir Tulle (homonymie).
Tulle | |
![]() L'hôtel de préfecture à Tulle. | |
![]() Blason |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Corrèze (préfecture) |
Arrondissement | Tulle (chef-lieu) |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Tulle Agglo (siège) |
Maire Mandat |
Bernard Combes 2020-2026 |
Code postal | 19000 |
Code commune | 19272 |
Démographie | |
Gentilé | Tullistes |
Population municipale |
14 812 hab. (2019 ![]() |
Densité | 606 hab./km2 |
Population agglomération |
21 880 hab. (2019) |
Géographie | |
Coordonnées | 45° 16′ 02″ nord, 1° 45′ 56″ est |
Altitude | 323 m Min. 185 m Max. 460 m |
Superficie | 24,44 km2 |
Type | Commune urbaine |
Unité urbaine | Tulle (ville-centre) |
Aire d'attraction | Tulle (commune-centre) |
Élections | |
Départementales | Canton de Tulle (bureau centralisateur) |
Législatives | Première circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | ville-tulle.fr |
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Surnommée « la ville aux sept collines », la cité a construit sa renommée sur le développement de son industrie et de son artisanat : elle est devenue l'un des centres de fabrication de la dentelle (avec son festival international), des armes (Manufacture d'armes) et de l'accordéon (Accordéons Maugein).
Étirée sur plus de trois kilomètres dans l'étroite et tortueuse vallée de la Corrèze, Tulle étage ses vieux quartiers au flanc des collines dominant la rivière, tandis qu'émerge, du cœur de la cité, l'élégant clocher de pierre de la cathédrale Notre-Dame.
Troisième ville du Limousin, derrière Limoges et Brive-la-Gaillarde, Tulle est située dans une partie très encaissée de la rivière Corrèze, à sa confluence avec plusieurs de ses affluents, la Solane et la Céronne en rive droite, et la Saint-Bonnette et la Montane en rive gauche[2]. Elle s'étire sur une bande très étroite, longue de plusieurs kilomètres du nord-est (près du stade) au sud-ouest (au-delà de la gare). Elle est située à la croisée de plusieurs voies de communication :
Point de rencontre entre le Sud-Ouest de la France et le Massif central, Tulle est l'ancienne capitale du Bas-Limousin[3], dont les limites correspondent approximativement à l'actuel département de la Corrèze.
La ville est située au nord de l'isoglosse du « cha/ca » et au sud de l'isoglosse du « ja/ga », dans une zone de transition progressive du dialecte occitan limousin (rencontré dès Seilhac) au dialecte languedocien (rencontré dès Nonards).
Naves | Gimel-les-Cascades | |
![]() |
Chanac-les-Mines | |
Chameyrat | Sainte-Fortunade | Laguenne |
Limoges | Clermont-Ferrand | Bordeaux | Toulouse | Montpellier | Lyon | Nantes | Paris | Marseille | Lille | Strasbourg |
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89 km | 143 km | 230 km | 237 km | 327 km | 336 km | 415 km | 478 km | 497 km | 694 km | 714 km |
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique altéré », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[4]. En 2020, la commune ressort du même type de climat dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s’agit d’une zone de transition entre le climat océanique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[5].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[6]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[8] complétée par des études régionales[9] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. La station météorologique de Météo-France installée sur la commune et mise en service en 1957 permet de connaître l'évolution des indicateurs météorologiques[10]. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
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Température minimale moyenne (°C) | 0,3 | 0,5 | 2,6 | 4,9 | 8,5 | 11,5 | 13,5 | 13,1 | 9,8 | 7,6 | 3,2 | 0,9 | 6,4 |
Température moyenne (°C) | 4,3 | 5,4 | 8,4 | 10,9 | 14,7 | 18 | 20,3 | 20 | 16,4 | 13 | 7,6 | 4,8 | 12 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,4 | 10,4 | 14,2 | 17 | 21 | 24,6 | 27 | 26,8 | 22,9 | 18,3 | 12 | 8,8 | 17,7 |
Record de froid (°C) date du record |
−21 18.01.1987 |
−16,1 06.02.12 |
−13 06.03.1971 |
−7 03.04.1970 |
−2,4 06.05.19 |
−0,5 07.06.1969 |
4,7 15.07.16 |
2 20.08.1972 |
0 14.09.1996 |
−5,4 25.10.03 |
−10 24.11.1998 |
−15,5 11.12.1967 |
−21 1987 |
Record de chaleur (°C) date du record |
18,1 25.01.16 |
25 27.02.19 |
27 30.03.21 |
30,1 30.04.05 |
34 16.05.1992 |
40 30.06.1957 |
40,3 23.07.19 |
40,5 12.08.03 |
35,5 03.09.05 |
30,6 02.10.11 |
25,8 08.11.15 |
20,2 19.12.15 |
40,5 2003 |
Précipitations (mm) | 111,5 | 95,3 | 94,6 | 111,2 | 107,6 | 84 | 79,8 | 78,2 | 101,1 | 120,5 | 122,8 | 123,3 | 1 229,9 |
Tulle est une commune urbaine[Note 3],[11]. Elle fait en effet partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[12],[13].
Elle appartient à l'unité urbaine de Tulle, une agglomération intra-départementale regroupant 6 communes[14] et 21 889 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[15],[16].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Tulle, dont elle est la commune-centre[Note 4]. Cette aire, qui regroupe 44 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[17],[18].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (42,3 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (46,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (28,5 %), zones urbanisées (24,2 %), zones agricoles hétérogènes (21,7 %), prairies (20,6 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,9 %)[19].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La gare de Tulle constituait jusqu'en 1970 un nœud ferroviaire local important comme :
Actuellement, la gare de Tulle est desservie par :
TuT' Agglo est le réseau de transport en commun de la Communauté d'agglomération Tulle Agglo qui dessert les 44 communes du territoire autour de 3 lignes urbaines et d'un service de transport à la demande.
Le nom de la localité est attesté sous les formes locum Tutela en 894, in Tutelensi ecclesia peu après, puis de Tuella en 1030 (dans cette dernière forme, le -t- intervocalique s'est déjà amuï).
Ce nom de lieu évoque le nom de la divinité romaine Tutela, chargée d'assurer la conservation, la protection du lieu[21][réf. non conforme] ; même si localement aucune trace de sa vénération n'a été retrouvée.
Les origines de la ville sont encore aujourd'hui sujettes à débat mais il semblerait que l'actuel puy Saint-Clair, un éperon rocheux aux pentes abruptes séparant la vallée de la Corrèze de celle de la Solane, ait constitué un emplacement idéal pour l'établissement d'un oppidum gaulois. Depuis longtemps, il semblerait que la ville ait été un carrefour important sur la route entre Armorique et Méditerranée et sur celle entre Aquitaine et Massif central qui toutes deux franchissaient la Corrèze par un gué en ce lieu.
Avec l'occupation romaine, le lieu aurait été aménagé en nécropole et un temple en l'honneur de Tutela[22], puissance divine romaine à laquelle on confiait la protection des personnes, des choses et surtout des lieux, aurait été bâti. C'est de cette déesse romaine, protectrice des voyageurs qui empruntaient le gué, que proviendrait le nom de la ville. Le temple de Tutela devait se trouver dans le quartier du Trech, dont le nom désigne la traversée d'une rivière. Le réel pôle urbain de la région se déplaça quelques kilomètres au nord, sur la commune de Naves et le site de Tintignac, devenu lieu de croisement entre les voies romaines reprenant les anciens itinéraires de l'époque celte.
L'époque mérovingienne aurait vu la christianisation de la ville et l'établissement de trois lieux de culte dédiés à saint Martin, saint Pierre et saint Julien. La ville n'entre officiellement dans l'Histoire qu'avec la transformation au VIIe siècle de l'église dédiée à saint Martin en un monastère sous l'impulsion de Calmine, déjà fondateur du monastère de Mozat en Auvergne. Autour des lieux de culte commencent à se grouper les habitants du pays et Tulle redevient un pôle urbain, un statut perdu depuis la conquête romaine.
La ville est pillée à plusieurs reprises par les Vikings, bien que située à plusieurs centaines de kilomètres de la mer, et c'est à l'occasion de l'un de ces saccages, en 846, que le premier monastère est détruit. Pour prévenir les habitants de la ville de l'arrivée des Vikings, un poste de surveillance est bâti sur un promontoire rocheux à Cornil, à quelques kilomètres en aval de la Corrèze. Le lieu était pourtant considéré comme sûr par beaucoup d'églises de la côte atlantique qui y avaient envoyé leurs reliques pour les préserver des pillages, notamment celles de saint Clair, de saint Lô ou de saint Baumard. Le monastère est par la suite reconstruit mais disparaît au XIe siècle. En 1989, des fouilles entreprises sous la nef de l'actuelle cathédrale ont permis de dégager les vestiges d'une absidiole datant de l'époque carolingienne ainsi qu'un portail polylobé d'influence mozarabe.
De nouvelles constructions sont entreprises pour l'abbaye, désormais dédiée à saint Martin et convertie à la règle bénédictine au XIe siècle. En visite à Tulle en 1095, le pape Urbain II lui accorde sa protection. La première pierre de la nouvelle abbatiale est posée en 1130 mais l'édifice n'est terminé que deux siècles plus tard. La flèche du XIIe siècle culmine à une hauteur de 75 mètres, faisant d'elle la plus haute du Limousin. En 2005, lors de la construction aux abords de la cathédrale, des fouilles ont permis la mise au jour du mur nord de l’église médiévale de Saint-Julien, la découverte d'un cimetière et de 3 sarcophages en granit datant du Haut Moyen Âge[23]. Par ailleurs, on peut toujours admirer le cloître gothique, le seul conservé en Limousin.
En 1317, le pape Jean XXII crée le diocèse de Tulle en détachant cinquante-deux paroisses du diocèse de Limoges et l'abbatiale devient cathédrale. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais prennent la ville en 1346 avant d'en être chassés un mois plus tard par le comte d'Armagnac, subissant coup sur coup deux sièges éprouvants au cours desquels les habitants sont réduits à la famine. En 1370, la ville prend le parti du roi de France, Charles V, ce qui lui vaut une exemption d'impôts et l'anoblissement de plusieurs familles bourgeoises. Mais en 1373, le duc de Lancastre se présente devant la ville et exige qu'on lui en ouvre les portes, et, en l'absence de quelconque commandement, c'est une assemblée représentative de la population qui est réunie et qui décide de s’exécuter pour se prémunir d'un nouveau saccage. Le pardon du roi de France pour cette trahison a lieu en 1375.
La peste noire touche la ville en 1348 et, le soir du , dans le désespoir, les autorités religieuses et de la ville décident d'organiser une procession derrière une statue de saint-Jean pour faire cesser ce qui était considéré comme un fléau divin. La peste cessant peu après, les Tullistes promirent de renouveler cette procession tous les ans, par une confrérie de pénitents gris la veille, et de pénitents blancs le jour anniversaire même[24] ; elle est encore aujourd'hui perpétuée et appelée « procession de la Lunade ».
Au début du XVe siècle, la ville est victime de ceux que l'on appelle les « routiers », des brigands comme Jean de La Roche qui incendia la ville en 1426 ou Rodrigue de Villandrando à qui la ville dut verser une forte rançon afin d'être épargnée en 1436. En 1430, l'évêque reconnaît le pouvoir de trente-quatre prud'hommes, aussi appelés « boniviri » et dotés de pouvoirs militaires et financiers mais qui s'occupaient en réalité des affaires de la communauté de façon officieuse depuis le XIIIe siècle. En 1443, Charles VII réunit à Tulle les États généraux du Bas-Limousin.
La ville est divisée entre l'Enclos, le quartier autour de l'abbatiale où résident les nobles, les bourgeois et les clercs, et la ville haute, où réside la plus grande partie de la population, autour du château, située sur le puy Saint-Clair et qui se caractérise, toujours aujourd'hui, par ses ruelles étroites et pentues, parfois en escaliers. Au XIVe siècle, plusieurs familles nobles (Saint-Martial de Puy-de-Val, Rodarel de Seilliac...) commencent à étendre la ville sur la rive gauche de la Corrèze, en face de la Cathédrale, dans le quartier de l'Alverge, sur la route de l'Auvergne. Le XVe siècle voit la ville s'étendre à l'extérieur de ses remparts, dans des faubourgs situés le long des routes vers l'Aquitaine et le Midi (la Barrière et le Pilou), vers Limoges et Paris (la Barussie, le Trech, le Fouret, la Rivière) et vers l'Auvergne (l'Alverge et le Canton).
L'abbaye est pratiquement désaffectée avec la sécularisation de 1514. L'évêque se fait construire un château et le réfectoire devient le siège du tribunal. En 1566, le roi Charles IX dote la ville d'une mairie et d'un consulat venant définitivement réduire le pouvoir de l'évêque.
Au cours des guerres de Religion, Tulle tient pour les catholiques ; la ville résiste une première fois aux huguenots en 1577, mais les troupes du vicomte de Turenne prennent une sanglante revanche en 1585. Ils mettent la ville à sac et la dévastent, après un assaut que le poète protestant Agrippa d'Aubigné a relaté.
Au XVIe siècle, les nobles et bourgeois de Tulle se livrent à une véritable compétition architecturale dont subsistent aujourd'hui des bâtiments aux façades finement ouvragées dans un style Renaissance comme l'hôtel de Lauthonye (1551), l'hôtel de Ventadour ou la maison Loyac aussi surnommée « maison de l'Abbé » et décrite par Prosper Mérimée en 1838. Au XVIe siècle, un collège fut créé et en 1620, l'enseignement fut confié aux Jésuites. En 1670, la ville fut dotée d'un hôpital général.
De nombreuses congrégations religieuses s'installent dans la ville, les Récollets (1601), les Clarisses (1605), les Feuillants (1615), les Ursulines (1618), les Bernardines (1622), les Visitandines et les Carmes (1644) ainsi que les Bénédictines en 1650. En 1705, la sœur Marcelline Pauper fonde à Tulle une maison de la congrégation des Sœurs de la Charité de Nevers, pour soulager la misère du peuple et apprendre à lire aux enfants.
À partir du XVIIe siècle, de nouvelles activités économiques apparaissent, les moulins sur la Corrèze et la Solane servant ainsi à produire du papier par exemple. L'artisanat de la dentelle se développe et le « poinct de Tulle » se développe jusqu'à voir sa renommée devenir mondiale, le tulle étant fréquemment utilisé pour les robes de mariées notamment. C'est aussi le début de l'industrie de l'armement à Tulle avec l'établissement d'une manufacture en 1691 résultant de la collaboration entre le maître-arquebusier Pauphile et le financier Fénis de Lacombe[25]. La fabrique d'armes à feu deviendra manufacture royale en 1777.
Les mutilations de la cathédrale et des bâtiments abbatiaux seront très importantes pendant la Révolution car, converties en manufacture d'armes, toutes les ferrures, y compris les fers de soutènement de la coupole, sont arrachés pour récupération, ce qui provoque l'effondrement de la coupole, du chevet, du transept et de la galerie nord du cloître en 1796. Le palais épiscopal, deux églises paroissiales et plusieurs chapelles dans les faubourgs sont détruites au cours de la Révolution. L'église est rouverte au culte en 1803 mais ne retrouvera son titre de cathédrale qu'en 1823 tandis que la coupole ne sera jamais reconstruite, la nef étant simplement close et l'espace dégagé servant à l'aménagement d'une promenade le long de la Corrèze sur l'actuel quai Edmond-Perrier.
Au cours du XIXe siècle, la physionomie de la ville de Tulle évolue beaucoup. Le quartier de Souilhac accueille la gare en 1871 et la ville est alors reliée au réseau national de chemin de fer via Brive-la-Gaillarde. En parallèle, ce quartier accueille de nouvelles industries, notamment la manufacture d'armes à feu. En 1886, celle-ci est nationalisée et s'installe dans le nouveau quartier de Souilhac, le long de la Céronne, une rivière qui lui fournira de l'électricité avec la construction d'une centrale hydroélectrique en 1888. À partir de 1917, les trains passant sur les voies toutes proches alimenteront la centrale thermique en charbon au niveau de l'actuel Centre socio-culturel. Jusqu'à 5 000 employés vont travailler à la "Manu'" comme on la surnomme alors. Véritable poumon économique de la ville, elle influe sur la composition sociale de la population tulliste qui se teinte d'une forte coloration ouvrière.
La jonction urbaine entre le quartier ouvrier de Souilhac et le quartier historique de la Cathédrale se fait par l'urbanisation de l'actuelle avenue Victor-Hugo. Comme dans beaucoup d'autres villes françaises inspirés par les rénovations du baron Haussmann à Paris, la fin du XIXe siècle voit la ville s'ouvrir avec notamment le percement de l'actuelle avenue du Général-de-Gaulle dans le quartier du Trech ou l'agrandissement de la place de la Cathédrale. Des travaux sont entrepris au même moment pour limiter les fréquentes inondations et assainir la ville en enfouissant la Solane[26] qui coulait jusqu'alors aux pieds des bâtisses. La ville se dote aussi de nouveaux bâtiments publics incombant à son rôle de préfecture et de principale ville du département avec par exemple la construction de la Mairie (ancien évêché), de la Préfecture, de l'Hôtel Marbot (ancien Grand Séminaire), du Palais de Justice, de la Poste, de la Halle-Gymnase (actuelle salle Latreille) et du Lycée Edmond-Perrier dont beaucoup dans un style Art nouveau. Achevé en 1899, le Théâtre est un monument d'Anatole de Baudot, la première réalisation de ce genre au monde en ciment armé[27]. À partir du début du XXe siècle, la ville commence à s'étendre sur les très escarpés versants de la vallée et l'urbanisation s'étend.
Tulle devient une ville de garnison à partir de 1841 où un régiment d'infanterie s'installe dans l'ancienne caserne située sur le Champ-de-Mars, à l'emplacement actuel de la Cité administrative, le long de la Corrèze. À la fin du XIXe siècle, la caserne de la Botte est construite et le couvent des Récollets est transformé en caserne. En 1912, le Grand Séminaire devient l'Hôtel Marbot (actuel Conseil général) et accueille en son sein l'École des Enfants de Troupe.
De 1917 à 1922, la ville de Tulle est le théâtre d'une dramatique affaire de mœurs sociales, dite Affaire du corbeau de Tulle, source d'inspiration en 1943 pour le film Le corbeau, de Henri-Georges Clouzot.
Grande terre de résistance, la Corrèze est victime depuis le début de l'année 1944 d'une sévère répression des autorités allemandes dont sont aussi victimes les civils. Le , les FTP dirigent une première attaque sur la ville au cours de laquelle les nazis abattent 18 garde-voies à la gare. Le , les SS de la division Das Reich commandée par le général Lammerding rentrent dans Tulle, libérée la veille par les FTP. Par rétorsion et pour terroriser la population d'une des « capitales du maquis », les SS procèdent à une rafle de 3 000 hommes dans la ville qu'ils réunissent dans la manufacture d'armes. Cent hommes sont désignés parmi les raflés, 99 d'entre eux sont ensuite pendus aux balcons de la ville. Les nazis désignent ensuite 149 autres hommes en vue d’être déportés : 101 vont en périr.
Lammerding, général responsable des deux massacres de Tulle et Oradour, n'a jamais été extradé en France par l’Allemagne, bien que condamné. Tous les 9 juin, une grande procession d'hommage est organisée entre la place de la Gare, puis celle de Souilhac — autour de laquelle furent pendus les otages — et le champ des Martyrs, la décharge sur la route de Brive où leurs corps furent jetés.
Après le putsch des généraux du 21 avril 1961, la prison de Tulle accueille dix-huit responsables militaires putschistes dont les quatre généraux instigateurs Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Maurice Challe, André Zeller, ceux-ci ayant tenté un coup d'État en réaction à la politique du président Charles de Gaulle et de son gouvernement sur l'Algérie française. Ont également été emprisonnés à Tulle, Hélie de Saint-Marc, Jean-Louis Nicot, Jacques Faure, Charles-Gilbert de la Chapelle, Georges Masselot et Pierre Guillaume. Salan, le dernier occupant, est amnistié le 15 juin 1968 par de Gaulle à la suite des événements de mai 68. Il semblerait que le choix de Tulle soit dû aux tendances républicaines, voire communistes de la population, et ce afin de compliquer l'implantation de filières d'évasion de l'OAS[28].
En la ville accueille l'annexe de École d'Enseignement Technique de l'Armée de Terre (EETAT). Au quartier Marbot sont formés les électromécaniciens et à la Bachellerie les comptables et mécaniciens monteurs. En , l'EETAT devient l’École Nationale Technique de l'Armée de Terre (ENTSOA). En 1984 l'annexe de Tulle ferme, elle est remplacée par l’École de gendarmerie de Tulle, implantée dans la caserne de la Bachellerie et qui accueille aujourd'hui environ 1 100 élèves gendarmes.
Aujourd'hui, Tulle, préfecture de la Corrèze et évêché, n'est plus le siège d'une manufacture d'armes. Jusque dans les années 1980, celle-ci avait été le premier employeur du Limousin mais l'entreprise publique Giat Industries, devenue Nexter, a opéré de multiples restructurations au cours des dernières décennies jusqu'à réduire le site historique de production de Tulle à 120 employés. Un musée des armes a été créé en 1979 par le personnel de la manufacture[29].
Depuis 1973, le centre-ville est doté d'une tour, la tour de la cité administrative, composée de 22 niveaux et d'une hauteur de 86 m (côté rivière).
En 1996, Tulle a accueilli l'arrivée d'une étape du Tour de France partie de Super-Besse (Puy-de-Dôme). Tulle avait déjà accueilli une arrivée d'étape du Tour en 1976 (étape Ste Foy la Grande - Tulle) remporté par le Français Hubert Mathis. Cette étape avait également vu l'abandon de Bernard Thévenet.
Le , le président nouvellement élu, François Hollande, maire de Tulle entre 2001 et 2008, prononça sur la place de la Cathédrale son premier discours en tant que président de la République française, attirant plusieurs milliers de personnes dont quelque 400 journalistes français et étrangers et plusieurs hélicoptères[30].
Les personnalités exerçant une fonction élective dont le mandat est en cours et en lien direct avec le territoire de Tulle sont les suivantes :
Élection | Territoire | Titre | Nom | Tendance politique | Début de mandat | Fin de mandat | |
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Municipales | Tulle | Maire de Tulle | Bernard Combes | PS | |||
Départementales | Canton de Tulle | Conseillers départementaux | Bernard Combes et Annick Taysse | PS | 2015 | 2021 | |
Législatives | Première circonscription de la Corrèze | Député | Christophe Jerretie | LaREM | |||
Régionales | Nouvelle-Aquitaine | Président du conseil régional | Alain Rousset | PS | 2021 | ||
Présidentielle | France | Président de la République | Emmanuel Macron | LaREM |
Scrutin | 1er tour | 2d tour | |||||||||||||||||||
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1er | % | 2e | % | 3e | % | 4e | % | 1er | % | 2e | % | 3e | % | ||||||||
Municipales 2014 | PS | 65,15 | DVD | 34,85 | Pas de 3e ni de 4e | Pas de 2d tour | |||||||||||||||
Européennes 2014[31] | PS | 33,72 | UMP | 18,04 | FN | 14,61 | FG | 10,40 | Tour unique | ||||||||||||
Départementales 2015[32] | PS | 49,85 | UMP | 26,16 | FN | 12,80 | DVG | 11,19 | PS | 64,22 | UMP | 35,78 | Pas de 3e | ||||||||
Régionales 2015[33] | PS | 39,76 | LR | 22,48 | FN | 15,77 | FG | 9,39 | PS | 57,22 | LR | 28,95 | FN | 13,83 | |||||||
Présidentielle 2017[34] | EM | 30,81 | LFI | 23,71 | LR | 14,10 | FN | 13,82 | EM | 77,93 | FN | 22,07 | Pas de 3e | ||||||||
Législatives 2017[35] | PS | 33,44 | LREM | 27,93 | LFI | 10,66 | LR | 9,65 | PS | 58,43 | LREM | 41,57 | Pas de 3e | ||||||||
Européennes 2019[36] | RN | 18,54 | LREM | 18,38 | PP-PS | 14,17 | EÉLV | 11,85 | Tour unique | ||||||||||||
Municipales 2020 | PS | 64,34 | DVD | 35,65 | Pas de 3e ni de 4e | Pas de 2d tour | |||||||||||||||
Présidentielle 2022 | LFI | 24,70 | LREM | 22,32 | RN | 18,98 | LR | 6,74 | LREM | 60,50 | RN | 39,50 | Pas de 3e |
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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18 août 1944 | 12 mai 1947 | Jules Lafue | Inspecteur des impôts | |
12 mai 1947 | 20 avril 1949 | Clément Chausson | PCF | Instituteur, député |
20 avril 1949 | 21 mars 1959 | Jean Massoulier | Radical | Avocat |
21 mars 1959 | 21 mars 1971 | Jean Montalat | SFIO[37] | Pharmacien Député |
21 mars 1971 | 24 mars 1977 | Georges Mouly | RPR | Professeur Sénateur |
24 mars 1977 | 19 juin 1995 | Jean Combasteil | PCF | Inspecteur de l'information et de l'orientation Député |
19 juin 1995 | 24 mars 2001 | Raymond-Max Aubert | RPR | Député Ministre |
24 mars 2001 | 17 mars 2008 | François Hollande | PS | Député Premier secrétaire du Parti socialiste Président de la République Française (2012-2017) |
17 mars 2008 | En cours | Bernard Combes[38] Réélu pour le mandat 2020-2026 |
PS puis DVG | Conseiller général |
Tulle fait partie de la communauté d'agglomération de Tulle, « Tulle Agglo », dont elle est le siège.
Tulle est le chef-lieu du département de la Corrèze[39] et abrite le siège du conseil général de la Corrèze[40] ainsi que la préfecture de la Corrèze.
Tulle était jusqu'en 2015 le chef-lieu de quatre cantons mais à partir du redécoupage effectif au , la ville de Tulle forme à elle seule un canton, le canton de Tulle, tandis que les communes composant les anciens cantons de Tulle-Campagne-Sud et Tulle-Campagne-Nord sont répartis entre le canton de Naves et le canton de Sainte-Fortunade.
Dans son palmarès 2020, le Conseil national de villes et villages fleuris a attribué deux fleurs à la commune[41].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[42],[Note 5]
En 2019, la commune comptait 14 812 habitants[Note 6], en augmentation de 3,41 % par rapport à 2013 (Corrèze : −0,29 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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9 662 | 9 362 | 9 153 | 8 097 | 8 689 | 9 700 | 9 669 | 10 769 | 11 895 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
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11 653 | 12 410 | 12 606 | 13 680 | 15 342 | 16 196 | 16 277 | 18 964 | 17 374 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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17 412 | 17 245 | 15 942 | 13 732 | 14 349 | 15 021 | 15 617 | 18 202 | 19 372 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2011 | 2016 |
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19 084 | 20 016 | 20 100 | 18 880 | 17 164 | 15 553 | 15 734 | 14 666 | 14 453 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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14 812 | - | - | - | - | - | - | - | - |
La commune est la deuxième ville la plus peuplée du département, derrière Brive-la-Gaillarde bien que celle-ci ne soit que sous-préfecture : la population de Brive était inférieure à celle de Tulle au moment de la constitution des départements (5 847 à Brive en 1793 contre 9 662 habitants à Tulle). Le pic de population a été atteint en 1975, avec 20 100 habitants. Depuis la fin des années 1970 la population décline avec une stabilisation autour des 15 000 habitants depuis la fin des années 1990.
L'économie industrielle et artisanale tulliste est en déclin depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, notamment sous l'effet du processus de désindustrialisation. Malgré tout, certaines activités perdurent :
Tulle est le siège de la chambre de commerce et d'industrie de Tulle et Ussel et du service de l'emploi pénitentiaire (chargé de gérer le compte de commerce et les ateliers de la Régie industrielle des établissements pénitentiaires). La CCI gère l’aérodrome d’Ussel-Thalamy, la zone industrielle de Tulle-Est et la Maison du pôle interrégional bois.
Tulle est également le siège de la chambre de métiers et de l'artisanat de la Corrèze laquelle fédère environ 6 200 artisans, en 2013.
En 2018, le montant total des dettes dues par la commune de Tulle était de 21,7 millions d'euros après un pic à 30,7 millions d'euros en 2009 du fait des conséquences de la crise financière de 2007-2010. Sa capacité de désendettement est évaluée à 6,8 ans en 2018, en forte diminution depuis 2007 où elle était estimée à 14,9 ans[51].
Créé à Tulle dès 1819 en tant que musée départemental, le musée de Tulle est fondé officiellement en 1893 par Émile Fage, président de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze. Situé au cœur de la cité médiévale, le musée, devenu municipal depuis 1904, abritait des collections variées reflétant la vie, les passions, les découvertes et l'histoire des Tullistes et de leur région. Dénommé depuis mars 2005 « Musée du Cloître de Tulle André-Mazeyrie », il occupe une partie des bâtiments de l’antique abbaye Saint-Martin-et-Saint-Michel. Aujourd'hui le musée du Cloître propose une programmation d'expositions temporaires.
La cathédrale actuelle, place Monseigneur Bertheaud, a été construite à partir du XIIIe siècle, à l’emplacement d’une abbaye mérovingienne dont les titulaires avaient acquis la dignité épiscopale. Les retards pris dans la réalisation de l'édifice firent évoluer les plans par rapport à ceux initialement prévus, passant du plan classique bénédictin et du style roman au style gothique. Le cloître du XIIIe siècle abrite aujourd'hui le musée du Cloître de Tulle André-Mazeyrie. On peut y voir une collection de taques de cheminée (XVIe – XVIIIe siècle) et une exposition de sculptures d'art religieux ou populaire sur bois, d'armes à feu, de faïences et de porcelaines.
En 1907, la ville accueille le 100e régiment d'infanterie, auparavant en garnison à Narbonne et déplacé à cause de son soutien à la révolte des vignerons du Languedoc[70].
Tulle possède un Palais de Justice (situé au 9 quai Gabriel Péri) et une maison d'arrêt (rue Souham) connue pour avoir reçu de 1961 à 1968 les généraux impliqués dans le putsch des généraux de la guerre d'Algérie.
Depuis le début des années 2000, plusieurs équipements sportifs ont été créés ou réhabilités. Le gymnase Victor-Hugo et la plaine de jeux ont été restaurés en 2002, un skatepark a été créé en , et un centre aquarécréatif ainsi qu'un boulodrome couvert ont été ouverts en 2003.
En 2008, Tulle est candidate au challenge de la ville la plus sportive de France[82]. Le 24 juin, elle a été désignée première ex-æquo avec Tignes[83].
Le Sporting club tulliste[84], club de rugby à XV fondé en 1904, demeure emblématique dans le paysage sportif tulliste. Le SCT a évolué pendant 42 années consécutives en Première Division et a compté parmi ses rangs plusieurs internationaux tels que Michel Yachvili, Jean-Claude Berejnoï, Roger Fite et Jean-Pierre Fauvel. Le SCT réalise l'exploit, durant les matchs de poules du championnat de France 1965/1966 de gagner tous les matchs sur son terrain mais surtout de ne laisser marquer aucun point à ses adversaires.
En 1980, le SCT parvient aux 1/4 de finale du championnat de France de 1re division et joue contre le CA Brive (distant de 30 km à peine) à Clermont Ferrand. Le score est de 19-19 à la fin du temps réglementaire pour les deux clubs corréziens ! Brive l'emportera finalement 22-19 après prolongations grâce à un drop de son ouvreur J.-F. Thiot.
Le SCT est également à l'origine du Challenge de l'Espérance, compétition lancée en 1955.
De nombreux autres clubs constellent le paysage sportif tulliste, parmi lesquels :
Un timbre postal, d'une valeur de 0,50 euro, représentant la cathédrale de Tulle a été émis le 21 juin 2003[96].
En , un nouveau timbre postal d'une valeur de 0,66 € a été émis à l'occasion du 70e anniversaire du massacre par les SS, de 99 victimes par pendaison le .
En 2007, la construction d’une médiathèque est décidée pour 9 millions d’euros[97], somme à laquelle il faut ajouter des dépenses annuelles d’exploitation de 21 personnes[98]. Elle porte le nom d'Eric Rohmer, réalisateur né à Tulle.
Il y a deux émetteurs TNT sur Tulle, afin de couvrir correctement la ville[108] :
En a été diffusé pour la 1re fois un épisode de la collection Meurtres à... intitulé Meurtres en Corrèze dont l'action se situe notamment à Tulle, avec la procession de la Lunade en toile de fond.