Saint-Père, anciennement dénommée Saint-Père-sous-Vézelay, est une commune du département de l'Yonne, dans la région Bourgogne-Franche-Comté, en France. Elle est labellisée Cité de Caractère de Bourgogne Franche-Comté depuis 2019.
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Saint-Père | |
![]() Saint-Père, vue générale | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
Département | Yonne |
Arrondissement | Avallon |
Intercommunalité | Communauté de communes Avallon - Vézelay - Morvan |
Maire Mandat |
Christian Guyot 2020-2026 |
Code postal | 89450 |
Code commune | 89364 |
Démographie | |
Gentilé | Saint-Pérais |
Population municipale |
295 hab. (2019 ![]() |
Densité | 19 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 27′ 34″ nord, 3° 45′ 55″ est |
Altitude | Min. 142 m Max. 359 m |
Superficie | 15,28 km2 |
Type | Commune rurale |
Aire d'attraction | Avallon (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Joux-la-Ville |
Législatives | Deuxième circonscription |
Localisation | |
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Saint-Père est traversé par la Cure, affluent de l'Yonne et rivière de première catégorie (dit « rivière à truite »). Le village se trouve dans un « creux » cerné de toute part de lieux d'altitude (Vézelay, le Terria, Vignes et Avallon). Deux autres villages se trouvent sur la commune : Fontette et Nanchèvre.
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Asquins | Domecy-sur-le-Vault | ![]() | |
Vézelay | N | Tharoiseau | ||
O Saint-Père E | ||||
S | ||||
Foissy-lès-Vézelay | Menades Pierre-Perthuis |
Saint-Père est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[1],[2],[3].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Avallon, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 74 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[4],[5].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (77,4 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (77,4 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : prairies (44 %), terres arables (23,9 %), forêts (15,9 %), zones agricoles hétérogènes (6,8 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (4,7 %), cultures permanentes (2,7 %), zones urbanisées (2 %)[6].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[7].
Établi de très longue date, Saint-Père est situé près du gué de l'ancienne voie menant d'Autun à Auxerre par Quarré-les-Tombes[8].
Vers 6000 av. J.-C., des Hommes s'installent sur le site de Saint-Père car la terre y est fertile et l'eau proche[9]. De cette époque, les fouilles archéologiques ont mis au jour un caillebotis constitué de galets brisés et des silex taillés[10].
En 1933, un puits vertical cylindrique de 1,5 m de diamètre environ, est partiellement démoli lors de l'extraction de sable. Ce puits, creusé dans le sable, avait ensuite été comblé avec de l'argile ; il n'y avait pas de boisements d'étayage[8].
Tentant de dégager le puits d'argile en 1938 ou 1939, René Louis et Robert Dauvergne sont arrêtés à 4 m de profondeur par des infiltrations d'eau.
Les Fontaines salées, au sud-est de Saint-Père-sous-Vézelay et proches de la Cure, s'appelaient anciennement le puits de sel[8]. Elles ont été utilisées dès 2300 ou 2200. C'est l'âge des seize chênes évidés qui ont servi à fabriquer des puits de captage des eaux, et qui sont dans un très bon état de conservation. La grosseur de ces arbres laisse supposer qu'ils ont été conservés sur plusieurs générations avant d'avoir été abattus pour cet usage, un travail collectif mené à bien à l'aide de haches en cuivre ou en bronze. Deux techniques différentes ont été mises en œuvre pour ce faire, par deux groupes différents. Abandonné après l'âge du bronze ancien, les puits ont été comblés par les alluvions des crues de la Cure. Ensuite, certains puits ont été réutilisés à la fin de l'âge de bronze - peut-être pour abreuver du bétail. Il faut attendre l'âge du fer pour y voir une production de sel par le feu[11].
Au lieu-dit le Poron, anciennement le Perron, une défense de mammouth a été trouvée en 1930 dans une sablière exploitée, à 1 m de profondeur[8]. Des ossements et fragments de poterie sombre se trouvaient dans la couche de terre recouvrant le sable, aux environs proches de la carrière de sable. En 1934 une imbrex gallo-romaine intacte est mise au jour ; puis à une profondeur variant de 50 cm à 60 cm, une sépulture en 1937, une en 1938 et, à la suite des premières fouilles de René Louis et Robert Dauvergne, trois autres en 1939. Ces cinq sépultures trouvées paraissent former trois rangs avec des espacements de 2 m entre chaque sépulture, et vraisemblablement il s'agit d'un « champ d'urnes » avec de nombreuses autres sépultures.
Outre les restes d'ossements humains, la deuxième urne funéraire trouvée entière contenait une autre urne de même modèle mais assez petite pour passer par le col de la grande urne, ainsi qu'un bol, deux bracelets de bronze, et une pointe de flèche néolithique en silex avec pédoncule et barbelures, craquelée comme après un passage dans le feu[N 1].
Ces « champs d'urnes » sont bien connus en Bohême, Allemagne du Sud, Rhénanie, Bavière, Suisse et Italie du nord. Ils sont datés de la période entre l'âge du Bronze et l'âge du fer (bronze final III[N 2]) et correspondent à un peuple probablement originaire de Hongrie et de Lusace, où la culture des urnes a remplacé celle des tumulus vers 1200 à 1000 av. J.-C.. Puis, ce peuple s'est étendu entre 1000 et 800 av. J.-C. en Allemagne du sud et la Haute vallée du Rhin, ensuite en Bavière, Suisse et Italie du nord. Les urnes globuleuses à haut col remplacent alors celles bicôniques (carénées) à col court et évasé. Selon Bosch Gimpera, un groupe de ce peuple, parti de Bavière, Wurtemberg et Bâle, serait passé par la trouée de Belfort pour arriver au centre de la France (champs d'urnes de Pougues-les-Eaux - aussi une station thermale - dans la Nièvre, de Dompierre-sur-Besbre dans l'Allier) ; et aurait ensuite contourné les Cévennes par l'ouest pour arriver dans le Tarn (nombreuses nécropoles vers Saint-Sulpice-la-Pointe), la plaine de Toulouse et les Pyrénées. Un autre groupe du même peuple, passant par le plateau suisse et la vallée du Rhône où il aurait remplacé la civilisation palafitte, aurait suivi le bord de la Méditerranée pour peupler le Roussillon et le Narbonnais. Une autre nécropole découverte en 1935 à Granges près de Chalon-sur-Saône viendrait appuyer cette hypothèse. Les quatre champs d'urnes du centre de la France connus fin XIXe siècle sont tous localisés dans des bancs de sable (en sus de nombreuses autres ressemblances)[12].
Le matériel céramique et métallique retrouvé entre le village et la chapelle Saint-Jean-Baptiste indique une fréquentation importante depuis la Tène finale jusqu'au Ve siècle[13].
En 1935-1936, un mur de 80 mètres est découvert le long de la chapelle, des thermes gallo-romains avec plusieurs sanctuaires de source, et d'anciens captages néolithiques sont reconnus. Plusieurs exploitations de fer étaient présentes dans les environs proches et une activité commerciale s'était donc établie[8],[14],[15]. Charles Beyney a également trouvé au lieu-dit Corvée St-Jean près de la Brèche, des pièces romaines, céramiques, tuiles romaines, pilette d’hypocauste, verre, un fût de colonne de 67 cm de diamètre (maintenant au musée de St-Père sauf les murs et le fût de colonne). Des photos aériennes[16] indiquent un grand domaine rural, appelé Vercellacus à partir du IVe siècle (du nom de son propriétaire), transmis en tant que villa carolingienne[17].
Au Ier siècle, un propriétaire terrien dénommé Vercellus s'installe probablement à l'emplacement de l'actuel porche de Notre-Dame de Saint-Père. De cette ancienne demeure, des vestiges archéologiques comme les fondations de la maison, une tête d'Aphrodite en marbre blanc et des fragments de colonnes[18],[19].
Des ruines de la chapelle Saint-Jean-Baptiste datant du IVe siècle ont été explorées par l'abbé Pissier au début du XXe siècle.
La Geste des évêques d’Auxerre donne le nom "Vidiliacus" lors du don de Domecy avec Vézelay par Aunaire à Saint-Germain en 590 (« cum Vidiliaco »)[20]. Ce nom s'est transmis vers la colline de Vézelay. Par ailleurs on a découvert en 2012 un mur carolingien sous le cloître de Vézelay[21]. Des sarcophages mérovingiens ont été retrouvés dans le sous-sol de l'église Saint-Pierre, et sous l'un d'eux un sarcophage plus ancien[22].
En 858 un monastère a été fondé par Girart comte de Vienne. Installé sur la colline, on ne sait pas s'il occupait dans ses débuts le site de l'église actuelle[21], mais il y a continuité d'occupation du site entre l'Antiquité et le Moyen Âge, comme l'ont démontré des fouilles réalisées dans le sous-sol de l'église Saint-Pierre[22]. Les historiens situent sur son territoire la bataille dite de Vaubeton entre les troupes de Charles le Chauve et celles de Girard de Roussillon[23],[24].
Le bourg fut appelé « Val-en-Sel » pendant deux ans après la Révolution[25], bien que les sources en usage aient été volontairement comblées en 1767 pour empêcher la production locale de sel.
Au XVIIIe siècle le ru du Val de Poirier (« des Perriers ») a été détourné à l'aide d'une digue pour établir un jardin. Il avait auparavant alimenté en eau le domaine gallo-romain puis les fossés moyenâgeux[21].
Le village d'aujourd'hui est construit sur la partie habitat du domaine gallo-romain, avec l'église Notre-Dame près de l'ancien hypocauste.
Le village est connu pour son restaurant gastronomique "L'Espérance" fondé en 1972 par le chef Marc Meneau.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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avant 2006 | en cours | Christian Guyot[26] | PS | ex-instituteur |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[27]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[28].
En 2019, la commune comptait 295 habitants[Note 3], en diminution de 11,94 % par rapport à 2013 (Yonne : −1,69 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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1 385 | 1 246 | 1 356 | 1 401 | 1 476 | 1 539 | 1 038 | 1 072 | 1 112 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 088 | 1 069 | 1 073 | 1 023 | 1 018 | 1 001 | 987 | 951 | 906 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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870 | 836 | 770 | 587 | 602 | 563 | 538 | 492 | 432 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2004 | 2006 | 2009 |
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377 | 402 | 348 | 356 | 348 | 385 | 380 | 385 | 370 |
2014 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
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320 | 295 | - | - | - | - | - | - | - |
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