Barfleur (prononcé [baʁflœʁ], localement [baʁflœː]/[baʁfjø:]) est une commune française, située dans le nord-est du département de la Manche en région Normandie, peuplée de 559 habitants[Note 1].
Cet article possède un paronyme, voir Harfleur.
Barfleur | |
![]() Le port de Barfleur à marée basse. | |
![]() Blason |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération du Cotentin |
Maire Mandat |
Michel Mauger 2020-2026 |
Code postal | 50760 |
Code commune | 50030 |
Démographie | |
Gentilé | Barfleurais ou Barflotais |
Population municipale |
559 hab. (2019 ![]() |
Densité | 932 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 40′ 13″ nord, 1° 15′ 53″ ouest |
Altitude | Min. 2 m Max. 8 m |
Superficie | 0,60 km2 |
Type | Commune rurale et littorale |
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton du Val-de-Saire |
Législatives | Quatrième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.barfleur.fr |
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Avec un territoire ne couvrant que 60 hectares, elle est la plus petite commune du département de la Manche.
Barfleur est aujourd'hui gratifiée du label « Les plus beaux villages de France », décerné par une association indépendante éponyme, visant à promouvoir les atouts touristiques de petites communes françaises riches d'un patrimoine de qualité.
La commune est située sur la côte du Val de Saire, à quelques kilomètres au sud de la pointe de Barfleur qui marque l'extrémité nord-est du Cotentin (mais qui se trouve sur la commune de Gatteville-le-Phare).
Barfleur est entourée au sud par la commune de Montfarville, au nord-ouest par la commune de Gatteville-le-Phare et baignée à l'est par la Manche.
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[1]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[2].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[5] complétée par des études régionales[6] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Gonneville », sur la commune de Gonneville-Le Theil, mise en service en 1959[7] et qui se trouve à 16 km à vol d'oiseau[8],[Note 5], où la température moyenne annuelle est de 10,7 °C et la hauteur de précipitations de 919,7 mm pour la période 1981-2010[9].
Sur la station météorologique historique la plus proche, « Caen-Carpiquet », sur la commune de Carpiquet, dans le département du Calvados, mise en service en 1945 et à 80 km[10], la température moyenne annuelle évolue de 10,9 °C pour la période 1971-2000[11], à 11,2 °C pour 1981-2010[12], puis à 11,5 °C pour 1991-2020[13].
Au sud de la commune se trouve la ZNIEFF du Pré Saumâtre[14]. La zone de 4,34 ha est caractérisée par la présence d'espèces protégées comme le Polypogon de Montpellier ou la Rousserolle effarvatte.
Au large de la commune, le site Natura 2000 Récifs et marais arrière-littoraux du Cap Lévi à la Pointe de Saire a été classé zone spéciale de conservation le . La pointe de Barfleur étant un lieu de passage de mammifères marins, des observations de certaines espèces de mammifères marins d'intérêt communautaire comme le Grand Dauphin ou le Marsouin commun ont été déclarées[15].
Ouverte le , la ligne de Valognes Montebourg à Saint-Vaast et à Barfleur assurait une liaison ferroviaire entre Valognes et Barfleur jusqu'en 1950.
De 1911 à 1950, une ligne ferroviaire de 31,4 km reliait les localités de Barfleur et de Cherbourg. La gare de Barfleur était située au sud du port, dans le quartier actuel de la Cité.
Barfleur est aujourd'hui desservie par la ligne Manéo no 13, mise en place par le conseil départemental de la Manche (ligne Barfleur - Valognes)[16]. Valognes elle-même est desservie par la ligne SNCF Paris-Caen-Cherbourg.
Barfleur est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 6],[17],[18],[19].
La commune est en outre hors attraction des villes[20],[21].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[22]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[23],[24].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (65 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (58,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (65 %), terres arables (22,4 %), zones humides côtières (8,7 %), zones agricoles hétérogènes (3,9 %)[25].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[26].
Barfleur totalisait 618 logements (contre 426 en 1968) dont 288 résidences principales et 295 résidences secondaires en 2015[27]. Seulement 35 logements vacants ont été dénombrés en 2015[27].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Barbefloth, Barbeflueth en 1066-1077, Barbefluet au XIIe siècle, Barflue en 1127, Barefleu en 1146, Barbeflet en 1163, Barbeflo en 1175, 1198, Barflue en 1227, Barefleu en 1317 et par une transposition latine du XIe siècle Barbatum fluctum[28]. La forme française actuelle Barfleur apparaît pour la première fois au XVIe siècle dans une charte de François Ier[29]. Les chroniqueurs du Moyen Âge la nomme indifféremment : Barbefleu, Barbeflio, Barefluio et les latinistes : Barbefluvium ou Barofluctum[30].
Le r final, non étymologique, ne se prononce pas. Barfleur se dit donc « Barflleu » en normand, ce qui s'écrit en alphabet phonétique international (selon que l'on prononce le [l] ou pas : /baʁfljø:/ ou plus souvent /baʁfjø:/. Les Barfleurais s'appellent alors les « Barfllotais » (soit /baʁfjote:/).
Il s'agit d'une formation toponymique médiévale. La nature du second élément -fleur que l'on retrouve ailleurs en Normandie dans Honfleur, Harfleur, Fiquefleur, Vittefleur, Crémanfleur à Crémanville et la Gerfleur a donné lieu à diverses interprétations par les toponymistes. Il s'agit soit du norois floth (pour René Lepelley[31]), c'est-à-dire, selon les conventions graphiques du vieux norois translitéré, flóð « marée montante courant » sans doute à l'origine du mot français flot « marée montante, flux »[32]; du vieil anglais flod (pour François de Beaurepaire[28]) qui a donné l'anglais moderne flood « marée haute, inondation »; du vieux norrois fljot « crique » (pour Albert Dauzat et Charles Rostaing[33]), comprendre sans doute fljót « grande rivière, fleuve » qui convient mieux sémantiquement, dans la mesure où le sens de l'ancien normand fleu est bien établi dans un texte du XIIIe siècle qui mentionne le fleu de Lestre, c'est-à-dire « la rivière de Lestre » (cf. la Gerfleur, fleuve côtier du Cotentin).
Paradoxalement [?], ces derniers considèrent que l'élément -fleur dans Harfleur et dans Honfleur représente le vieil anglais flēot « eau qui coule, courant, rivière ». Cette explication a été reprise ultérieurement par Dominique Fournier pour expliquer Honfleur[34]. L'anglo-saxon flēot s'accorde tout aussi bien avec les mentions les plus anciennes du nom de Barfleur. En effet, l'élément -fleur est attesté dans des formes anciennes extrêmement variées -floth, -flueth, fluet ou encore flet, ce qui peut s'expliquer par la diphtongue instable du vieil anglais flēot. Toujours est-il que la rivière en question est la Planque et le nom de Barfleur a dû désigner cette rivière avant de s'appliquer à l'agglomération principale sur son cours[31], selon un processus fréquemment observé en Normandie (cf. Eu, Bolbec, Fécamp, Dieppe, etc.) et ailleurs.
Le premier élément Barbe- (dans les formes les plus anciennes) contracté en Bar- parait être le nom de personne Barbey, Barbay (ancien français Barbé « le Barbu », du gallo-roman BARBATU, latinisé en Barbatus dans les textes), essentiellement attesté en Normandie jusqu'au début du XXe siècle et que l'on retrouve dans Barbeville, lieu-dit à Barfleur, Barbeville (Calvados) et Barbetot à Épretot (Seine-Maritime)[28]. L'association avec -fleur ou -tot, la localisation dans l'aire de diffusion des toponymes norrois (y compris Barbeville) incitent à mettre en parallèle le nom de personne norrois Skeggi « le Barbu », attesté dans la région et rencontré par exemple dans Equiqueville, Ecuquetot (Seine-Maritime)[35], dont Barbé représenterait la transcription romane. En revanche, René Lepelley à la suite d’Albert Dauzat a émis l'hypothèse que le premier élément Barbe- pouvait représenter le norrois barmr « sein » (Dauzat lui donne le sens de « coin »), d'où « pointe, cap »[31]. Cette proposition est moins solide, car cet élément ne correspond pas aux formes anciennes, qui sont toutes en Barbe-, jamais en *Barm-[36]. De plus, la présence du lieu-dit Barbeville à Barfleur affaiblit encore cette interprétation, car les noms en -ville sont presque tous composés avec un nom de personne, les noms en -fleur également et ils ont souvent un doublet en -ville (ex. : Honnaville / Honfleur ou Crémanville / Crémanfleur)[36].
Le gentilé est Barfleurais ou Barflotais[37].
Les plaques de rue sont ornées d'un bar et d'une fleur, jeu de mot avec les deux syllabes du nom[38].
Abri naturel, le site a dû être utilisé dès la Préhistoire (découverte d'outillage en silex sur le site de Gatteville-Phare[41], et de silex taillés dans l'anse de la Bretonne) et à l'Antiquité par les marins et les commerçants locaux (commerce maritime notamment avec la Grande-Bretagne et ses mines de fer et d'étain)[42]. Le , un sieur Letertre en enfouissant un mouton découvre au village de la Bretonne, dans une pièce de terre nommée l'Epivent, deux milles médailles romaines datées du Haut-Empire. Les plus anciennes remontant à Vespasien (premier siècle de notre ère)[30]
Le port du Cotentin septentrional est sans doute ancien, mais on ne possède aucune trace de son nom antérieur. Le nom actuel n'est pas antérieur au IXe ou Xe siècle[Note 7]. Les plus anciennes attestations datent du XIe siècle. Geoffroy de Monmouth, dans le neuvième livre de son Historia regum Britanniae, fait partir le roi Arthur de Barfleur pour combattre les Romains chez les Allobroges. Peut-être a-t-il disposé de sources anciennes de la légende mentionnant le nom originel de Barfleur, sinon il aura donné cette localisation car ce port était à son époque le principal lien maritime entre le duché de Normandie et la Grande-Bretagne. Au VIe siècle, saint Romphaire fut jeté par une tempête sur le rocher de l'Islet, et demeura de longues années dans un lieu voisin de la ville. Saint Lô, l'évêque de Coutances, au vu de ses miracles selon la légende, l’appela pour lui conférer la prêtrise, mais les barfleurais demandèrent son retour, et il devint ainsi le premier curé de la cité[44].
Vers l'an mil, une flotte et une armée envoyée par le roi anglo-saxon Æthelred (c. 966-1016) qui avait déclaré la guerre à son beau-frère Richard II duc de Normandie, débarqua près de Barfleur « el rivage u Barbeflie siet[45]. », précisément sur les grèves qui s'étendent vers le sud jusqu'à l'embouchure de la Saire[46]. La population prit alors les armes en attendant l'arrivée des troupes de Néel de Saint-Sauveur, vicomte du Cotentin. Seulement un soldat anglais put s'échapper afin d'annoncer au roi sa défaite. Guillaume de Jumièges rapporte ses paroles « Nous nous sommes heurtés non seulement à de solides guerriers mais aussi à des femmes furieuses qui, avec des jougs qu'elles utilisent pour porter leurs cruches, défoncent le crâne de leurs adversaires les plus robustes »[44].
Vers 1042, c'est de Barfleur que s'embarqua Édouard le Confesseur pour se faire couronner roi d'Angleterre[47].
La bataille d'Hastings marque le début de la conquête de l'Angleterre par les Normands parmi lesquels figurent de nombreux Cotentinais et Avranchinais. Au bout de la jetée du port de Barfleur, scellé sur un rocher, un médaillon de bronze rappelle que Guillaume le Conquérant fit sur le Mora, une esnèque, piloté par un jeune Barfleurais, Étienne, fils d'Airard, la traversée[Note 8], débarquant à Pevensey dans le Sussex de l'Est, le . Un médaillon en bronze commémoratif, œuvre de la sculptrice Josette Hébert-Coëffin, a été scellé sur un rocher en 1966 pour le 900e anniversaire de cette bataille, à l'emplacement où aurait été construit le bateau selon la tradition locale[48]. Barfleur est alors aux mains du duc de Normandie qui est aussi roi d'Angleterre, jouant un rôle capital dans la transfretatio regis, le service de transport royal de la cour anglaise entre les deux rives de la Manche, aux XIe et XIIe siècles[49].
C'est encore à Barfleur qu'en 1105, Henri Beauclerc débarque afin de s'emparer de la Normandie au détriment de son frère Robert Courteheuse[50]. Cette première tentative ayant échoué, il revint l'année suivante, le Vendredi saint 1106[51], avec 40 000 hommes[52], avant de célébrer la fête de Pâques à Carentan[51]. C'est également du port, que les pèlerins anglais vers Compostelle, débarquaient et rembarquaient[53].
En , Henri Ier Beauclerc s'embarque pour rejoindre son domaine insulaire. Son fils, Guillaume Adelin, et de très nombreux hauts barons accompagnés de dames de haute naissance prennent place à bord de la Blanche-Nef, qui sombre au large de Barfleur, après s'être éventrée sur le rocher de Quillebeuf situé au nord[54]. Le port perdra peu à peu à la suite de cette catastrophe son statut d'embarcadère royale[55].
Le [56], Richard Cœur de Lion embarque à Barfleur pour rejoindre l'Angleterre et se faire couronner roi après son couronnement comme duc de Normandie à Rouen le . C'est à Barfleur, qu'en , après son retour en Angleterre le à la suite de sa captivité au retour de la troisième croisade, qu'il débarque[57],[Note 9] pour aller délivrer Verneuil assiégée par le roi de France. Son frère, Jean sans Terre y séjourne du au [58], puis entre le et de la même année, ce qui fait de Barfleur pendant la période ducale et ce jusqu'en 1204, date du rattachement de la Normandie au domaine royal français, le plus important port normand, une place forte et une ville prospère qui acquiert un commerce florissant et atteint une population de 10 000 habitants[59]. Sous le règne de Philippe IV le Bel (1285-1314) la ville compte plusieurs milliers d'habitants[60]. Après 1204, le port continu à jouer un rôle important, mais est concurrencer par celui de Cherbourg et Saint-Vaast-la-Hougue. En 1296, lors de la guerre d'Aquitaine, Barfleur ne fournit que deux navires de guerre, alors que La Hougue en fournit douze et Cherbourg neuf[61].
La guerre de Cent Ans, voit la ville pillée et incendiée à plusieurs reprises, précipitant son déclin. En 1346, Barfleur est brûlée et son port détruit par les troupes anglaises d'Édouard III et du Prince Noir, après leurs débarquements à Saint-Vaast-la-Hougue accompagnés par le seigneur de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Geoffroy d'Harcourt, ayant pris parti pour le roi d'Angleterre. Le vendredi , l'armée anglaise investit la ville pendant que la flotte bloque les passes du port. La population n'opposa alors qu'une faible résistance, se rendant par « doubtance de mort ». Après un pillage en règle, la bourgade et son église romane sont incendiées, les vaisseaux détruits[62]. Puis survint la peste noire ; la population passe de 9 000 à 150 habitants. Alors qu'elle comptait 1 800 feux avant la guerre, on en dénombre plus que trente au milieu du XVe siècle[63]. En 1405, la ville est ravagée pour la seconde fois par les Anglais.
En 1492, une flotte de quarante-cinq navires chargés de sel est brûlée devant Barfleur et en 1543, des navires anglais son défaits devant la place. En 1553, la population du bourg ne s’élève plus qu'à environ 150 habitants. Lors des guerres de Religion les ligueurs, menés par François de La Cour, en [64] s'empare de « la tour » Saint-Nicolas, qui leur échappe en [64] et qui la reprendront le dimanche de Pentecôte . Le [64], maréchal de Matignon reprend Barbleur et brûle la tour[65]. « La Tour de Barfleur fut prise et bruslée, dont la moitié de ceux de dedans furent bruslée, trois pendus et le reste mis à grosse rançon […]. ». Le nouveau gouverneur de la cité et lieutenant du Cotentin, Jacques de Sainte-Marie d'Agneaux, nommé le par François de Bourbon, duc de Montpellier, fait raser ce qui reste de l'ancienne église Saint-Nicolas et sur son emplacement fait édifier un fort « Un fort tout alentour de murailles, en faisant travailler tout le peuple avec impôts et boutait à rançon tous ceux qui lui faisaient déplaisir », suivant ce que Nicolas Ermisse, bourgeois de la ville, a noté sur son registre[66]. Cet ouvrage sera démantelé six ans plus tard, en trois semaines de à , sur ordre du maréchal de Matignon, lieutenant général du roi. Rendu inutile à la suite de la pacification de la Normandie, en 1597[67], Henri IV ordonne au maréchal la destruction des fortifications[68]. Les pierres provenant de la destruction du fort et de la tour serviront à la construction de l'église actuelle[66].
Au début du XVIIe siècle le bourg de Barfleur compte moins de 500 habitants[67], et à la fin de ce siècle et au début du XVIIIe siècle ce n'est qu'un port modeste.
Le a lieu la bataille de la Hougue ou bataille de Barfleur, lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg. L'amiral Tourville, qui commande la flotte française, repère la flotte anglo-néerlandaise au large de Barfleur et, conformément à ses ordres et malgré une infériorité numérique de deux contre un, l'attaque. Dans un premier temps, les Français résistent et tiennent les Anglo-Néerlandais en échec, leur infligeant la perte de navires contre aucun côté français. Toutefois, la côte normande ne dispose d'aucun port pouvant abriter la flotte à l'issue du combat et Tourville ordonne le repli vers les côtes bretonnes.
Cependant, la manœuvre est contrariée par la bascule des courants du raz de Barfleur, du raz du cap Lévi et du raz Blanchard, sur la côte nord du Cotentin. Trois navires s'échouent à Cherbourg, dont le navire-amiral de Tourville Soleil Royal. Douze vaisseaux doublent la pointe de Barfleur et mouillent, au soir du dans la rade de la Hougue. Sans défense terrestre, les navires sont détruits par les Anglo-Néerlandais les et .
Au XIXe siècle, Barfleur est une ville prospère grâce à la construction navale, le commerce de bois du nord, la pêche ou encore l'ostréiculture[69]. Paul Signac y séjourne de 1932 à 1935 (au no 4 de la rue Saint-Nicolas)[70].
En 1860, un second naufrage coûteux en vies humaines se produit sur ce même rocher de Quillebeuf, il s'agit de celui de la Luna, trois-mâts américain commandé par le capitaine John Schannon, parti du Havre le [71], et à destination de la Louisiane avec 18 hommes d'équipage et 85 passagers français et allemands. Sur un total de 103 personnes à bord, on dénombre 101 morts, seuls deux hommes d'équipage parvenant à rejoindre vivants la côte.
En 1865, c'est à Barfleur qu'est construite la 2e station de sauvetage en France, sur le modèle des stations britanniques, en raison du danger que représente le raz de Barfleur au large de la pointe homonyme. Cette année voit la renaissance de la cité avec l'inauguration d'un port de pêche[72].
Durant la Seconde Guerre mondiale, des digues en béton sont érigées au fond du port ainsi que le long de la Grande Grève[69]. Barfleur est libérée sans combat le par les troupes américaines. Le port sera par la suite utilisé pour débarquer du matériel et des vivres.
En 1964, la construction d'une centrale atomique sur la commune de Barfleur a été envisagée[73] par le haut commissaire à l'énergie atomique, Francis Perrin. À l'issue d'une concertation nationale réalisée en 1974, le site de Flamanville a été finalement retenu pour la construction d'une centrale nucléaire[74].
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Les armes de la commune de Barfleur se blasonnent ainsi : Ces armes sont une sorte de rébus correspondant au nom de la commune : bar - fleur. |
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Depuis 2015, Barfleur appartient au canton du Val-de-Saire du département de la Manche.
Depuis le , Barfleur est membre de la communauté d’agglomération du Cotentin.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1989[75] | mars 1998 | Jean Villette | ||
mars 1998 | mars 2008 | Jacques Houyvet | ||
mars 2008[76] | mars 2014 | Jean Deville | SE | Retraité de la DCNS |
mars 2014[77] | En cours | Michel Mauger | SE | Informaticien retraité |
Les données manquantes sont à compléter. |
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1800 | 1813 | Jean-Charles-François Ernisse | chevalier de la Légion d'honneur | |
1813 | 1816 | Pierre-François-Michel Salley | chevalier de la Légion d'honneur | |
juillet 1816 | 1819 | Jaques-François Hébert | ||
1819 | décédé le 1er mai 1825 | Pierre-Charles Jean-Pascal | chirurgien | |
juillet 1825 | 1832 | Jacques-Nicolas-François Cléret | ||
juin 1832 | 1848 | Pierre-François-Michel Salley | ||
septembre 1848 | 1856 | Charles-François Jean-Pascal | ||
1856 | 1879 | Louis-Victor Dalidan | docteur-médecin | |
mai 1879 | décédé le 9 mai 1880 | Eugène-Casimir-Victor Levaufre | ||
juin 1880 | 1882 | Arsène Magnen | chevalier de la Légion d'honneur, sous-commissaire de la Marine |
La commune est jumelée :
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[81]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[82].
En 2019, la commune comptait 559 habitants[Note 10], en diminution de 9,98 % par rapport à 2013 (Manche : −0,97 %, France hors Mayotte : +2,17 %). Entre 1804 et 1831, Montfarville inclus dans Barfleur.
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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896 | 899 | 2 553 | 2 674 | 2 675 | 1 158 | 1 185 | 1 195 | 1 271 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 279 | 1 304 | 1 253 | 1 218 | 1 070 | 1 005 | 1 065 | 1 135 | 1 189 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 210 | 1 274 | 1 238 | 1 116 | 1 100 | 1 069 | 1 065 | 977 | 907 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2005 | 2006 | 2010 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
847 | 837 | 703 | 619 | 599 | 642 | 650 | 644 | 643 |
2015 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
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579 | 559 | - | - | - | - | - | - | - |
Barfleur est située dans l'académie de Caen[85].
La commune possède une école maternelle et primaire privée Sainte-Marie-Madeleine[85],[86].
En 2015, les Barfleurais disposaient d'un revenu médian annuel de près de 17 581 €[27], inférieur au revenu médian annuel national qui s'élevait alors à 19 785 €.
Le tableau qui suit récapitule le nombre d'entreprises implantées en 2015 à Barfleur selon leur secteur d'activité et le nombre de leurs salariés[27]:
Total | % | 0 salarié | 1 à 9 salariés | 10 à 19 salariés | 20 à 49 salariés | 50 salariés ou plus | |
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Ensemble | 75 | 100 | 48 | 24 | 2 | 1 | 0 |
Agriculture, sylviculture et pêche | 8 | 10,7 | 5 | 3 | 0 | 0 | 0 |
Industrie | 4 | 5,3 | 2 | 2 | 0 | 0 | 0 |
Construction | 2 | 2,7 | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 |
Commerce, transports, services divers | 52 | 69,3 | 35 | 16 | 1 | 0 | 0 |
dont commerce et réparation automobile | 14 | 18,7 | 9 | 4 | 1 | 0 | 0 |
Administration publique, enseignement, santé, action sociale | 9 | 12,0 | 5 | 2 | 1 | 1 | 0 |
Champ : ensemble des activités. |
Barfleur est un port de pêche, notamment de moules de pleine mer. La « blonde de Barfleur » pêchée sur le banc de Barfleur, Montfarville, Réville et Ravenoville, est une moule sauvage exploitée par 64 navires dragueurs du Val de Saire basés pour l'essentiel à Barfleur et à Saint-Vaast-la-Hougue[87] et qui récoltent entre 2 000 et 9 000 tonnes selon les années[88]. Cette moule charnue[89] doit son nom aux reflets dorés de sa coquille[90].
Le centre de débarque du port est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de Cherbourg-Cotentin.
Au Moyen Âge, Barfleur était l'un des trois grands ports de la Normandie ; c'est aujourd'hui un petit port de pêche d'échouage typique, avec ses maisons barfleuraises du XVIe au XIXe siècle en granit gris et à toit de schiste, notamment rue Saint-Nicolas, rue des pêcheurs avec leurs maisons rythmées par des lucarnes à deux ou trois pans, avec souvent un crochet de levage pour mettre les filets de pêche à sécher.
La ville[Note 11] a conservé peu d'édifices datant du Moyen Âge et de la Renaissance, hormis un colombier du XVe siècle sur la digue de la grande grève, dernier vestige d'un manoir seigneurial entièrement détruit, et la cour Sainte-Catherine bordée de maisons des XIVe et XVe siècles. On accède à cette dernière par une porte cochère en arc surbaissé. Une fois à l'intérieur, on peut voir une porte à linteau surmonté d'une accolade, et une fenêtre à meneaux[55]. L'enceinte urbaine a disparu.
L'église Saint-Nicolas, inscrite aux monuments historiques, juchée sur un éperon rocheux au centre d'un cimetière marin, et de construction récente, le chœur et le transept datent du XVIIe siècle, la nef du XIXe siècle. Elle remplace une église romane du XIe siècle, édifiée sur un rocher nommé le Querqueux situé à l'entrée du port actuel, qui était à l'époque au milieu de la ville[Note 12]. Restauré et réédifié à plusieurs reprises, notamment après sa ruine en 1346 lors du débarquement du roi Édouard III d'Angleterre à la Hougue, puis par les Navarrais, l'édifice roman, construit en pierre de Caen, a été définitivement ruiné par les guerres de Religion et recouvert comme l'ancien port et une partie du bourg par la mer qui a rongé la côte[Note 13]. L'église est ornée de douze vitraux posés en 1892, réalisés par les ateliers Lorin de Chartres. Certaines verrières ont été restaurées en 1980 par l'atelier Bourget[91]. Dans le cimetière, accolé à l'église, on peut voir une croix ancienne également inscrite aux monuments historiques.
À noter également son ancien prieuré des Augustins du XVIIIe siècle et son jardin[Note 14], l'ancien hôtel de l'amirauté du XVIIIe siècle, ainsi que la chapelle de la Bretonne.
Au XIXe et XXe siècles, le port de Barfleur a été une source d'inspiration pour les peintres Paul Signac, Antoine Guillemet ou encore Albert Voisin[95].
En 1836, Victor Hugo s'arrête à Barfleur en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet et de Célestin Nanteuil[95] et adresse une lettre à sa femme datant du [96].
Jules Renard séjourna à Barfleur en puis d' à avec sa femme et son fils[97] pour rédiger L'Écornifleur[98].