Gatteville-le-Phare, ou Gatteville-Phare, (Gatteville jusqu'en 1947), est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 488 habitants[Note 1] (les Gattevillais).
Gatteville-le-Phare | |
Le phare de Gatteville. | |
Blason |
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Administration | |
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Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération du Cotentin |
Maire Mandat |
Christine Leonard 2020-2026 |
Code postal | 50760 |
Code commune | 50196 |
Démographie | |
Gentilé | Gattevillais |
Population municipale |
488 hab. (2019 ) |
Densité | 50 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 41′ 10″ nord, 1° 17′ 01″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 36 m |
Superficie | 9,70 km2 |
Type | Commune rurale et littorale |
Aire d'attraction | Cherbourg-en-Cotentin (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton du Val-de-Saire |
Législatives | Quatrième circonscription |
Localisation | |
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La commune est située sur la pointe de Barfleur, partie nord-est du Cotentin. Menacée par l'urbanisation, l'agriculture et le tourisme, la pointe est un site classé depuis 2003, sur 300 hectares, à cheval entre Gatteville-le-Phare et Vicq-sur-Mer (ancienne commune de Gouberville).
La commune partage également avec Vicq-sur-Mer (ancienne commune de Gouberville) et Neville-sur-Mer la zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de l'étang de Gattemare, dont les 67 hectares ont été acquis par le Conservatoire du littoral entre 1983 et 2006. Son territoire accueille aussi en partie une autre ZNIEFF, le marais littoral de Barfleur, sur 5 hectares.
Vicq-sur-Mer (Gouberville) | Mer de la Manche | Mer de la Manche |
Vicq-sur-Mer (Gouberville), Tocqueville |
Mer de la Manche | |
Tocqueville | Sainte-Geneviève, Montfarville | Barfleur |
Le phare de Gatteville est situé très exactement aux antipodes des îles Antipodes, en Nouvelle-Zélande, nommées ainsi par les Anglais parce qu'elles sont la terre émergée la plus proche des antipodes de Londres.
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[3]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[4].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[7] complétée par des études régionales[8] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Gonneville », sur la commune de Gonneville-Le Theil, mise en service en 1959[9] et qui se trouve à 15 km à vol d'oiseau[10],[Note 5], où la température moyenne annuelle est de 10,7 °C et la hauteur de précipitations de 919,7 mm pour la période 1981-2010[11]. Sur la station météorologique historique la plus proche[Note 6], « Cherbourg – Maupertus », sur la commune de Cherbourg-en-Cotentin, mise en service en 1935 et à 25 km[12], la température moyenne annuelle évolue de 10,4 °C pour la période 1971-2000[13] à 10,7 °C pour 1981-2010[14], puis à 11,1 °C pour 1991-2020[15].
Gatteville-le-Phare est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 7],[16],[17],[18].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Cherbourg-en-Cotentin, dont elle est une commune de la couronne[Note 8]. Cette aire, qui regroupe 77 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[19],[20].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[21]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[22],[23].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (88,1 % en 2018), néanmoins en diminution par rapport à 1990 (89,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (68,6 %), prairies (12,5 %), zones agricoles hétérogènes (7 %), zones urbanisées (4,5 %), zones humides intérieures (2,6 %), zones humides côtières (2,3 %), eaux continentales[Note 9] (2,2 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,5 %)[24].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[25].
Le nom de la localité est attesté sous la forme Gatevilla au XIIe siècle[26].
Il s'agit d'une formation toponymique médiévale en -ville au sens ancien de « domaine rural ». Il est précédé d’un anthroponyme selon le cas général. Ce nom de lieu n'est connu que par des formes anciennes à partir du XIIe siècle. Gatte- représenterait le nom de personne d'origine germanique Gatto, d'où le sens global de « domaine rural de Gatto »[26],[27],[28]. Ce même Gatto a donné son nom à l'étang de Gattemare, ce qui forme une paire toponymique avec un microtoponyme en -mare comme on en rencontre beaucoup en Normandie orientale mais peu dans la Manche, par exemple : Illeville / Illemare ; Hondouville / Hondemare ; Bretteville / Brettemare, etc.
Le nom officiel de la commune a été modifié en 1947 pour inclure la référence au phare de Gatteville, construit en 1834 sur sa côte, qui signale la pointe de Barfleur.
Remarque : Le raz de Barfleur a pour formes anciennes Cataras et ras de Cate, où Cata- Cate- représentent peut-être ce même nom Gatto ou Káti, anthroponyme vieux norrois que l'on rencontre dans les Catteville de Normandie cf. Catteville (Manche, Catevilla vers 1095). Il existe également un nom de personne scandinave Gaddi (vieux danois Gadde)[29].
Sur la commune on a découvert des rognons de silex témoin d'une occupation ancienne par l'homme[30], notamment à la plage et l'anse du Fligard, entre le port de Roubary et le phare, où le gisement préhistorique est rongé par la mer. Des outils néolithiques et des tessons gallo-romains ont été découvert dans les champs de la Houguette, hameau à l'ouest du bourg. À la Pointe de Crabec, on trouve les traces d'un cimetière mérovingien et la découverte d'une boucle de ceinture et d'un scramasaxe. Quant à la chapelle des marins, elle remplace un édifice plus ancien, autour duquel a été fouillé au nord de l'édifice un cimetière du VIIe siècle[31].
C'est probablement au large de la commune, que se brisa la Blanche-Nef, dans le courant de Cataras ou ras de Cate, c'est-à-dire aujourd'hui le raz de Barfleur[Note 10], causant la mort de la famille d'Henri Ier et d'une partie de la noblesse normande.
Le Jacques-François-Léonor Goyon de Matignon vend, pour la somme de 250 000 livres, la terre de Gatteville à messire Jean-Baptiste Hook, ancien capitaine au régiment de Fitz James, cavalerie irlandaise[32].
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Gatteville-le-Phare n'a pas de blason officiel[33]. Lui sont parfois attribuées les armes de la famille de Hennot, anciens seigneurs de Denneville, à Gatteville. Ces armes se blasonnent ainsi :
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Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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v. 1840 | ? | Louis-François Houet[34] | Cultivateur | |
juin 1995[35] | En cours | Christine Léonard[36] | SE | Hôtelier de plein air |
Le conseil municipal est composé de onze membres dont le maire et deux adjoints[36].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[37]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[38].
En 2019, la commune comptait 488 habitants[Note 11], en augmentation de 1,04 % par rapport à 2013 (Manche : −0,97 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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1 311 | 1 072 | 1 278 | 1 172 | 1 308 | 1 298 | 1 255 | 1 193 | 1 169 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
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1 093 | 1 043 | 1 038 | 975 | 935 | 930 | 875 | 894 | 911 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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1 026 | 1 065 | 900 | 849 | 826 | 797 | 791 | 686 | 602 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2011 | 2016 |
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612 | 591 | 535 | 532 | 556 | 561 | 516 | 486 | 492 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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488 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Le sémaphore, ancien phare, haut de 25 mètres, construit en 1774, et remplacé par un nouveau phare construit à seulement quelques mètres de 1829 à 1835, avec 11 000 blocs de granit. Le phare de Gatteville[41], est le deuxième phare le plus haut (75 mètres) de France après le phare de l'Île Vierge. Les guides amusent le public en disant qu'il possède 365 marches (une par jour de l'année), 52 fenêtres (une par semaine) et 12 paliers (un par mois) alors qu'il ne compte que 349 marches[42].
L'ancienne ligne de chemin de fer de Cherbourg à Barfleur, le « Tue-Vaques » passait à la gare de Gatteville aujourd'hui désaffectée, située au sud du bourg.
Plusieurs bâtiments sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques : la chapelle des Marins (chapelle de Bonsecours) du XIe siècle[43], avec son maître-autel en bois (XVIIIe siècle) classé à titre d'objet[44] ; l'église paroissiale Saint-Pierre du XVe siècle et son clocher roman du XIe siècle[45] avec également classé à titre d'objet, une statue de saint Martin[46], le tabernacle sculpté du XVe siècle[47], et une représentation de la Trinité du XVIe siècle[48] ; le manoir du Broc datant du XVIe siècle[49].
Le manoir d'Imbranville se situe également sur le territoire communal. Datant du XVe siècle, remanié en 1718 par l'adjonction d'une aile en retour, le manoir est occupé par l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale puis racheté par la ville d'Équeurdreville en 1953 pour le transformer en centre de vacances.
Le manoir des Tourelles du XVIIe siècle, s'ouvre par une belle porterie, avec une grande arche légèrement surbaissée et en arc en plein cintre pour la porte piétonne, accolée à une tour ronde aveugle et doté d'un montoir[50]. Quant au manoir de Durécu, il n'en subsiste que quelques vestiges perdues dans les broussailles.
On trouve également le manoir de l'Épine ou maison de Denneville de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle, ainsi qu'à la sortie sud-est du bourg, en direction de Barfleur, l'ancien manoir, siège de la seigneurie de Gatteville, et d'un premier château dont il ne reste aucune trace, et encore le manoir de Néhou avec une entrée double et de belles souches de cheminée du XVIIe siècle.
Le moulin à vent de Crabec, au sud-est du bourg, date du XVe siècle et aurait été détruit au XVIIe siècle par les Anglais qui l'auraient incendié lors de la bataille de la Hougue. Sa tour ronde, sauvegardée, aurait été peinte en blanc afin de servir d'amer pour les marins. Son toit et ses ailes ont été restitués au début du XXIe siècle[31].
Au nord du village se trouve la batterie de Gatteville, construite par les Allemands à partir de 1942[51] sous la référence STP 152. Elle se compose de quatre casemates équipées de canons d'origine française de 155 mm (155 mm K420) d'une portée de 20 km[52]. Aujourd'hui, elle se trouve dans une propriété privée.
Le littoral nord de la commune jusqu'au phare fait partie du site d'importance communautaire Caps et marais arrière-littoraux de la pointe de Barfleur au cap Lévi proposé au réseau Natura 2000, en raison de la diversité spécifique des habitats naturels (dunes, marais, étangs littoraux, falaises, rochers, galets, landes…)[53].
Gustave Jurczyszyn, résistant originaire de Gatteville, arrêté puis battu par la police de Cherbourg le [54], avant d'être livré à la Gestapo. Cette arrestation aura des conséquences tragiques : on découvrira que ce Français est membre d'un réseau et une quarantaine de personnes seront arrêtées, certains déportées. Dix ne reviendront jamais. Gustave Jurczyszyn est fusillé le à Saint-Lô[55]. Les policiers de Cherbourg et de Rouen, coupables de cette tragédie, n'ont jamais été inquiétés. On en tirera un livre, L'Affaire Jurczyszyn, publié en 2009.
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