Ventron ([vɛntʁɔ̃]Écouter) est une commune de moyenne montagne située dans le département des Vosges en région Grand Est. Elle fait partie de l'unité urbaine de la Bresse, de la communauté de communes des Hautes Vosges et se situe dans le Massif des Vosges.
La commune est située à 6 km de Cornimont dont elle partage le code postal, à 13 km du Thillot, à 30 km de Remiremont et 30 km de Thann. Le col du Page (957 m) permet de rejoindre Bussang par une route forestière. Ventron est aussi limitrophe de l'Alsace, relié à la vallée de la Thur par le col d'Oderen. Son point culminant est le Grand Ventron, à 1 204 m d'altitude, où le large panorama s'accompagne d'une table d'orientation. Le point le plus bas accuse 570 m, en direction de Travexin. Le ruisseau qui traverse le village est simplement nommé le Ventron[1], il est affluent gauche de la Moselotte.
Au pied du sommet du Haut du Rouge Gazon (1 108m) se trouve la station de ski de Frère-Joseph. De taille modeste, la station propose toutefois 11 pistes très variées dans un paysage resté authentique et sauvage[2].
C'est l'une des 201 communes[3] du parc naturel régional des Ballons des Vosges réparties sur quatre départements: les Vosges, le Haut-Rhin, le Territoire de Belfort et la Haute-Saône.
Sismicité
Commune située dans une zone de sismicité modérée[4].
La commune est située dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse[5],[Carte 1]. Elle est drainée par le ruisseau le Ventron[6], la goutte du Riant[7], le ruisseau des Vinterges[8], le ruisseau d'Oderen[9] et le ruisseau du Moulin de Ventron[10]
Le ruisseau le Ventron, d'une longueur totale de 11,4 km, prend sa source dans la commune et se jette dans la Moselotte à Cornimont[11].
La qualité des cours d’eau peut être consultée sur un site dédié géré par les agences de l’eau et l’Agence française pour la biodiversité[Carte 2].
Climat classé Cfb dans la classification de Köppen et Geiger[13].
Article détaillé: Climat des Vosges.
Urbanisme
Typologie
Ventron est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[14],[15],[16].
Elle appartient à l'unité urbaine de la Bresse, une agglomération intra-départementale regroupant 4 communes[17] et 10 603 habitants en 2019, dont elle est une commune de la banlieue[18],[19].
La commune est en outre hors attraction des villes[20],[21].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (84,1% en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (83,8%). La répartition détaillée en 2018 est la suivante:
forêts (72%), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (12,1%), zones agricoles hétérogènes (10,1%), prairies (4,5%), zones urbanisées (1,3%)[22].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes: la carte de Cassini (XVIIIesiècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[23].
La commune est couverte par un plan local d'urbanisme[24] dont la dernière procédure a été approuvée le 14 octobre 2020.
On trouve les formes anciennes suivantes au XVIesiècle: Winterau, Wynterau (dans un document datant de 1579), Winteraw pour le Grand Ventron en 1582, Wintheraw pour Ventron en 1594. Ensuite, la localité est attestée au XVIIIesiècle sous les formes Ventus rotundus en 1768, et Vennetron ou Ventron sur la carte de Cassini. La prononciation de Ventron est «Vèn-tron» (vɛntʁɔ̃).
La forme alémanique tardive Winterau s'interprète a priori comme un composé reposant sur les éléments Winter- signifiant «hiver» et -au «prairie, pré», d'où le sens global de «prairie, pré d'hiver». La forme moderne Ventron résulte d'un phénomène de francisation.
Cependant, les spécialistes ne tiennent pas compte de ces formes tardives qu'ils rejettent comme étant liées à l'étymologie populaire. Peut-être s'agit-il du nom de personne germanique Winther, suivi du suffixe -onem[26] mais le toponymiste François de Beaurepaire considère que les noms de personnes germaniques ne sont jamais suivis du suffixe -onem[27]. Il pourrait s'agir encore du nom de personne germanique Wineraus pris absolument et remplacé plus tard par le nom de personne germanique Wintro(n)[28].
Histoire
Les origines de Ventron remonteraient à l'époque des défrichements effectués après le Xesiècle par des pâtres venus du versant oriental et qui élevèrent des huttes et des étables d'hiver.
En 1571, M. d'Elley de Maillanne, seigneur de Ventron, affranchit les habitants du droit de mainmorte vis-à-vis des héritages immobiliers[29]. En 1617, Jean des Porcellets de Maillane, évêque et comte de Toul, seigneur de Ventron, étend cette dérogation aux biens meubles et immeubles. Il fait également ériger une chapelle sous l’invocation de saint Claude. Celle-ci est agrandie et convertie en église en 1730. Détruite, elle est remplacée en 1842 par l’église actuelle.
Ventron dépendait, jusqu’au début du XVIIIesiècle du bailliage des Vosges et du ban de Vagney. En 1751, la commune dépendait du bailliage de Remiremont et en 1790, du district de Remiremont et du canton de Cornimont.
L’ancienne mairie, sous le nom de corps de garde, date de 1790. En 1824, la commune achète un immeuble, qui abrite à la fois l’école mixte, la mairie et le presbytère. Pour remplacer la précédente tombée en ruine, une nouvelle mairie, comprenant une nouvelle école, un bureau de poste et télégraphe, est construite en 1880.
Au fil de son histoire, de par sa position stratégique au pied du col d'Oderen, frontière allemande jusque 1914, le village a connu et subi de nombreux conflits. Lors de la dernière guerre, en 1940, la crête secondaire qui passe par le Grand Ventron, le Felsach, le col d'Oderen est souvent citée comme un itinéraire privilégié par les soldats français qui fuyaient du nord vers la zone libre. À cette occasion, à la chaume du Grand Ventron, le chalet du club alpin français cachait, restaurait, habillait cette armée en fuite avec la complicité du village.
En , les troupes de libération s'infiltraient et prenaient position sur les sommets nord de la commune: Tomteux, Écharges. Les forces allemandes s'arc-boutaient sur le massif sud du col d'Oderen à la Ronde Brûche, entre les deux, dans la vallée, les habitants: hommes, femmes, enfants, pour échapper aux tirs dont ils étaient les objets, s'installèrent et organisèrent leur vie dans les caves des maisons sur la période qui couvre la mi- au . Les combattants des deux camps ne supportaient aucun mouvement dans la vallée, et les victimes civiles furent nombreuses qui sortaient imprudemment en pleine journée. Cette vie souterraine s'interrompit le par la déportation des hommes valides en Allemagne et par l'évacuation, le lendemain, des femmes, des enfants et des vieillards en zone libérée, à l'ouest du département des Vosges. Cette évacuation qui s'est déroulée sous les bombes, dans une tempête de neige, laissait à l'abandon, pour de longs mois, habitats, mobiliers, cheptels aux mains des occupants, des libérateurs, des trafiquants, mais elle mettait aussi en évidence la capacité d'entre-aide des communes de l'Ouest vosgien en faisant naître des amitiés jamais démenties: Tignécourt, Blevaincourt…
Au retour, au printemps 1945, toutes les familles du village étaient ruinées, les biens anéantis. Alors, Ventron s'est remis au travail.
Pour ces raisons, le , la commune de Ventron a été citée à la Croix de guerre avec étoile d'argent[30]:
«Petite commune de la montagne qui s'est trouvée pendant plusieurs semaines en pleine zone de combat. A payé un lourd tribut à la cause de la Liberté. Sa population a fait preuve d'un magnifique courage et du plus pur patriotisme.»
Ventron est jumelée avec Plounéventer, commune du Finistère, depuis le [34].
Population et société
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10000habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinqans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[35]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[36].
En 2019, la commune comptait 832 habitants[Note 2], en diminution de 5,78% par rapport à 2013 (Vosges: −2,86%, France hors Mayotte: +2,17%).
Évolution de la population [modifier]
1793
1800
1806
1821
1831
1836
1841
1846
1856
1 019
1 075
1 130
1 166
1 324
1 346
1 292
1 403
1 306
Évolution de la population [modifier], suite (1)
1861
1866
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
1 405
1 333
1 340
1 344
1 346
1 396
1 469
1 451
1 443
Évolution de la population [modifier], suite (2)
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1968
1 380
1 269
1 232
1 205
1 232
953
1 049
1 016
970
Évolution de la population [modifier], suite (3)
1975
1982
1990
1999
2004
2006
2009
2014
2019
915
970
900
979
930
928
926
857
832
De 1962 à 1999: population sans doubles comptes; pour les dates suivantes: population municipale. (Sources: Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[37] puis Insee à partir de 2006[38].)
Histogramme de l'évolution démographique
Sports
La station de sports d'hiver de Frère-Joseph, dont le domaine empiète sur la commune du Ménil, était située juste au-dessus de Ventron. Elle comportait un télésiège et huit téléskis desservant une douzaine de pistes de ski dont une noire. La station ferme fin 2020, et est rachetée par deux investisseurs en 2022[39],[40]. Elle devrait rouvrir aux alentours de l'été 2023[41]. Le domaine est également traversé par 16 km de pistes de ski de fond et des chemins de randonnée à pied ou en raquettes[42].
Ermitage du frère Joseph, inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [53], constitué d'une petite chapelle et de l'habitation de l'ermite Frère Joseph Formet qui y vécut au XVIIIesiècle, né dans la Haute-Saône en 1724, mort en 1784 après 30 ans de recueillement sur une hauteur de Ventron.
La réserve naturelle nationale du Massif du Grand Ventron qui abrite encore le grand tétras (ou coq de bruyère), grâce à la préservation de la forêt primaire.
Roche des Quatre-Clochers.
Centre de Cultures Scientifiques, Technique et Industrielle (CCSTI), celui de Ventron, avec son musée textile des Vosges[65] dans les murs d'un tissage construit en 1830, a été reconnu d’intérêt régional par la Région Lorraine le [66].
Borne marquant l'ancienne frontière entre la France et l'Allemagne pendant l'occupation allemande de l'Alsace-Lorraine (1871-1918). Près de Bussang.
Article détaillé: Musée du textile des Vosges.
Événements
Janvier
Séminaire d'intégration des élèves de l'École nationale d'administration qui choisissent à cette occasion leur nom de promotion.
Juillet
Feu de la Saint-Jean tous les derniers samedis de juillet, organisé par les conscrits.
Le dernier dimanche du mois de juillet, pèlerinage en plein air devant la chapelle de l'ermitage Frère-Joseph.
Août
Marché artisanal tous les premiers dimanches d'août avec une affluence moyenne de 5 000 visiteurs.
Course du Grand Tétras avec arrivée à proximité de la station de ski.
Septembre
Séminaire d'intégration des élèves de l'Institut régional d'administration de Metz qui choisissent à cette occasion leur nom de promotion.
Décembre
Marché de Noël.
Personnalités liées à la commune
Jean-Thiébaut Géhin, industriel et fondateur des FTS (Filatures et Tissages de Saulxures) et homme politique.
Jean des Porcellets de Maillane, de la célèbre et illustre Maison de Provence du même nom.
Pierre-Joseph Formet (1724-1784), ermite plus connu sous le nom de Frère Joseph. Le pape Léon XIII l'a décrété vénérable le .
Les trois sœurs, Thérèse, Marguerite et Anne-Marie Leduc, skieuses de l'équipe de France aux JO de Squaw Valley (É.-U.) en 1960, sont véternates. Elles sont les benjamines d'une fratrie de onze ayant tous participé à des compétitions de haut niveau. Thérèse Leduc a donné son nom à une piste de ski bleue du domaine skiable[67].
Manufacture de grandes orgues Jeanpierre. Ils avaient fondé leur maison à Ventron en 1750[68].
Héraldique
Blasonnement:
Taillé: au 1er d'or (d'argent) à la crosse épiscopale de sable, mouvant de la partition au 2e d'azur au lion léopardé d'argent (d'or)[69].
Commentaires: la crosse rappelle que Jean des Porcellets, évêque de Toul, affranchit les habitants du lieu en 1617. Le lion léopardé est extrait des armes de Charles François, comte de Serre, qui donna ses forêts aux habitants de Ventron en 1704; ce meuble se retrouve sur le blason de Pagny-sur-Moselle.
Pour approfondir
Bibliographie
Anne-Marie Leduc, Ermitage du frère Joseph: Ventron, Vosges, Éditions SAEP, Ingersheim, 1981, 23 p.
(en) Nicole Lemaître, Montagnes sacrées d’Europe. Actes du colloque «Religions et montagnes», Tarbes, Publications de la Sorbonne, , 427p. (ISBN2-85944-516-1)
Actes du colloque "Religion et montagnes", Tarbes, 30 mai-2 juin 2002 / textes réunis et publiés par Serge Brunet, Dominique Julia et Nicole Lemaître. Pages 109 à 119, par Marie-Hélène Colin – Université de Nancy 2: L’ermite des montagnes? L’érémitisme dans la France du Nord-Est: Joseph Formet dit frère Joseph, choisit en 1751 les sommets dominants du village de Ventron (88) dans les Hautes-Vosges comme lieu de retraite pp 227 à 234
Le patrimoine architectural et mobilier de la commune sur le site officiel du ministère français de la Culture (Bases Mérimée, Palissy, Palissy, Mémoire, ArchiDoc), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine (archives photographiques) diffusion RMN, et service régional de l'inventaire général de la Région Grand Est
Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
Population municipale légale en vigueur au 1erjanvier2022, millésimée 2019, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1erjanvier2021, date de référence statistique: 1erjanvier2019.
IGN, «Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes.», sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieu en France, Paris, Librairie Guénégaud, (ISBN2-85023-076-6), p.705b.
François de Beaurepaire (préf.Marcel Baudot), Les Noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, Paris, A. et J. Picard, , 221p. (ISBN2-7084-0067-3, OCLC9675154), p.114.
Ernest Nègre, Toponymie générale de la France (lire en ligne)
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