Plougastel-Daoulas (/plu.gas.tɛl da.u.las/[1]) est une ville du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. Ses habitants sont appelés les Plougastels et pour les femmes, on utilise le mot breton Plougastellenn[2].
Ne doit pas être confondu avec Plogastel-Saint-Germain.
Plougastel-Daoulas | |
![]() L'église Saint-Pierre. | |
![]() Blason |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Arrondissement | Brest |
Intercommunalité | Brest Métropole |
Maire Mandat |
M. Dominique Cap 2020-2026 |
Code postal | 29470 |
Code commune | 29189 |
Démographie | |
Gentilé | Plougastels |
Population municipale |
13 161 hab. (2019 ![]() |
Densité | 281 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 22′ 24″ nord, 4° 22′ 10″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 145 m |
Superficie | 46,83 km2 |
Type | Commune urbaine et littorale |
Unité urbaine | Brest (banlieue) |
Aire d'attraction | Brest (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Guipavas |
Législatives | Sixième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | www.mairie-plougastel.fr |
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Brest Rade de Brest |
Le Relecq-Kerhuon Rade de Brest |
Loperhet |
Rade de Brest | ![]() |
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Rade de Brest | Rade de Brest | Rade de Brest Logonna-Daoulas |
Plougastel-Daoulas est une ville de la rade de Brest, située sur une presqu'île au sud-est du chef-lieu d'arrondissement dont elle est séparée par l'embouchure de l'Élorn. La commune fait partie de l'ancien évêché de Cornouaille.
La longueur de son littoral atteint 37 km car il est très découpé sur sa façade ouest et sud-ouest, alternant caps (pointe Marloux, pointe du Corbeau, pointe du Caro, pointe de l'Armorique, pointe Doubidy) et anses (anse du Caro, anse de Lauberlac'h, anse du Moulin Neuf, anse de Penfoul) et quatre ports (Tinduff, Caro, Passage, Four-à-Chaux-Lauberlac'h) y sont implantés. Une île de la rade de Brest dépend aussi administrativement de Plougastel : l'île Ronde. L'étang du Caro, site naturel protégé, est un lieu de nidification pour les oiseaux migrateurs[3]. Le poulier de l'anse de Lauberlac'h, pointe libre longue de 370 mètres, barre presque complètement le fond de cette anse, l'eau de mer y accédant seulement par un grau étroit[4].
Dominique Cap, alors premier édile de Plougastel-Daoulas, décida de remettre en cause la « loi littoral » de 1986, qui régit l'urbanisation de la côte. Celle-ci autorise des constructions dans les zones urbaines existantes, pas dans les hameaux. Or le bourg compte près de 9 000 habitants répartis dans 162 hameaux. Le maire réclama un assouplissement de la loi. L'Association des maires de France lui demanda de faire l'état des lieux.
La presqu'île de Plougastel correspond, comme celle de Crozon, à la terminaison occidentale du synclinorium médian armoricain[5].
Géologiquement, les quartzites de Plougastel, le granite et les schistes sont les affleurements prédominant. Les schistes et quartzites de Plougastel datent du gédinnien ; ils sont caractérisés par une alternance des bancs épais de dizaines de mètres de quartzites et de schistes et forment des points hauts du relief, d'aspect déchiqueté ; ils sont aussi fréquents dans la presqu'île de Crozon.
Quelques petits gisements de calcaire existent, par exemple à l'île Ronde, ce qui explique la présence d'anciens fours à chaux. Un ancien récif corallien datant du Praguien (Dévonien inférieur), situé à la pointe de l'Armorique, montre des bancs de calcaire bleu, riches en fossiles marins (le prélèvement de fossiles y est interdit par arrêté municipal).
Y. Plusquellec a décrit la Géologie de la presqu'île de Plougastel dans un article publié dans la revue Penn ar Bed[6].
Plougastel-Daoulas est restée longtemps très isolée, l'Élorn étant un obstacle à ses relations avec l'évêché de Léon et particulièrement avec Brest : avant la construction du pont Albert-Louppe en 1930, seul un bac permettait de franchir l'estuaire (partant du lieu-dit « Le Passage » pour aboutir à un lieu-dit du même nom situé sur l'actuelle commune du Relecq-Kerhuon). La voie terrestre la plus directe vers le Léon demandait alors un long détour par le pont de Rohan à Landerneau. Côté terre, vers l'est, Plougastel-Daoulas n'est limitrophe que d'une seule autre commune : Loperhet. De plus, écrit Le Petit Parisien en 1934 : « La route départementale va jusqu'à Plougastel-Daoulas. À partir de là, on ne trouve plus que des chemins vicinaux si étroits que la petite charrette doit reculer, l'âne ou le veau s'écraser contre la haie, pour que l'auto passe »[7]. De cet isolement séculaire, la commune a conservé de forts particularismes et traditions. Elle a aussi constitué longtemps un isolat démographique (« C'est un fait rare de voir un habitant de Plougastel se marier en dehors de la commune ; si l'un transgresse cette coutume, il est mal vu des autres » écrit le même journal en 1895[8]), d'où la prédominance de certains noms de famille comme Le Gall, Lagathu et Kervella particulièrement[9] (en 1836 la fréquence de certains patronymes était grande : 20 % de "Le Gall", 12 % de "Kervella"), bien décrit dans cet article de 1928 :
« Les habitants de Plougastel, les Plougastel, vivent fort repliés sur eux-mêmes et ne se mêlent guère à ceux des environs. Ils se marient entre eux et les mariages se célèbrent par groupes à des dates traditionnelles. Il en résulte que certains noms, comme par exemple Lagathu ou Kervella, sont extrêmement fréquents, et que le nom, le prénom et l'identification du village sont parfois insuffisants pour identifier une personne. Les femmes ne se placent guère en dehors de la presqu'île et il est très rare de voir une domestique porter, en ville, la coiffe de Plougastel. C'est une population riche, ingénieuse, ardente au travail. La culture des primeurs, des fraises surtout, dont le commerce s'étend avec l'Angleterre, constitue sa principale occupation[10]. »
Bien que située en Cornouaille, les Plougastell parlent comme variante de la langue bretonne le dialecte du Léon alors que ceux de Daoulas par exemple parlent le dialecte cornouaillais[11].
En 1399, les droits du Passage sont cédés par l'abbaye de Daoulas, qui les détenait précédemment, à M. Le Heuc, cette donation étant confirmée en 1407 par Olivier du Chastel.
Un aveu du indique que l'abbaye Notre-Dame-de-Daoulas disposait du tiers des revenus du passage de Treisguinec « servant pour passer et repasser entre les paroisses de Daoulas, Plougastel et Guipavas sur la rivière et bras de mer qui dévalle de la ville et port de Landerneau à Mulgun[12], le dit passage estant indivis o messire Robert du Louet, seigneur de Coët-Junval[13], Guillaume de Penencoët, seigneur de Keroual[14] et Jean de la Marre, seigneur de Kereraut[15], sous la charge de 18 sols de chevrente solidaire due à la seigneurie du Chastel[16] sur le total du dit passage par chacun an ». Le passage était alors affermé « par Alain Piriou, du village de Lesquivit, Guillaume Calvez et Béatrice Kerdoncuff, veuve Hiérome Cavez, demeurant au village du passage de Plougastel, pour en payer par an 27 livres tournois »[17].
Un texte de 1748 indique que l'abbaye Notre-Dame-de-Daoulas percevait les revenus des dimanche, lundi et mercredi de chaque semaine, mais que le dimanche et le mercredi, peu de monde fréquente le Passage alors que « tous les mardis, il passe beaucoup de monde avec chevaux et charges pour le marché de Brest, le jeudi pour le marché de Gouesnou, le vendredi et samedi pour le marché de Brest-Recouvrance »[18].
En 1865 est demandée l'amélioration de la route menant du bourg de Plougastel au Passage Saint-Jean en raison « de la complète insuffisance de cette voie, par suite du grand nombre de voitures et de charrettes qui viennent apporter à Kerhuon les produits agricoles de tout le canton »[19]. En 1880, un quai, ainsi que des travaux de déroctage, sont financés par le département. En 1886, le prix du passage est alors de 10 centimes pour les piétons et de 50 centimes pour les voitures : on ne peut passer que deux voitures à la fois[20].
Le franchissement de l'Élorn était souvent périlleux :
« Comme la rivière est orientée à l'ouest, dans la direction du goulet, la mer y est grosse dans les tempêtes de l'ouest et du sud-ouest, et le passage du bac souvent impossible : les grands vents d'est produisent aussi un ressac assez violent pour empêcher parfois l'accostage des cales et compromettre la sécurité des bateaux dans la crique, qui a 100 m de longueur sur 50 m de largeur. Cette crique sert d'abri aux bateaux dits de Plougastel qui font exclusivement, dans la rade de Brest, le service des transports. [...] Ce batelage [...] emploie une centaine de bateaux[21]. »
Le , jour du pardon de la Saint-Jean, un dramatique accident survint : la foule des pèlerins vers 5 h de l'après-midi, se pressait sur la passerelle en bois, longue de 50 mètres environ, qui servait à l'embarquement au Passage Saint-Jean, prenant d'assaut les vapeurs au fur et à mesure qu'ils se présentaient. La passerelle s'effondra et une centaine de personnes tombèrent à l'eau. Il y eut au moins 7 noyés[22].
Albert Clouard décrit comme suit la traversée en 1892 :
« Débarqués à la station de Kerhuon, nous gagnons les bords de l'Élorn et montons dans un bac près de quitter le bord. Des femmes de retour du marché, fortes, épanouies, rieuses, empoignent les gigantesques avirons et s'amusent à ramer en chantant une chanson, tandis que les bateliers, heureux de ce repos momentané, rient des provocantes poses qu'elles prennent en se rejetant en arrière avec effort. Elles portent des coëffes aux ailes recourbées, aux rubans flottants, des ceintures de couleur et quelques-unes de courtes pèlerines à capuchon. Les mariniers sont coiffés d'un bonnet de laine rouge pareil à celui des forçats, sanglés d'une large ceinture de même teinte et vêtus d'un gilet blanc ou bleu garni de boutons d'os[23]. »
Le Passage Saint-Jean ou Passage de Kerhuon était vital pour l'économie locale comme en témoigne ce texte de 1886 :
« La rive [de l'Élorn, côté Plougastel] très verdoyante est surmontée de rochers bizarres qui affectent la forme de ruines. Le chemin monte au milieu de vergers et de champs à la végétation assez riche : c'est ici en effet que l'on récolte le plus de fruits de toute la campagne environnante, la culture de la fraise surtout s'y fait sur une grande échelle et rien, paraît-il, n'est plus curieux, au moment de la saison, que les longues théories de voitures alignées le long de la route, attendant leur tour[24], pour passer à l'aide du bac sur l'autre rive et conduire leur chargement à la gare [de Kerhuon] : la plus grande partie de ces fruits se vend pour l'Angleterre[20]. »
En 1897, Tancrède Martel fait cette description du Passage Saint-Jean :
« Le passeur est là, qui m'attend. Une figure de vieux pêcheur, tannée et cuite sous le béret. [...] Moyennant la modique somme de deux sous, j'embarque, le vieux allume sa pipe et se met à la voile, et trois minutes après, me voici devant le minuscule port du Passage, un vrai port-joujou avec un quai en miniature, borne cerclée de fer, hutte de douanier et, se balançant sur les flots, trois ou quatre barques de pêcheurs[25]. »
Une curiosité naturelle distrayait les voyageurs : le puits du Cosquer, près du Passage Saint-Jean, bien que constitué d'eau douce, voyait son niveau baisser à marée descendante et monter à marée montante[26].
Le bac à vapeur, mis en service en juin 1907, ne fonctionnait qu'à certaines heures du jour, ce qui souleva des protestations des habitants[27], mécontents de la raréfaction du service et de l'augmentation du coût du passage, réclamant même la remise en service du bac à rames ou à voiles antérieur, qui assurait un passage toutes les demi-heures dans la journée. En dehors des périodes de fonctionnement, il fallait faire le détour par Landerneau pour gagner Brest ou tout autre endroit du Léon.
La mise en service du pont de Plougastel (pont Albert-Louppe) en 1930 provoqua l'arrêt du bac entre les deux Passages, mais une reprise momentanée du trafic se produisit pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de la destruction de l'une des arches du pont.
Des liaisons maritimes reliaient aussi Plougastel à la presqu'île de Crozon. Par exemple, le , une barque de pèlerins, le Notre-Dame-de-Rumengol, qui se rendaient au pardon de Sainte-Anne-la-Palud, chavire dans le port du Tinduff, l'accident faisant deux noyés parmi la douzaine de personnes qui l'occupaient[28].
Jusqu'au XVIIIe siècle, la construction navale était disséminée dans de nombreux petits chantiers tout au long des grèves de la presqu'île, le plus important étant celui de Lauberlac'h, d'autres existant au Caro, au Squiffiec, au Cap, à Larmor, à Penn ar Ster, à Illien-ar-Guen, etc. disparaissant progressivement les uns après les autres dans le courant des XIXe et XXe siècles ; ces chantiers construisent essentiellement deux types de bateaux :
Sa population est répartie, outre le bourg, dans 157 villages[29], ce qui en fait un casse-tête remarquable en ce qui concerne l'assainissement, la desserte routière et l'application de la loi littoral.
Certains de ces villages abritent depuis longtemps une population nombreuse : par exemple en 1890 Keralliou avait 118 habitants, Lesquivit avait 73 habitants, Lauberlac'h 36 habitants[30]. Plusieurs « villages » possédaient une école : par exemple Sainte-Christine ou encore Saint-Adrien qui a compté un moment trois écoles : deux écoles privées catholiques et une école publique.
La quasi-totalité des villages porte des toponymes bretons dont l'évolution graphologique et la signification a fait l'objet d'une étude approfondie[31].
Plougastel est depuis longtemps renommé pour son agriculture maraîchère, caractéristique de la Ceinture dorée bretonne dont la presqu'île est un prolongement, comme le décrit Victor-Eugène Dumazet en 1893 :
« Les gens de Plougastel sont d'infatigables jardiniers et de vaillants marins, des jardiniers surtout. La partie de leur péninsule qui regarde vers le sud, abritée des vents du nord et de l'ouest par les rochers riverains de l'Élorn, baignée par les flots tièdes, jouit d'un climat fort doux ; aussi bien des cultures qui semblent impossibles en Bretagne, y prospèrent-elles. Déjà il y a cent ans, quand ce pays était sans route et, naturellement, sans chemin de fer, alors qu'il était difficile d'expédier les produits du sol, Cambry signalait avec étonnement la culture des melons de plein champ ; on les préservait des gelées blanches avec des débris de verre. On cultivait aussi les petits pois à l'abri de plants de genets pour les préserver du vent du nord. “Vous n'êtes plus dans la Bretagne, s'écriait le voyageur : les fraises, la framboise, la rose, la jonquille, la violette et l'églantier couvrent les champs chargés d'arbres fruitiers ; le cerisier, le prunier, le pommier descendent jusqu'au rivage.” Les légumes devançaient de six semaines la végétation, même à deux lieues de là[32]. »
La construction du pont Albert-Louppe (dit aussi « pont de Plougastel ») en 1930, puis celle du pont de l'Iroise (qui a permis de mettre fin aux embouteillages liés aux migrations pendulaires que provoquait l'ancien pont à deux voies), ont mis fin à l'isolement de la commune, traversée par la voie express venant de Brest et la reliant à Quimper et Nantes. Malgré des réticences, la commune a adhéré dès sa création à la communauté urbaine de Brest, devenue Brest métropole océane (BMO). Incorporée désormais dans l'agglomération brestoise, la commune a connu un essor démographique remarquable ces dernières décennies, devenant une banlieue-dortoir aisée de Brest, particulièrement sur son littoral nord, face au port de Brest (« villages » de Keraliou et ses voisins) ainsi qu'à la périphérie du bourg traditionnel qui a considérablement grossi. Des zones commerciales se sont développées aux alentours des deux échangeurs routiers qui desservent la commune.
Un certain particularisme demeure toutefois : lors de la constitution en 1974 de la communauté urbaine de Brest, ancêtre de Brest métropole océane, parmi les huit communes fondatrices, Plougastel-Daoulas fut la commune où la majorité approuvant sa création fut la plus faible.
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[33]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[34].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent aux données mensuelles sur la normale 1971-2000[35]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[37] complétée par des études régionales[38] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Brest-Guipavas », sur la commune de Guipavas, mise en service en 1945[39] et qui se trouve à 7 km à vol d'oiseau[40],[Note 3], où la température moyenne annuelle évolue de 11,2 °C pour la période 1971-2000[41], à 11,5 °C pour 1981-2010[42], puis à 11,7 °C pour 1991-2020[43].
Plougastel-Daoulas est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 4],[44],[45],[46]. Elle appartient à l'unité urbaine de Brest, une agglomération intra-départementale regroupant 7 communes[47] et 201 741 habitants en 2017, dont elle est la banlieue[48],[49].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Brest, dont elle est une commune de la couronne[Note 5]. Cette aire, qui regroupe 68 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[50],[51].
La commune, bordée par la mer d'Iroise, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[52]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[53],[54].
Le tableau ci-dessous présente l'occupation des sols de la commune en 2018, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC).
Type d’occupation | Pourcentage | Superficie (en hectares) |
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Tissu urbain discontinu | 13,1 % | 619 |
Zones industrielles ou commerciales et installations publiques | 1,6 % | 76 |
Prairies et autres surfaces toujours en herbe | 1,3 % | 61 |
Systèmes culturaux et parcellaires complexes | 52,4 % | 2 476 |
Surfaces essentiellement agricoles interrompues par des espaces naturels importants | 1,3 % | 60 |
Forêts de feuillus | 21,8 % | 1 028 |
Landes et broussailles | 5,4 % | 253 |
Forêt et végétation arbustive en mutation | 2,2 % | 105 |
Zones intertidales | 0,7 % | 32 |
Estuaires | 0,2 % | 9 |
Mers et océans | 0,1 % | 2 |
Source : Corine Land Cover[55] |
L'occupation des sols montre la prédominance des zones agricoles hétérogènes (53,7 %) sur les forêts (21,8 %), les zones urbanisées (13,1 %), la végétation arbustive et/ou herbacée (7,6 %), les zones industrielles ou commerciale (1,6 %), les prairies (1,3 %), les zones humides maritimes (0,7 %) et les eaux maritimes (0,3 %). Les terres agricoles ont conservé leur structure bocagère. Les zones urbanisées et les zones industrielles ou commerciales ont gagné du terrain au cours de ces dernières années. Les zones urbanisées occupaient 395 ha en 1990 contre 619 ha en 2018. Les zones industrielles ou commerciales occupaient 34 ha en 1990 contre 76 ha en 2018.
Son nom Plougastel signifie « Paroisse du château ». Le nom vient de plou, paroisse, commune, et gastel (sans la mutation, kastell), qui veut dire château[56].
La paroisse s'est d'abord appelée Gwikastell, nom que porta aussi une famille noble de la paroisse, dont un des représentants, Hervé de Guicastel, mourut abbé de Daoulas en 1281[57].
Son nom a varié dans le temps : Plebs Castelli ou Plebe Castello (au XIe siècle), Ploecastel (en 1173), Ploecastell (en 1186), Plebs Petri (vers 1330), Guic Castelle (vers 1330), Guicastell (en 1405), Ploegastel Doulas (en 1535) avant de prendre son nom actuel en 1779[58].
Paroisse de l'Armorique primitive fondée vers le VIe siècle, très étendue (son territoire englobait les paroisses ou communes actuelles de Loperhet, Dirinon, Saint-Urbain, Saint-Thomas de Landerneau et le nord de Daoulas), Plougastel est née dans la forêt de Thalamon qui couvrait à l'époque toute la rive gauche de l'Élorn.
Le nom de « Plougastel » est mentionné pour la première fois au XIe siècle dans le cartulaire de Landévennec.
Le nom de la commune en breton moderne est Plougastell-Daoulaz.
Le site archéologique du Rocher de l'Impératrice[59] à Plougastel-Daoulas, est un abri sous roche d'environ 10 mètres de long et deux à trois mètres de profondeur[60], installé au pied de la grande barre de grès armoricain qui affleure le long de la rive gauche de la basse vallée de l'Élorn qui se jette dans la rade de Brest. Découvert lors de la tempête de 1987 par Michel Le Goffic, archéologue départemental du Finistère, il est fouillé depuis 2013 par une équipe de l'Université de Nice Sophia Antipolis dirigée par Nicolas Naudinot. Ce site n'a livré aucun vestige osseux (dont la conservation est rare dans les sols acides) mais des outils en silex (dont des pièces à dos aziliennes à deux pointes opposées, probablement apportées par les chasseurs-cueilleurs car il n'existe pas de gisement de silex sur le Massif armoricain) ainsi que des plaquettes d'art mobilier de schiste gravées, datées d'environ 12 500 av. J.-C. selon plusieurs datations radiocarbones. Si la plupart de ces éléments sont fragmentaires, certains montrent des signes géométriques mais aussi quelques représentations très figuratives sous la forme d'aurochs (dont l'« aurochs rayonnant ») et de chevaux. Les archéologues estiment que cet abri sous roche pourrait avoir servi de camp de chasse pour des opérations menées dans l'actuelle rade de Brest qui était alors une grande étendue steppique[61]. Ces gravures préhistoriques datent de l'Azilien ancien, une période comprise entre le Magdalénien et le Mésolithique. Les témoignages artistiques sont particulièrement rares pour cette période en Europe et les vestiges du Rocher de l'Impératrice constituent les plus anciennes traces d'art de Bretagne[61].
Des menhirs se trouvent près des villages de Lesquivit, de Lanvrizan et du Carn.
Plougastel aurait été à l'origine un oppidum (situé à Roc'h-Nivelen[62], le rocher des prêtres en français), un refuge habité[63] dès le Néolithique. Naturellement protégé par sa configuration de presqu'île et son armature de rochers, aux confins de la Domnonée, peut-être le lieu dénommé Merthyr où, en 874, le roi Salaün, après avoir commis le meurtre d'Erispoë, aurait été tué par Gurwand et Paskweten[réf. nécessaire][64] (mais ce lieu est plus souvent identifié comme étant La Martyre, dans le même département actuel du Finistère).
Le site de Fontaine Blanche correspond à un ancien lieu de culte païen où les Celtes honoraient la déesse de la fécondité[réf. nécessaire], dont la statue fut retrouvée sous le calvaire et se trouve désormais au musée de la fraise. Le nom du lieu-dit Feunteun Wenn peut se traduire en français par fontaine blanche, mais aussi par fontaine sacrée, gwenn (provenant du gaulois vindo) voulant aussi dire sacré[réf. nécessaire][65].
Un vase d'argile contenant des pièces de monnaie romaines fut découvert au XIXe siècle sur la grève de Porsguen (Porz Gwenn), port d'échouage à l'époque, et des médaillons romains à Fontaine-Blanche.
Une probable stèle de l’âge du fer, peut-être réutilisée en borne milliaire bien qu'anépigraphe, a été trouvée à Lanvrizan[66]. Certains ont fait l'hypothèse qu'une voie antique passerait non loin du lieu de découverte[67].
L'archidiaconé de Plougastel était l'un des deux archidiaconés du diocèse de Tréguier, correspondant au territoire situé entre les rivières de Lannion et de Morlaix, et n'avait rien à voir avec Plougastel-Daoulas.
Plougastel fit partie de la vicomté de Léon, dont le siège était à Landerneau. En 1186, le vicomte Hervé II de Léon, cède les dîmes de certains villages à l'abbaye de Daoulas, qui peu à peu contrôle la majeure partie de la paroisse. Comme cette abbaye dépendait de l'évêché de Cornouaille, Plougastel est donc désormais inclut dans la Cornouaille.
Au XIIe siècle, un château-fort dominant l'Élorn, datant de la même époque que celui de La Roche-Maurice, aurait existé à Kérérault. Le nom d'un seigneur y habitant est connu : Jehan III de Kererault, qui serait mort de la peste et dont le tombeau est signalé en 1780 dans une chapelle proche, désormais disparue. Un manoir lui a succédé, acheté en 1863 par l'amiral Joseph Romain-Desfossés[68].
Les seigneuries étaient alors nombreuses à Plougastel[69] :
Pour la famille du Louët, une présentation plus détaillée est disponible, voir :
L'atelier du "Maître de Plougastel"[Note 6] a fonctionné entre 1570 et 1621, sculptant en kersanton calvaires, croix, statues et décors d'église. Parmi ses œuvres connues, le calvaire de Plougastel-Daoulas, une partie du porche de l'église de Guimiliau, le calvaire de Locmélar, des décors de l'église Saint-Salomon de La Martyre (bénitiers, Cariatide aux bandelettes, etc..) les statues du porche de l'église Notre-Dame de Bodilis, les statues des quatre Évangélistes, de saint Tugen et des apôtres de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, la statue de la Vierge à l'Enfant dans l'église Notre-Dame de Tréguennec, des statues dont celle de saint Thégonnec dans l'église Saint-Thégonnec à Saint-Thégonnec, la statue de Notre-Dame du Folgoët dans la basilique Notre-Dame du Folgoët, celle de Jacques le Majeur dans l'église Saint-Houardon de Landerneau, celle de saint Guévroc dans le porche de l'église de Lanneuffret, les statues des douze apôtres sur la façade ouest de l'église Notre-Dame de Confort à Confort-Meilars, des statues dans les églises de Plogoff et Saint-Urbain ainsi qu'à l'ossuaire de Saint-Servais, l'autel de la Chapelle Notre-Dame de Lambader en Plouvorn , etc.
Aux XVe et XVIe siècles la culture du lin et du chanvre et le commerce des toiles (en particulier des toiles fines dénommées « Plougastel blanches ») enrichit Plougastel, elles s'exportent jusqu'en Angleterre et en Hollande et dans la péninsule Ibérique, mais les manufactures créées par Colbert à partir de 1675 entraînent le déclin de cette activité toilière. Cette activité persiste toutefois aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle où la seule paroisse de Plougastel fournit encore 60 pièces de lin chaque semaine, mais l'essor des cultures de fraisiers provoqua le recul de la culture du lin, même si des métiers à tisser fonctionnèrent à Plougastel jusqu'au début du XXe siècle, mais travaillant du lin cultivé dans d'autres communes de la région ainsi que de la berlingue.
Le calvaire est érigé de 1602 à 1604 dans l'atelier du "Maître de Plougastel" par deux personnages dénommés Corr, architecte et Perrious Baod, curé, en actions de grâces après l'épidémie de peste de 1598, laquelle provoqua le décès d'un tiers des habitants[70] ; il était désigné sous le vocable de Croaz ar Vossen ; il fut restauré dans la seconde moitié du XIXe siècle.
En 1644, Julien Maunoir, célèbre prédicateur, prêche une mission à Plougastel au cours de laquelle, si on en croit les récits hagiographiques, plusieurs interventions miraculeuses de la Vierge Marie auraient eu lieu[71]. Lors d'une autre mission prêchée en 1660, parce qu'il s'opposait fermement aux distractions profanes pendant les fêtes religieuses, le prédicateur Julien Maunoir failli être tué par des paroissiens mécontents[72].
Nicolas Le Forestier (1617 - 1677), né et décédé à Landerneau, était seigneur de Keroumen en Plougastel, et descendant d'une vieille famille noble de Cornouaille, Le Forestier de Quilien, qui figure aux réformations et montres de la paroisse de Plonévez-du-Faou entre 1481 et 1531[73].
Le , deux paysans se rendant à l'Île Ronde, aperçurent neuf hommes cachés dans un vieux four à chaux ; se voyant découverts ils s'enfuirent en chaloupe, mais l'officier qui commandait une batterie voisine, après deux coups de mousquet de semonce, tira et « ils furent tous noyez quelque diligence qu'on fit pour les sauver. On reconnut à diverses marques qu'ils estoient anglais, et qu'ils avoient esté amenez pour reconnoistre les lieux »[74].
En 1741, une épidémie de dysenterie, qui ravagea une bonne partie de la Bretagne, fit environ 700 morts dans la région de Plougastel[75].
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Plougastel de fournir 60 hommes et de payer 393 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »[76].
Alors que l'activité agricole était semble-t-il principalement céréalière au XVIIIe siècle, elle évolue progressivement vers le maraîchage et l'arboriculture en raison de la douceur du climat de la Ceinture dorée bretonne et de la proximité du débouché brestois, la culture des fraisiers[77] étant signalée à partir de 1766.
Yves Julien, Testart de la Roche, Roshuel, Louis Kervella, Yves Gourmelon, Jean Vergas, Jean Le Bot et François Le Billant sont les 8 délégués représentant les 800 feux de Plougastel lors de l'élection des députés du tiers état de la sénéchaussée de Quimper aux États généraux de 1789[78].
En 1791, les paroissiens soutiennent leurs trois prêtres qui refusent de prêter le serment de fidélité à la constitution civile du clergé. Lors de la plantation d'un arbre de la liberté, un hymne en breton fut composé et chanté pour la circonstance[79].
En 1855, Mme Marie Mazé-Launay, veuve du député et négociant Christian Mazé-Launay[80], fonde l'hospice de Plougastel, qui reçoit des vieillards mais fait aussi fonction d'hôpital, et en confie la direction à la Congrégation des sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, qui y ouvrent également en 1861 une école pour les orphelines. L'ensemble est traditionnellement dénommé « Le couvent » par les habitants de Plougastel. Les bâtiments, agrandis en 1962, et rénovés depuis avec la création en 1980 d'un accueil « Long séjour » ainsi que d'un établissement de cure médicale, abritent l'actuelle Maison de retraite Saint-Thomas de Villeneuve de Plougastel, gérée depuis 2010 par l'Hospitalité Saint-Thomas de Villeneuve dont le siège se trouve à Lamballe ; l'établissement de Plougastel reçoit 315 résidents et emploie près de 200 personnes[81].
Le , la Cour de cassation casse un jugement du tribunal de simple police de Daoulas qui avait exonéré de poursuites une cabaretière du bourg de Plougastel, Marie-Anne Laviec, qui n'avait pas respecté un arrêté municipal prohibant la vente de boissons pendant l'office divin[82].
La création d'un service télégraphique dans la commune en 1873 est ajournée par décision du conseil municipal car « ses ressources ne lui permettaient pas actuellement de subvenir à la dépense »[83].
Le journal Le Temps écrit en 1878 : « Un effroyable sinistre est arrivé dans la nuit de mercredi [le ] sur les côtes de Brest. Le bateau Marie-Joseph sur lequel se trouvaient trente-cinq passagers des villages voisins, Saint-Adrien, Plougastel, Daoulas, etc., a sombré entre la pointe de l'Armorique et l'île Ronde. Ni un passager, ni un homme de l'équipage n'ont survécu. Dimanche encore, on n'avait retrouvé qu'un cadavre, celui d'une femme, qui a été inhumé à Plougastel »[84].
En 1885-1886, Plougastel-Daoulas est atteint par l'épidémie de choléra partie de Brest qui frappe 95 habitants du village du Tinduff, l'épidémie ne provoquant toutefois que quatre décès[85].
Tancrède Martel fait en 1897 cette description de Plougastel-Daoulas et de son pardon :
« Le bourg est précédé d'une grappe de maisons. Sur la route, pas une âme. Tout le monde est à la procession. Devant un humble débit de cidre, deux enfants, gardiens de la maison, lutinent un gros chien. Cependant la sonnerie de cloches redouble. [...] Une longue file d'hommes, de femmes et d'enfants, un millier d'êtres ondulent entre les deux ornières, viennent à moi. Au-dessus des têtes, se montrent la croix de l'église paroissiale, les bannières des confréries. De loin cela rappelle à s'y méprendre les saisissants cortèges du Moyen Âge quand toute une ville allait, en un pèlerinage fameux, supplier le saint d'intercéder en faveur de la cité. [...]. On ne m'a point trompé : les riches vêtements de fête, aux couleurs éclatantes, aux broderies originales et laborieusement ouvrées, passent sous mes yeux, comme la plus extraordinaire débauche de couleurs, le plus bariolé des rêves. [...] En tête, portant les plus belles bannières, ou tenant dévotement les glands et les cordonnets, marchent les anciens, les patriarches du village, groupe inoubliable et superbe. Vingt ou trente vieillards, presque tous octogénaires, et dont les cheveux flottants, telles les chevelures dénuées des aïeules, blanches comme l'argent ou la neige, cachent le dos et les épaules et ne s'arrêtent qu'au bragou-bras, ou large braie du pays. [...] Des costumes vénérables [...] assemblage exquis de vestes bleu de ciel ou brunes, de culottes bouffantes en velours rouge ou vert, de vastes chapeaux enjolivés de rubans noirs, d'épais ceinturons en cuir blanc, sur la large plaque desquels apparaît la croix, le double cœur ou la face d'un saint local [...] À ce fouillis surprenant de nuances masculines, vient bientôt s'ajouter celui des costumes de femmes : les jupes jaunes ou écarlates s'étageant sous l'ample robe de coupe surannée mais encore élégante ; les tabliers de laine ou de soie, les mouchoirs brodés en batiste ou en mousseline, et les blanches coiffes ornées de dentelles, et dont les barbes tombent sur les épaules, avec une incomparable majesté. [...] La cloche maintenant s'arrête. Avec un bruissement de chapelets et de crucifix de cuivre, un exquis bourdonnement de voix enfantines, la procession s'éloigne, dévale la lande et disparaît à l'horizon. Elle s'en va vers Roc'hquilliou et s'en reviendra par Roc'hquérézen. Elle fera ainsi le tour de la presqu'île et la ferveur de chaque hameau l'accompagnera de ses regards. Plougastel-Daoulas se compose de trois ou quatre rues toujours désertes, ourlées de pauvres maisons, blanches ou grises comme la pierre de Kersanton ; ce granit est à la Bretagne ce que la pierre de Volvic est à l'Auvergne : la pierre d'angle des moindres maisons. Au fond d'une ruelle, une sorte d'enclos m'attire. C'était là l'ancien cimetière. L'église est au milieu et, faisant face au porche de l'édifice, on aperçoit les panonceaux de cuivre du notaire. Trois ou quatre bonnes vieilles, vêtues de noir, coiffées de blanc, regardent passer l'étranger. [...] Derrière les murs nus, verdis, suintant l'humidité, envahis par les pariétaires, s'élève, s'appuyant presque à l'église, ce monument unique au monde qu'on appelle le calvaire de Plougastel[86]. »
Un minotier de Kergoff en Plougastel-Daoulas, Joseph Billant, constitue une société pour fournir l'énergie électrique à la commune : l'éclairage communal, celui de l'église, d'un grand nombre des commerce et des maisons du bourg commence en juillet 1904[87].
Les deux premières écoles de garçons de Plougastel ouvrirent en 1830 au bourg et en 1843 à Saint-Adrien. En 1883-1884, à la suite des lois Jules Ferry, trois groupes scolaires comprenant chacun une école de garçons et une école de filles sont construits au bourg, à Pont-Callec et à Sainte-Christine ainsi qu'une école de filles à Saint-Adrien[88],[89].
En 1891, le journal La Croix indique que Plougastel-Daoulas compte quatre écoles publiques (dont une dans le hameau de Pont-Callec compte une douzaine d'élèves) et une école privée qui vient d'ouvrir et qui compte plus de 200 élèves[90].
En 1896, les religieuses de la congrégation hospitalière des Sœurs de Saint-Thomas-de-Villeneuve, qui tenaient un hospice à Plougastel et s'occupaient des malades, vieillards, infirmes et des orphelins (l'orphelinat comptait par exemple 35 enfants en 1902[91]), sont menacées de saisie. Une manifestation, animée par le député local, également conseiller général du canton de Daoulas, François-Émile Villiers, qui soutient les Sœurs, parlant dans son discours de « persécution fiscale ». Le journal La Bretagne écrit : « Notre commune, si calme d'ordinaire, est sous le coup d'une émotion vive », la population crie des slogans comme « Vive les Sœurs de l'hospice »[92].
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 par François-Virgile Dubillard, évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation du breton par les membres du clergé, le recteur de Plougastel écrit : « Les neuf-dixièmes de la population ne comprendraient quasi rien aux instructions [religieuses] françaises. Tout le monde du reste, à Plougastel, comprend bien le breton, à part une dizaine de personnes tout au plus ». Mais ce n'est pas l'avis du préfet du Finistère qui indique en 1903 dans un rapport : « Quoi que très fermée, la population de Plougastel est en rapports fréquents avec Brest qu'elle approvisionne en fruits et légumes (...). Elle comprend suffisamment le français pour entendre des sermons en notre langue nationale »[93].
Le Journal des débats relate ainsi les faits liés à la querelle des inventaires à Plougastel en novembre 1906[94]:
« Malgré la quantité des forces envoyées pour les inventaires et la rapidité des opérations, une vive résistance s'est produite dans plusieurs communes. Le commissaire de police Daligand s'est rendu à Plougastel-Daoulas avec 25 cuirassiers. Dès leur présence signalée, le tocsin se met à sonner. Devant l'église, cinq à six cents fidèles, tous en habits de fête, sont massés. Des cris de « Vive la liberté ! Vive le Christ ! » éclatent. Le recteur refuse d'ouvrir les portes de l'église. Aux sommations, les fidèles répliquent par des cantiques. Les cuirassiers veulent déblayer le terrain, les fidèles répondent qu'ils se laisseront plutôt écraser. Malgré cela, les sapeurs du génie arrivent près de la porte, l'attaquent à coups de hache, et l'inventaire peut avoir lieu, pendant que de toutes parts éclatent les cris de : « À bas les crocheteurs ! »[95]. »
Le , le bruit s'étant répandu à Plougastel que l'inspecteur d'académie allait venir enlever le crucifix dans les écoles, 5 000 paysans bretons accourus des environs se réunirent à l'église puis processionnèrent : « Six hommes à cheval ouvrirent la marche, et la longue théorie des catholiques où l'on remarquait le clergé, le maire, les conseillers, les enfants des écoles libres, et M. Villiers, député monarchiste, s'en fut à travers le bourg en chantant des cantiques »[96].
En 1882, le journal La Presse, après avoir fait remarquer que la culture des fraisiers a commencé à Plougastel au XVIIIe siècle, mais ne concernait jusqu'au milieu du XIXe siècle que quelques hameaux, écrit : « Les fraisiers sont en plein champ sur les collines ou les falaises qui avoisinent la mer. Pour les préserver des coups de vent, les champs sont entourés de haies ou de petits murs de pierres sèches, ce qui retient en même temps la chaleur solaire. […] La récolte commence vers le 20 mai à Lauberlach, parcourt tout le mois de juin et se termine par le fraisier du Chili, dans la deuxième quinzaine de juillet ; la récolte de celles qui doivent être exportées se termine le 24 juin. […] C'est un total de 3 500 000 kilogrammes de fraises qui est récolté à Plougastel sur 200 ha de terrains »[97]. La première variété cultivée à grande échelle fut le « Fraisier du Chili », supplanté par la suite par de nouvelles variétés comme le « Fraisier Ananas », puis la « Princesse Royale », dite aussi « Fraise d'Angers », puis par la « Fraise de la Mayenne »[98]. « 1 100 ha étaient consacrés à la culture de la fraise à la veille de la Première Guerre mondiale, soit un quart de la surface totale de la presqu'île. La production s'élevait alors à 6 000 tonnes par an, ce qui représentait un quart de la production nationale »[99].
L'essor de la culture de la fraise a été aussi permis par l'apport de maërl, dragué en rade de Brest et dans l'océan Atlantique, et qui correspondait à une nécessité agronomique en permettant de réduire l'acidité des sols. Plus d'une quarantaine de navires travaillaient alors au dragage du maërl[100].
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les fraises se vendaient presque uniquement à Landerneau et à Brest où elles étaient acheminées par les gabares et chaloupes à partir des petits ports de la presqu'île, l'exportation vers l'Angleterre commençant vers 1850 grâce à l'initiative d'une commerçante de Landerneau, suivie ensuite en 1865 par un négociant gascon, puis en 1867 par un commerçant de Roscoff ; ceux-ci venaient acheter les fraises directement chez les producteurs pour les revendre à Paris et à Londres. Vers la fin du XIXe siècle, trois steamers partent en saison chaque semaine de la cale du Passage à destination de l'Angleterre. À partir de 1865, la mise en service de la ligne ferroviaire Paris-Montparnasse - Brest facilite l'acheminement des fraises vers le marché parisien, le nord de la France et la Belgique (10 wagons chargés de 500 cageots chaque jour en saison à la fin du XIXe siècle). Quelques Plougastels commencent à exporter eux-mêmes vers le marché anglais à partir de 1879.
En 1878, le responsable du Jardin botanique de Brest, Blanchard, écrit : « Il n'y a pas de pays en Europe où il ne soit plus consommé de fraises qu'à Brest. Il en vient tellement, dans la saison, que les marchés, les coins de rue, les portes des casernes et des arsenaux sont encombrés de marchands de fraises »[101]. En 1889 selon Benjamin Girard, la culture des fraises se fait en grand sur tout le versant sud de la presqu'île, la légèreté du terrain et l'exposition y rendant les fraises plus précoces ; les ventes vers Brest et Paris principalement se chiffraient chaque année à plusieurs centaines de milliers de francs de l'époque[102]. En 1894, des producteurs de fraises de Plougastel s'associent pour créer la Shippers Union, concurrencée à partir de 1898 par la Farmers Union, puis en 1900 par la New Union, chaque société ayant ses bateaux, ses locaux et ses agents dont certains séjournaient à Plymouth, Manchester et Londres pendant la saison des fraises[98].
En 1907, la culture des fraises couvre dans la commune environ 250 hectares[103]. Au début du XXe siècle, la région de Plougastel produit 25 % des fraises françaises, exportant une part notable de la production (« les fruits soigneusement emballés dans des paniers doublés d'une épaisse couche de fougères »[104]) en Angleterre :
« À Plougastel-Daoulas, on cultive la fraise et les petits pois de temps immémorial, mais la vente en Angleterre, pourtant très indiquée, était très difficile. En 1906, les agriculteurs, groupés en syndicat coopératif, lancèrent deux vapeurs pour transporter régulièrement leurs produits à Plymouth. La fraise était prise au point de livraison par les commis du Syndicat, transportée à ses frais aux magasins où se fait l'emballage, et embarquée sur les vapeurs. [...] Cette coopérative regroupe 215 fraisiculteurs, soit le tiers des producteurs de la région[105]. »
En 1912, 300 000 kg de fraises sont expédiés en Angleterre (5 bateaux affrétés en 1911)[106]. En mai 1914, la revue L'Agriculture nouvelle précise : « le transport des fraises en provenance de la région de Plougastel-Daoulas, à destination des ports de Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Rouen, Dieppe, Le Havre, a donné lieu au tracé d'itinéraires spéciaux au départ de la gare de Kerhuon […]. Ces itinéraires permettent de diriger rapidement cette denrée particulièrement fragile sur les ports d'embarquement pour l'Angleterre, pays de grande consommation[107].»
« La culture des fraises était un travail extrêmement pénible. Il fallait rester à genoux pendant des heures pour les ramasser »[108].
Une confiserie parisienne possédait une usine à vapeur à Plougastel, achetant - par exemple en 1911 - 100 000 kg de fraises[109]. Pour écouler le surplus de la production, la Shippers Union fonde en 1912 une usine de transformation qui conditionne aussi les petits pois, les pommes, les haricots, alors cultivés également en grande quantité. Le syndicat EE ouvre un peu plus tard à la Fontaine-Blanche une usine destinée à produire de la pulpe de fraise ; en 1925 cinq usines existaient à Plougastel pour la transformation de la fraise, d'autres conditionnant les paniers et cageots destinés au conditionnement de ce fruit fragile. La Seconde Guerre mondiale met temporairement fin à ces activités, qui renaissent à partir de 1947 (création du Syndicat de producteurs vendeurs) ; en 1962 est créée la coopérative La Loperhetoise, puis en 1960 La Presqu'île, en 1965 la SICA devenue en 1994 la coopérative Sivi Ruz[98]. Malgré cela, dans la décennie 1980, la presqu'île de Plougastel ne produit plus que 300 tonnes de fraises par an.
Le , l'explosion du Liberté dans le port de Toulon fait environ 300 morts dont 31 morts originaires de Plougastel[110].
La Première Guerre mondiale frappe douloureusement Plougastel qui comptabilise 212 morts pendant ce conflit. De nombreuses familles seront touchées, les femmes adopteront alors le costume de deuil, laissant aux seuls enfants le vêtement aux couleurs vives. Le monument aux morts de Plougastel, édifié en 1920 par l'architecte Charles Chaussepied, porte leurs noms[111].
Jean Le Lann, originaire de Plougastel-Daoulas, a rédigé un récit des mutineries de la mer Noire survenus dans la flotte française le [112].
Le cuirassé garde-côtes Furieux coule, probablement par manque d'entretien, le alors qu'il se trouve au mouillage dans la Rade de Brest, au sud-ouest de la presqu'île de Plougastel, à l'entrée de l'anse de Lauberlac'h[113].
Le , l'inauguration du pont de Plougastel par le président de la République Gaston Doumergue est l'occasion d'une courte visite présidentielle au bourg de Plougastel :
« M. Doumergue s'arrête devant le plus ancien calvaire breton [...]. Là, M. Thomas, maire de la commune, lui souhaite la bienvenue : “En dehors de la visite que nous fit l'impératrice Eugénie dit-il, aucun chef d'État n'était venu jusqu'à nous depuis le rattachement de la Bretagne à la France.” [...] Puis un groupe d'enfants en costume de Plougastel offre au président un beau tableau de l'excellente artiste Marie Piriou [...], ainsi qu'une caissette refermant une dizaine de paniers de fraises du pays[114]. »
Du 21 au se tint à Plougastel-Daoulas le XXVIIe congrès du Bleun-Brug[115], la cérémonie de clôture se tenant en présence de Duparc, évêque de Quimper et de Tréhiou, évêque de Vannes[116].
Le , une unité de parachutistes du 3e régiment de chasseurs parachutistes, connue sous le nom de « 3e SAS », est parachutée dans la région de Plougastel-Daoulas dans le cadre de l'opération Derry afin d'ouvrir la route au VIIIe corps d'armée américain, commandé par le général Troy Middleton, chargé de prendre Brest, d'appuyer la résistance locale et d'éviter la destruction du pont de Plougastel[117].
L'attaque de Brest par la force opérationnelle Task Force "B", dirigée par le général américain Troy Middleton qui, après s'être concentrée près de Landerneau, lança son offensive le dans la presqu'île de Plougastel et s'empara le de la cote 154 située à l'extrémité sud-est de la crête médiane de cette presqu'île d'où l'on pouvait observer la ville de Brest ainsi que la partie est de la presqu'île de Crozon ; aussi la prise de cette hauteur se heurte-t-elle à la vive résistance allemande. Même après avoir perdu une position aussi dominante, les Allemands résistèrent pied à pied à la conquête du reste de la presqu'île. La force opérationnelle "B" continua son avance et montrant une très grande puissance d'attaque nettoya la presqu'île de Plougastel le [118].
En août 1944, ces combats de la Libération détruisent le centre-bourg, endommagent le calvaire, font des dizaines de victimes. La destruction d'une arche du pont de Plougastel isole à nouveau un temps la commune pour ses relations avec la région brestoise.
Six soldats originaires du Commonwealth (deux Anglais et quatre Australiens) sont enterrés dans le carré militaire du cimetière de Plougastel-Daoulas[119] et une plaque commémorative placée dans la mairie honore la mémoire de quatre résistants (Joseph Autret[120], Anne Corre[121], René Le Bot[122], Jean Thomas[123]) originaires de la commune morts en déportation[124].
Le monument aux morts de Plougastel-Daoulas porte les noms de 393 personnes mortes pour la France dont 212 pendant la Première Guerre mondiale, 181 pendant la Seconde Guerre mondiale, 12 pendant la guerre d'Indochine, 4 pendant la guerre d'Algérie, 14 autres personnes étant décédées à des dates autres (4 en 1919, une en 1920, une en 1922, une en 1923, une en 1926, une en 1946, 2 en 1947, une en 1953, une en 1954, une en 1955) sans que les circonstances de leur décès soit précisé. Plougastel-Daoulas fait partie des rares communes de France où les morts pour la France ont été presque aussi nombreux pendant la Seconde Guerre mondiale que pendant la Première Guerre mondiale en raison des tués lors des combats de la Libération en 1944 (43 victimes civiles recensées en 1944). L'importance de la Marine nationale explique aussi nombre important des disparus en mer (22 pendant le premier conflit mondial, 6 pendant le second)[125].
Un texte énigmatique gravé sur une pierre et découvert dans la décennie 1970 au Caro en bord de mer date de 1786 ; ce texte fait suite à la mort tragique d'un homme et serait écrit en breton du XVIIIe siècle ; à la suite d'un concours d'interprétation dont le résultat a été connu en février 2020, deux traductions assez différentes en ont été proposées[126].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
1884 | 1901 | Théophile Nicolle | ||
1901 | 1913 | Louis Nicolle | ||
1913 | 1939 | Mathurin Thomas | ||
1939 | 1941 | François Guivarch | ||
1941 | 1943 | Corentin Le Goff | DVD | |
1943 | 1944 | Jean Fournier | DVD | |
1944 | 1945 | Jean Gouez | DVG | |
1945 | 1947 | Corentin Le Goff | DVD | |
1947 | 1961 | Jean Fournier | DVD | |
1961 | 1971 | François Kervella | DVD | |
1971 | 1977 | Joseph Malléjac | DVD | Conseiller général |
1977 | 1986 | André Kervella | DVD | |
1986 | 1989 | Joël Jullien | DVD | |
1989 | 2001 | André Le Gac | DVG | Conseiller général |
2001 | En cours | Dominique Cap | DVD |
En 1886, sur les 7 009 habitants de la commune, 1 023 sont agglomérés au bourg. Le nombre des maisons est alors de 1 117 et celui des ménages de 1 246. La consommation de vin est estimée en 1885 à 17 litres par personne et par an, celle de cidre est inconnue, celle d'alcool à 6,3 litres[128].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[129],[Note 7].
En 2019, la commune comptait 13 161 habitants[Note 8], en augmentation de 0,46 % par rapport à 2013 (Finistère : +1,24 %, France hors Mayotte : +2,17 %). Le maximum de la population a été atteint en 2009 avec 13 304 habitants.
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
4 059 | 4 059 | 4 660 | 5 111 | 5 515 | 5 863 | 5 731 | 5 999 | 6 065 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
5 970 | 6 090 | 6 282 | 6 315 | 6 506 | 6 857 | 7 009 | 7 162 | 7 655 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
7 677 | 7 733 | 7 874 | 7 065 | 6 965 | 6 914 | 6 726 | 6 894 | 6 945 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2011 | 2016 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
6 726 | 7 075 | 8 138 | 9 581 | 11 139 | 12 248 | 12 880 | 13 264 | 13 349 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
13 161 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Commentaire : Commune peuplée dès l'origine (le premier recensement, celui de 1793, indique déjà plus de 4 000 habitants) en raison de sa vaste superficie, d'une agriculture intensive et des activités maritimes), Plougastel-Daoulas a connu une croissance continue de sa population depuis, à l'exception de la période 1911-1962 où la commune a subi, touchée par l'exode rural, une perte de 1 148 habitants en 51 ans. À partir de 1962, la croissance démographique est forte (la population a doublé entre 1962 et 2008, gagnant 6 339 habitants en 46 ans, le rythme moyen annuel étant de +138 habitants supplémentaires chaque année pendant cette période, le record étant atteint entre 1982 et 1990 (+195 habitants en moyenne chaque année), le rythme se ralentissant quelque peu par la suite (+123 habitants par an en moyenne entre 1990 et 1999 et +95 habitants par an entre 1999 et 2008. La commune s'est transformée en cité-dortoir, en banlieue résidentielle de Brest, en dépit de la barrière naturelle qu'a longtemps constitué l'estuaire de l'Élorn (les embouteillages étaient chroniques lors des migrations pendulaires sur le pont Albert-Louppe avant la construction du pont de l'Iroise). Le solde migratoire est depuis un demi-siècle constamment positif (record de +2,9 % l'an entre 1975 et 1982) même s'il s'est notablement ralenti depuis (+0,9 % l'an entre 1999 et 2008) ; le solde naturel par contre est légèrement négatif en permanence depuis 1968 (oscillant entre - 0,1 % et - 0,6 % l'an selon les périodes entre 1962 et 2008), ce qui peut surprendre pour une commune périurbaine, mais qui s'explique par l'influence persistance des anciens Plougastels d'origine rurale et généralement âgés ; le nombre des décès l'emporte chaque année sur le nombre des naissances[132].
Le nombre des logements s'est accru, passant de 2 315 en 1962 à 5 522 en 2008 en raison de la prolifération des lotissements, principalement aux alentours du bourg. Il s'agit pour l'essentiel d'un urbanisme pavillonnaire (90,3 % du total des logements en 2008 sont des maisons individuelles). En raison de sa situation péninsulaire et de ses aspects ruraux en partie conservés, la commune connaît un nombre non négligeable de résidences secondaires (4,9 % du total des logements en 2008), même si leur nombre va diminuant en raison de la pression immobilière liée à la proximité brestoise[133]. On observe aussi une littoralisation du peuplement (nette en particulier dans le secteur de Keraliou, face à Brest et à proximité du pont de l'Iroise avec un habitat de cadres situés dans le quartile supérieur des revenus) et la croissance de certains « villages » (hameaux) particulièrement attractifs, au risque d'une urbanisation anarchique que les lois et règlements d'urbanisme mis en place ces dernières décennies tentent de limiter désormais.
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 30,6 %, soit en dessous de la moyenne départementale (32,5 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 29,4 % la même année, alors qu'il est de 29,8 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 6 377 hommes pour 6 953 femmes, soit un taux de 52,16 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,41 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Hommes | Classe d’âge | Femmes |
---|---|---|
0,4 | 90 ou + | 2,1 |
8,2 | 75-89 ans | 11,0 |
18,2 | 60-74 ans | 18,7 |
23,9 | 45-59 ans | 23,2 |
16,2 | 30-44 ans | 16,6 |
14,0 | 15-29 ans | 12,1 |
19,0 | 0-14 ans | 16,4 |
Hommes | Classe d’âge | Femmes |
---|---|---|
0,7 | 90 ou + | 2 |
7,4 | 75-89 ans | 11,5 |
18,4 | 60-74 ans | 19,4 |
21 | 45-59 ans | 19,9 |
17,9 | 30-44 ans | 16,6 |
17,2 | 15-29 ans | 14,9 |
17,4 | 0-14 ans | 15,6 |
Plougastel compte cinq écoles maternelles :
Cinq écoles primaires :
Deux collèges :
Pour ce qui est des lycées, les deux principaux lycées de secteur sont, le lycée de l'Iroise (public) et le lycée Charles-de-Foucauld (privé), tous les deux situés à Brest. Cependant, de nombreux élèves sont scolarisés dans d'autres lycées Brestois (lycée de Kerichen, lycée Vauban...) ainsi qu'au lycée de l'Elorn, à Landerneau.
La ville de Plougastel est dotée de nombreuses structures accueillant les enfants :
L'adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le 28 octobre 2005. Le label de niveau 1 a été décerné à la commune le 21 avril 2006 et celui de niveau 2 le 14 janvier 2011.
La langue bretonne est enseignée dans les établissements privés, de la maternelle au collège, ainsi que dans les établissements publics, avec le groupe scolaire maternelle et primaire Goarem-Goz, et le collège de la Fontaine-Blanche, offrant tous les deux des filières bilingues. Plougastel comporte le plus grand nombre d'inscrits dans le bilingue de la région avec près de 15,64 % d'inscrits en 2008. À la rentrée 2017, 443 élèves étaient scolarisés dans les classes bilingues (soit 22,9 % des enfants de la commune inscrits dans le primaire)[136]. À la rentrée 2018, 457 élèves sont inscrits dans les écoles Diwan ou bilingues de la commune (24,7 % des effectifs scolaires en primaire)[réf. nécessaire].
L'activité économique réside dans les cultures de la tomate et de la fraise (entre autres la variété « gariguette »[138], valorisée en particulier par la société Savéol).
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Blason de Plougastel-Daoulas : |
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Le costume traditionnel des habitants de Plougastel a été ainsi décrit en 1835 par Abel Hugo :
« L'habillement de l'habitant de Plougastel imprime à sa physionomie quelque chose d'étrange et d'antique. Un bonnet de forme phygienne, de couleur brun-clair, recouvre sa tête ornée de cheveux touffus et flottants sur les épaules. Une large capote de laine, descendant à mi-cuisse, et garnie d'un capuchon, retombe sur un gilet qu'entoure une série de mouchoirs de Rouen ; des pantalons très larges, et à poches latérales, forment le complément de ce vêtement singulier qui ressemble beaucoup à celui que nos peintres modernes donnent aux Albanais.
Le costume des femmes montre moins de variété que celui des hommes ; la coiffure forme la plus grande différence, car leur habillement ordinaire se compose principalement de jupons à gros plis, de tabliers à carreaux, de corsets découpés et ornés de couleurs sur toutes les coutures, et de mouchoirs de cou plus ou moins amples. [...] La coiffure des femmes de Plougastel est la plus coquette : les longues barbes empesées qu'elles portent sur le front retombent sur le cou et se relèvent ensuite, par derrière, jusqu'au sommet de la tête où, artistement rangées, elles présentent la forme carrée du chapska polonais[139]. »
Le costume de Plougastel est l'un des plus colorés de Bretagne, sauf pour les veuves qui ont généralisé le noir après l'hécatombe démographique de la Première Guerre mondiale[57]
La coutume à Plougastel était de grouper les mariages[141] ; par exemple le , 26 mariages sont célébrés le même jour[142] ; le 46 mariages et en 1896 34 mariages, sont célébrés le même jour, plusieurs milliers de personnes assistant à la cérémonie et aux banquets[143] ; le , 26 mariages sont célébrés le même jour ; le , 46 mariages sont célébrés à la fois et 43 le . Ceci explique les groupes de mariés visibles sur les photographies ci-dessus. Voici un récit du mariage groupé de 1902 :
« Les différents cortèges de mariés, portant fièrement leurs éclatants costumes, arrivaient précédés des binious et des bombardes enrubannés. Les parents se réunissaient sur la grand'place et les cortèges pénétraient lentement dans l'église paroissiale, étincelante de lumière. On admirait au passage des costumes d'une richesse inouïe, où les soies vertes, le rouge, l'orange, le jaune, le mauve, etc., toute la gamme des couleurs passait devant les yeux émerveillés. L'abbé Illiou, curé-doyen de Plougastel-Daoulas, entouré de ses vicaires, a donné la bénédiction nuptiale aux jeunes époux agenouillés devant l'autel. La vieille église, vaste pourtant, était à peine suffisante pour contenir les trois mille parents et invités. La cérémonie était terminée vers dix heures. De nombreux photographes, professionnels et amateurs, étaient groupés sur la place de l'église, les objectifs braqués vers le portail, pour saisir les nouveaux mariés qui s'y prêtaient d'ailleurs de bonne grâce. Quelques couples faisaient le tour du Calvaire [...], puis c'était la réunion dans les débits et restaurants du bourg, où les servantes de fermes offraient des jattes de lait et de la crème aux nouveaux mariés. Ainsi le veut la tradition[144]. »
La suite de ce texte narre les banquets traditionnels, qui commençaient vers trois heures de l'après-midi, les plats abondants dont le « far » breton, les bardes plus ou moins mendiants venus chanter, les danses traditionnelles, etc. Les festivités de ce mariage groupé durèrent jusqu'au 19 janvier.
Bien entendu, les couples devaient avant l'église passer à la mairie pour les mariages civils, qui étaient célébrés en cascade les jours précédents comme l'illustre cet extrait d'un article de 1895 : « lundi et mardi, M.Nicole, maire de Plougastel, a procédé aux mariages civils à la mairie : la cérémonie a demandé toute la matinée du lundi et mardi de 8 heures à midi ; quarante-six fois le maire a lu le Code au dehors, une foule énorme attendait les nouveaux mariés[8].»
Le lendemain du mariage religieux, un service (= cérémonie religieuse) réunissait tous les nouveaux mariés à l'église et on priait pour les morts de la famille ; ensuite la fête recommençait pour cinq ou six jours[145].
Les textes intégraux du récit des mariages groupés de 1901, publié dans le journal Le Gaulois, et 1902, publié dans le journal Ouest-Éclair, sont aussi consultables[146]. Les derniers mariages groupés ont été célébrés en 1937.
Les hameaux étaient regroupés en breuriez, confréries à base territoriale impliquant collectivement le culte des morts et l'entraide aux vivants. La cérémonie du Breuriez est un rituel commémoratif qui se déroule chaque 1er novembre.
La nuit de la Saint-Jean, les Plougastellenn avaient l'habitude d'allumer des feux imposants, comme celui que décrit Eugène Parès en 1886 :
« Le plus animé, le plus brillant des feux de la côte, était certainement celui allumé devant la petite chapelle de Saint-Jean, vieil édifice bâti à quelques mètres du rivage que des lames fortes et impétueuses baignent toujours. Le feu, allumé en face du porche, jetant au ciel ses panaches ondoyants de flammes et de fumée que la brise du soir faisait flamber joyeusement, reflétait ses lueurs ardentes sur les pierres grises et rongées de la chapelle [...]. Une multitude de paysans, de pèlerins, accourus de bien loin pour assister à la première messe qui devait ouvrir le pardon, causaient autour du brasier, ou répondaient aux prières que les vieillards récitaient pour le repos des âmes de ceux qui manquaient la fête annuelle. Plus loin se voyaient les silhouettes blanches des baraques des marchands forains et, dans les champs voisins, des restaurateurs, en plein vent, préparaient à la lueur des torches, des aliments pour le nombre considérable des visiteurs, qui, le lendemain, devaient affluer au pardon, un des plus considérables de la Bretagne[147]. »
Le journal L'Ouest-Éclair écrit le :
« La côte de Plougastel offrait hier soir, à la nuit tombée, un bien curieux aspect. Çà et là de longues gerbes de flammes montaient vers le ciel. C'étaient les feux que, par suite d'une antique coutume, on allume chaque année en Bretagne, en l'honneur de la Saint Jean. Du haut du cours d'Ajot, du port de Commerce et de la place de Kerjean-Vras, le spectacle était féérique ! Aussi, nombreux étaient les Brestois qui s'attardaient pour jouir de ce spectacle pittoresque. À Brest même, au Gaz, au Pilier-Rouge, à Lambézellec et à Saint-Pierre-Quilbignon, des feux ont été allumés et des groupes joyeux se sont formés pour danser de gaies farandoles[148]. »
Le Bagad Plougastell est une formation de musique traditionnelle bretonne. L'ensemble comporte aussi un bagad école, le Bagadig, formé par l'association "Ribl An Elorn".
Le cercle celtique Bleunioù Sivi fondé en 1946, est animé notamment par Lili Bodénès.
Trois autres petits ports existent au Passage, à Keraliou et à Porsmeur[155].
Les ports de la presqu'île abritent quelques voiliers remarquables, comme :
Sur une base en granit jaune de Logonna-Daoulas, environ 180 statues sculptées dans du kersanton de couleur bleue, illustrent des scènes bibliques de la vie du Christ ou des scènes légendaires comme la fameuse Katell Kollet (Catel Collet). Il s'agit d'un des sept grands calvaires de Bretagne[156]. Il a été érigé à la suite de l'épidémie de peste de 1598. Un escalier près du contrefort nord-ouest permet d'accéder à la plate-forme centrale où s'installait autrefois le prédicateur.
Le chanoine Jean-Marie Abgrall a fait une longue description, très détaillée, de ce calvaire[157]. Léon Le Berre a ainsi décrit ce calvaire en 1937 :
« Le calvaire rappelle beaucoup celui de Guimiliau [...] construit quelques années auparavant. Le massif carré aux angles formés de contreforts, pecés d'arcades, accostés des quatre Évangélistes, est surmonté des statues de saint Pierre et de saint Sébastien. un ange recueille le sang du Christ et Longin, le porte-lance, dont la tradition veut qu'une goutte de pluie sacrée l'ait guéri du mal d'yeux, se protège la vue de la main gauche. Sans doute rappelle-t-il ainsi la spécialité pour laquelle l'implora le Moyen Âge, lui l'auteur du drame de la Passion, devenu lui-même un Saint. Un autre converti, digne des soins de l'artiste populaire, est Dixmas, le Bon Larron dont un ange guette l'âme au haut de son gibet. Le diable fait la même offre, pour le brigand impie et blasphémateur[158], même geste, résultat différent. Ainsi qu'à Guimiliau, une foule de personnages, costumés dans le goût du temps, ajoutent au fourmillement de règle dans nos calvaires le pittoresque de l'anachronisme, par exemple ces paysans en bragou-braz (ce vêtement commençait à peine pour la campagne, en 1602), et précédant le cortège avec des binious comme l'a décrit Émile Souvestre. À la vérité, il y a chez ces « santons » de granit moins de truculence peut-être qu'à Guimiliau, mais plus de recueillement aussi dans les scènes où ils participent comme « l'Entrée triomphante de Jésus à Jérusalem »[159]. »
En 1944, lors de l'avancée américaine vers Brest, le calvaire est touché par des obus et plusieurs statues sont détruites ainsi que trois croix. John D. Skilton[160], officier américain, créa dans son pays la Plougastel Calvary Restoration Fund Inc afin de recueillir les fonds nécessaires à la restauration du calvaire. Une autre restauration a eu lieu en 2004.
La presqu'île abrite huit chapelles :
Plusieurs fontaines se trouvent sur le territoire communal :
De nombreux peintres ont été inspirés par les paysages, les costumes ou les coutumes de Plougastel :
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