Le Merlerault est une commune française, située dans le département de l'Orne en région Normandie, peuplée de 772 habitants[Note 1].
Pour les articles homonymes, voir Le Merlerault (race de poule).
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La commune est aux confins du pays d'Ouche, du pays d'Auge, de la plaine d'Argentan, de la campagne d'Alençon et du Perche. Situé sur l'ancienne route nationale 26, son bourg est à 12 km au sud de Gacé, à 14 km au nord-est de Sées, à 27 km à l'est d'Argentan et à 28 km à l'ouest de L'Aigle[1].
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de «climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord», selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[4]. En 2020, la commune ressort du type «climat océanique altéré» dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s’agit d’une zone de transition entre le climat océanique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[5].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000[4]
Moyenne annuelle de température: 9,7°C
Nombre de jours avec une température inférieure à −5°C: 3,9 j
Nombre de jours avec une température supérieure à 30°C: 2,1 j
Nombre de jours de précipitation en janvier: 12,4 j
Nombre de jours de précipitation en juillet: 7,9 j
Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[8] complétée par des études régionales[9] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, «Échauffour», sur la commune d'Échauffour, mise en service en 1968[10] et qui se trouve à 9 km à vol d'oiseau[11],[Note 5], où la température moyenne annuelle est de 10,4°C et la hauteur de précipitations de 828,1 mm pour la période 1981-2010[12].
Sur la station météorologique historique la plus proche[Note 6], «Alençon - Valframbert», sur la commune d'Alençon, mise en service en 1946 et à 33 km[13], la température moyenne annuelle évolue de 10,8°C pour la période 1971-2000[14] à 10,9°C pour 1981-2010[15], puis à 11,3°C pour 1991-2020[16].
Urbanisme
Typologie
Le Merlerault est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 7],[17],[18],[19].
La commune est en outre hors attraction des villes[20],[21].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (91,3% en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (91,4%). La répartition détaillée en 2018 est la suivante:
terres arables (48,1%), prairies (43,2%), forêts (5%), zones urbanisées (3,6%)[22].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes: la carte de Cassini (XVIIIesiècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[23].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Merula en 862 et Merula Radulphi (non daté)[24].
Le toponyme serait issu du latinmerula, « merle », et de l'anthroponyme Raoul[25], baron normand du XIIesiècle.
Le gentilé est Merlurien.
Histoire
Vers l'an 1020[26], Richard de Sainte-Scolasse, seigneur de la région, compagnon d'arme de Richard II de Normandie (dit Richard «l'Irascible» ou Richard le «Bon», duc de Normandie de 996 à 1026), aurait fait don du domaine du Merle à l'un de ses compagnons d'armes, Roger, contre le service de dix chevaliers en temps de guerre[27]. Le prénom d'un descendant de ce Roger, Raoul, Ranulf ou Rault du Merle, sera à l'origine de la terminaison "rault" du nom du bourg[28].
Le bourg devient au Moyen Âge une cité féodale fortifiée[29]. A l'époque du roi Philippe-Auguste, le seigneur du Merle tient cette baronnie directement du roi sous condition que ce dernier puisse marier à sa convenance l'aîné des enfants du Merle[30]. Pendant la guerre de Cent Ans, le bourg est l'objet de combats. Un incendie le dévaste en 1345. En , le château que défend en vain Jean du Merle est conquis et pillé par les troupes du duc de Lancastre [31]. Occupé à nouveau par les Anglais en 1359, il est repris en 1364 par les Français à l'issue de violents combats contre les troupes anglo-navarraises de Ferrando d'Ayens.
Le bourg quitte la famille du Merle à l'occasion du mariage en 1385 d'Agnès du Merle dame du Merle-Raoul et de Gacé avec Jean de la Champagne seigneur d'Avrilly, une forteresse aux défenses considérables. Leur fille Jeanne, décrite par certains comme la plus riche héritière du Cotentin[32], épousera Nicolas Paynel baron de Hambye et de Bricquebec qui transmettra le fief à leur gendre Louis d'Estouteville, gouverneur de Normandie.
Au Moyen Âge, les Montgomery y possèdent un haras.
Au XVesiècle, le bourg est rebâti à deux kilomètres au nord-est de l'ancien village. Un siècle plus tard, Sully et Henri IV y créent le Haras du Roi. En 1665, Louis XIV à l'initiative de Colbert, crée le Haras du Pin, premier dépôt d'étalons de son histoire.
En 1672, un prêtre du Merlerault, Claude Le Febvre, fait de son vivant une donation pour financer une cérémonie annuelle autour du feu de la Saint Jean, paiement de douze fagots et rémunérations des clercs ainsi que des carillonneurs[33]. Il en précise les différentes phases, chants dans l'église, sortie en chantant Inter natos mulierum non surrexit major Joanne Baptista puis le Te Deum, procession, allumage du feu sur la place à huit heures du soir, hymnes à Saint Jean-Baptiste, retour vers l'église en chantant les Laudes, puis le Benedictus et l’oraison du jour.
En 1715, le haras national du Pin est construit pour rassembler en Normandie les haras du Roi. Il remplace les haras royaux du Merlerault et de Montfort-l'Amaury.
Au XVIIesiècle, Le Merlerault devient un des dix-huit relais de poste de la route royale d'Alençon à Rouen (déplacé à Nonant-le-Pin en 1784 à l'achèvement de la nouvelle route 138).
En 1822, Le Merlerault (1 264 habitants en 1821) absorbe Mont-Marcey (133 habitants)[34],[35] à l'ouest de son territoire.
Le , Charles X, fuyant — à la suite des Trois Glorieuses — Rambouillet pour Cherbourg où un paquebot à destination de l'Amérique l'attend (il choisira finalement l'Écosse puis la Bohême), est rejoint au Merlerault par le colonel Caradoc, émissaire britannique de Louis-Philippe, qui lui remet la proposition de confier au nouveau pouvoir l'héritier du trône, le duc de Bordeaux, ce que sa mère, la duchesse du Berry et son grand-père refusent.
La première pierre des halles est posée en 1831. La gare du Merlerault, sur la ligne Paris - Granville, est ouverte en 1868.
Le , la place de la mairie est détruite par l'explosion de trois camions américains remplis de munitions. Elle est reconstruite mieux qu'à l'identique.
En 2022, la commune du Merlerault envisage de fusionner avec d'autres municipalités voisines afin de former une commune nouvelle[36].
Héraldique
Armes de la ville du Merlerault: D'argent à un merle de sable, à un chef d'azur chargé d'un cœur d'argent accosté de deux fleurs de lis d'or.
Le conseil municipal est composé de quinze membres dont le maire et trois adjoints[41].
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10000habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinqans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[42]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[43].
En 2019, la commune comptait 772 habitants[Note 8], en diminution de 12,87% par rapport à 2013 (Orne: −3,08%, France hors Mayotte: +2,17%).
Le Merlerault a compté jusqu'à 1 486 habitants en 1866.
Évolution de la population [modifier]
1793
1800
1806
1821
1836
1841
1846
1851
1856
1 198
1 222
1 317
1 264
1 451
1 449
1 447
1 425
1 347
Évolution de la population [modifier], suite (1)
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1 367
1 486
1 328
1 327
1 282
1 277
1 269
1 270
1 257
Évolution de la population [modifier], suite (2)
1906
1911
1921
1926
1931
1936
1946
1954
1962
1 248
1 270
1 132
1 209
1 157
1 132
1 071
1 100
1 165
Évolution de la population [modifier], suite (3)
1968
1975
1982
1990
1999
2005
2006
2010
2015
1 139
1 097
1 058
974
960
907
913
906
834
Évolution de la population [modifier], suite (4)
2019
-
-
-
-
-
-
-
-
772
-
-
-
-
-
-
-
-
De 1962 à 1999: population sans doubles comptes; pour les dates suivantes: population municipale. (Sources: Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[34] puis Insee à partir de 2006[44].)
Histogramme de l'évolution démographique
Économie
Article détaillé: Poule du Merlerault.
L'herbe du Merlerault, particulièrement grasse, a toujours été favorable à l'élevage des chevaux. Les nombreux haras aux alentours sont les successeurs des haras Montgomery au Moyen Âge et des haras royaux d'Henri IV.
Lieux et monuments
Ensemble castral du Château Clos, inscrit aux Monuments historiques[45].
Borne du champ de saint Nicolas rappelant l'existence de la collégiale Saint-Nicolas fondée à la fin du XIesiècle par Guillaume du Merle pour abriter une relique de saint Nicolas de Myre dont le corps avait été transféré de Turquie à Bari en 1087 par les Normands.
À 5 km du Merlerault subsistent également quelques vestiges de l'abbaye de Sainte-Marie de La Genevraye fondée vers 1160 par Fouque II baron du Merle et de Messei, dont la probable statue gisante est exposée au Philadelphia Museum of Art[46]. Les moines qui s'y établirent étaient des bénédictins de l'abbaye de Hambye.
Église Saint-Martin du XVesiècle, abritant un ensemble maître-autel-retable-tabernacle et une statue de saint Jean-Baptiste du XVIIIesiècle classés à titre d'objets aux Monuments historiques[47],[48].
Vestiges de l'église Saint-Pierre-ès-Liens de Montmarcé du XIIesiècle.
L'hôtel Sainte-Barbe, situé sur la place de l'Hôtel-de-Ville.[pertinence contestée]
Activités et manifestations
Sports
L'Association sportive Le Merlerault-Nonant-le-Pin fait évoluer une équipe de football en ligue de Basse-Normandie et une autre en division de district[49].
Jumelages
Collingbourne Ducis(Royaume-Uni)depuis 1992.
Personnalités liées à la commune
Ranulf du Merle, seigneur du Merle-Raoul et baron de Morpeth dans le Northumberland vers 1129.
Foulques du Merle, seigneur du Merle-Raoul, maréchal de France en 1302.
Pierre-René-Léonard Delaunay (1764 au Merlerault-1829), homme politique.
François Pouqueville (1770 au Merlerault - 1838), médecin, diplomate, voyageur et écrivain.
Louis-Edmond Guitry, né le de paysans normands au Merlerault, décédé en 1889 au Merlerault, dans une maison située dans l'actuelle impasse des Écoles. Petit commerçant venu à Paris, marié à Adelaïde Nourry, père de 4 enfants dont le dernier, Lucien, est le père de Sacha Guitry.
Léon Labbé (1832 au Merlerault - 1916), médecin et homme politique (élu sénateur de l'Orne en 1892). Membre de l'Académie de médecine en 1879 et de l'Académie des sciences.
Spire Blondel (1836 au Merlerault - 1900), écrivain d'art.
Léon Blotière (1888 à Camembert - 1936 au Merlerault), figure du braconnage dans le bocage[50].
Charles du Haÿs, Le Merlerault: ses herbages, ses éleveurs, ses chevaux, et le Haras du Pin. la Plaine d'Alençon-le Mesle-sur-Sarthe, Paris, Librairie agricole de la maison rustique, , 180p.
Jean-Pascal Foucher, «Marché pour la construction du retable de l'église Saint-Martin du Merlerault 27 janvier 1662», dans 1000 ans de Normandie, Gand, Snoeck, (ISBN978-94-6161-367-7), p.276-277
Les normales servent à représenter le climat. Elles sont calculées sur 30 ans et mises à jour toutes les décennies. Après les normales 1971-2000, les normales pour la période 1981-2010 ont été définies et, depuis 2021, ce sont les normales 1991-2020 qui font référence en Europe et dans le monde[6].
L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critère de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomètres[7].
La distance est calculée à vol d'oiseau entre la station météorologique proprement dite et le chef-lieu de commune.
Par station météorologique historique, il convient d'entendre la station météorologique qui a été mise en service avant 1970 et qui est la plus proche de la commune. Les données s'étendent ainsi au minimum sur trois périodes de trente ans (1971-2000, 1981-2010 et 1991-2020).
Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
Population municipale légale en vigueur au 1erjanvier2022, millésimée 2019, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1erjanvier2021, date de référence statistique: 1erjanvier2019.
Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, «Les types de climats en France, une construction spatiale», Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no501, (DOIhttps://doi.org/10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
IGN, «Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes.», sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Larousse, .
René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Condé-sur-Noireau, Éd. Charles Corlet, (ISBN2-905461-80-2), p.172.
Dictionnaire du pays d’Argentan n° 137, mars 1965, Rousseau.
La Normandie bénédictine au temps de Guillaume le Conquérant (XIesiècle), Louis Gaillard, 1967.
Roger du Merle s'allie par mariage au clan des Giroie, en rivalité et parfois en guerre contre ses puissants voisins les seigneurs de Bellême (cf. Une famille aristocratique aux confins de la Normandie: Les Géré au XIe siècle, Jean-Marie Maillefer, Cahier des Annales de Normandie de 1985 Vol 17 pp. 175-20.
Bulletin de la société historique et archéologique de l'Orne, 1886.
Le Grand dictionnaire géographique, historique et critique, M. Bruzen de la Martinière, les libraires associés, 1768.
Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne de 1903: Selon Ch. Vérel, Jean du Merle, seigneur du Merlerault, Gacé, Médavy, Champault et autres lieux, eut la douleur de voir les Anglais allumer en 1345 un incendie qui détruisit en partie le bourg du Merlerault et au mois de juin 1356, son château emporté d'assaut et pillé par le duc de Lancastre. L'infortuné du Merle, fait prisonnier, fut interné dans le fort de Thubeuf, et y demeura jusqu'au moment où les moines de Saint-Evroult consentirent à lui prêter le montant de sa rançon.
Revue catholique de Normandie, 7eannée, 1932.
«Cure du Merlerault», in Archives départementales, série G, Alençon, cité in L. Duval, Gargantua en Normandie: étude archéologique et philologique., Marchand-Saillant, Alençon, 1880.
Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, «Notice communale: Mont-Marcey», sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
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