Guémené-sur-Scorff [gemne syʁ skɔʁf] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne. Située en Argoat, elle est considérée comme la capitale du Pays Pourlet. Elle doit aujourd'hui surtout sa renommée à sa spécialité gastronomique : l'andouille de Guémené. Elle fait partie des Petites Cités de Caractère[1].
Pour les articles homonymes, voir Guémené.
Guémené-sur-Scorff | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() Blason |
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Administration | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Pays | ![]() |
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Région | Bretagne | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Département | Morbihan | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Arrondissement | Pontivy | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Intercommunalité | Communauté de communes Roi Morvan Communauté | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Maire Mandat |
René Le Moullec 2020-2026 |
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Code postal | 56160 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Code commune | 56073 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Démographie | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Gentilé | Guémenois, Guémenoise | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Population municipale |
1 060 hab. (2019 ![]() |
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Densité | 906 hab./km2 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Population agglomération |
25 412 hab. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Géographie | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Coordonnées | 48° 04′ 09″ nord, 3° 12′ 06″ ouest | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Altitude | 137 m Min. 118 m Max. 180 m |
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Superficie | 1,17 km2 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Type | Commune rurale | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Élections | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Départementales | Canton de Gourin | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Législatives | Sixième circonscription | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Localisation | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Liens | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Site web | www.guemene-sur-scorff.com | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Le nom de la localité est attesté sous la forme Kemenet-Guégant en 1160[2].
Le premier élément est issu du vieux breton kemenet. Le mot breton kemenet est le participe passé de kemen « mander », « commander », « ordonner » issu du verbe latin commendare d'après Joseph Loth[2], signifiant entre autres « faire valoir, donner de la valeur » d'où par extension le sens de kemenet « fief, bénéfice »[2]. Le second élément Guégant est un anthroponyme[2] (cf. Histoire, ci-dessous). Le sens global est donc « fief de Guégant ».
Le nom de la commune est une homophonie fortuite avec Guémené-Penfao d'après Albert Dauzat et Charles Rostaing qui est un ancien Wenmened (Wenmened, id est Candidus Mons en 1123) composé de gwenn « blanc » et menez « mont, montagne »[2].
Guémené devient Guémené-sur-Scorff en 1961. Le nom breton de la commune est Ar Gemene (prononcé [ɟəmne]).
Le territoire de la commune de Guémené-sur-Scorff est en grande partie enclavé dans celui de la commune de Locmalo, qui la borde au nord, à l'est et au sud. À l'ouest coule le Scorff, qui sert de frontière avec la commune de Ploërdut. Avec une superficie de seulement 117 hectares, son territoire se limite à la petite ville proprement dite. L'espace non bâti est très réduit. Avec une population de 1 060 habitants en 2019, la densité de population s'élève d'ailleurs à 906 habitants/km2, une valeur élevée comparable à celle d'une ville comme Lanester.
La ville est bâtie sur un terrain vallonné. Le sommet de la colline de Mané Pichot, autrefois couvert de landes et de bruyères, constitue le point le plus élevé de la commune (180 mètres). Le Scorff coule en contrebas de la ville. Ce site a été probablement choisi à l'origine pour son intérêt défensif, les eaux du Scorff servant à alimenter en eau les douves du château. La ville s'est en effet développé à proximité du château féodal des seigneurs de Guémené. Un cours d'eau de taille plus modeste, le ruisseau du Maçon en Dour, arrose la commune au sud et se jette dans le Scorff.
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Guémené-sur-Scorff est situé dans le nord-ouest du département du Morbihan, à l'intérieur des terres (en Argoat), à une quarantaine de kilomètres du littoral atlantique.
Le tableau ci-dessous donne la distance à vol d'oiseau exprimée en km de plusieurs villes françaises, ainsi que leur orientation.
Ville | Pontivy | Le Faouët | Hennebont | Lorient | Vannes | Saint-Brieuc | Quimper | Brest | Rennes | Nantes | Paris | Strasbourg |
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Distance
Orientation |
18 km
(E) |
21 km
(O) |
30 km
(S) |
38 km
(S) |
57 km
(S-E) |
59 km
(N-E) |
68 km
(O) |
101 km
(N-O) |
113 km
(E) |
155 km
(S-E) |
418 km
(E) |
811 km
(E) |
Le territoire de Guémené-sur-Scorff[3] est situé dans le domaine varisque centre armoricain marqué par la phase orogénique bretonne de l'orogenèse varisque, au début du Carbonifère inférieur, ou Tournaisien, il y a environ 360 Ma. La collision continentale au cours de l'orogenèse varisque proprement dite se traduit dans le Massif armoricain par un métamorphisme général de basse-moyenne pression, formant les gneiss et, schistes et micaschistes, par des phases de cisaillement et par une anatexie générant migmatites et granites. Elle se traduit enfin, par la mise en place de nombreux granites à travers les roches métamorphiques, concomitamment aux cisaillements et à ce métamorphisme[4].
La commune est située sur la bande micaschisteuse Le Faouet - Lignol - Guémené qui correspond à un ensellement entre le massif leucogranitique de Pontivy qui affleure au sud-ouest et le massif leucogranitique septentrional de Ploërdut-Séglien, entaillé par la vallée du Scorff. Cette bande d'âge briovérien est parsemée de pointements granitiques (granite à grain moyen[Note 1] à deux micas en proportion presque égale, biotite et muscovite) et correspond probablement à un accident important, orienté N60, senestre, conjugué du cisaillement sud-armoricain dextre[5]. Guémené-sur-Scorff s'est bâtie dans une crique en forme de fer à cheval dominée par les trois collines granitiques de Sainte-Christine, Mané-Pichot et, plus au nord, de Manéguégan (d'une hauteur respective de 168, 179 et 227 mètres).
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[6]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[7].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[10] complétée par des études régionales[11] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Pontivy », sur la commune de Pontivy, mise en service en 1968[12] et qui se trouve à 16 km à vol d'oiseau[13],[Note 5], où la température moyenne annuelle est de 11,4 °C et la hauteur de précipitations de 968,4 mm pour la période 1981-2010[14]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Lorient-Lann Bihoue », sur la commune de Quéven, mise en service en 1952 et à 35 km[15], la température moyenne annuelle évolue de 11,6 °C pour la période 1971-2000[16], à 12 °C pour 1981-2010[17], puis à 12,2 °C pour 1991-2020[18].
Guémené-sur-Scorff est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 6],[19],[20],[21]. La commune est en outre hors attraction des villes[22],[23].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (86,6 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (74,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (86,6 %), zones agricoles hétérogènes (13,4 %)[24].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[25].
En 2020 Guémené-sur-Scorff était la commune de Bretagne où le prix médian des maisons était le moins élevé (50 500 euros), près de 10 fois moins qu'à l'Île-aux-Moines, commune où ce prix était le plus élevé[26].
L'histoire de Guémené est en grande partie liée à celle de son château. La ville doit en effet son développement à la présence de ce dernier. Guémené, au début, n'était qu'une simple trève dépendant de la paroisse de Locmalo.
Une motte castrale est construite dans la première moitié du XIe siècle (1022 ou 1050 suivant les sources), par Guégant, fils d'un dénommé Piriou (ou Périou) et neveu d'Alain Canhiart, comte de Cornouaille. Guégant donne son nom au lieu, Kemenet-Guégant[Note 7],[27]. qui n'est d'abord qu'une châtellenie dépendant de La Roche-Périou, en Priziac, et un arrière-fief du comté de Porhoët. Puis, à la mort de son père, Guégant devient à la fois seigneur de Guémené et de la Roche-Périou et fait de ce lieu une grande seigneurie de l'ouest du comté de Vannes. Il a alors pour voisin au sud un autre grand fief, le Kemenet-Héboé[28].
Le fief de Kemenet-Guegant est absorbé au début du XIIe siècle par Alain Ier de Rohan, membre de la famille de Rohan. C'est à cette époque que la motte féodale est remplacée par un château en pierre, comprenant donjon et logis.
Au XIIIe siècle, à la suite du mariage en 1251 de Mabile de Rohan avec Robert de Beaumer, les nouveaux seigneurs entreprennent des travaux importants, notamment la construction d'une tour carrée accolée au logis du château et d'une enceinte de pierres autour de la ville (une tour est dénommée "tour Beaumer").
Le château est assiégé en , dans le cadre de la Guerre de succession de Bretagne (Reynaud, capitaine du château de Guémené, soutient Jean de Montfort), par les Anglais qui pillent la ville et massacrent les habitants ; le roi Édouard III donne le château au capitaine anglais Roger Davis (époux de Jeanne de Rostrenen) qui démantèle le château pour en construire un nouveau, le « chastel anglais » entre 1342 à 1354. Il est acquis par Jean Ier de Rohan et sa femme Jeanne de Navarre, petite-fille du roi Louis X le Hutin par sa mère, le , pour 3 400 sous d'or, aux dépens de Jean, sire de Longueval, et de Jeanne de Beaumetz son épouse. Leur fils Charles de Rohan, premier de la lignée des Rohan-Guémené, hérite du fief en 1384 ; une douzaine de seigneurs issus de cette lignée se succéderont sur le fief de Guémené).
En 1570, le roi Charles IX érige le fief en principauté et les seigneurs de Guémené prennent alors le titre de Princes de Guémené. La principauté reste dans la maison des Rohan, branche des Rohan-Guémené, jusqu'à la Révolution[29]. Le domaine de la principauté de Guémené comprenait le château de Guémené (avec mâchicoulis, canonnières, 8 tours, douves et pont-levis), les halles, le four et l'étang de Locmalo, 117 tenues (principalement en Locmalo, Plouguernével, Saint-Caradec et Trégomel, des forêts en Lignol, des moulins, des landes, des "montagnes", des terres[30].
Le château est attaqué à de nombreuses reprises au cours de sa longue histoire : par les troupes d'Henri Plantagenêt au XIIe siècle, par celles du roi d'Angleterre Édouard III en (le château est incendié) et par les chouans le . Il est occupé par les Anglais pendant la guerre de Succession de Bretagne et par les Espagnols pendant les guerres de la Ligue. Il connaît plusieurs remaniements au cours des siècles. Un premier château en bois voit le jour. A la construction en bois, succède un donjon de pierre. Puis les Anglais, après s'être emparé de la place, font de grands travaux : assèchement des marais et construction d'un nouveau château qui est presque achevé en 1356. Jeanne de Navarre fait construire par la suite une étuve rappelant les thermes romains, connu sous le nom de "Bains de la Reine". Bien que Marie de Rohan le désarme pour en faire un château de plaisance de style Renaissance, il est progressivement délaissé par ses propriétaires à partir du XVIIe siècle. Ceux-ci préfèrent en effet résider sur leurs terres en Touraine ou profiter des fastes de la vie à la cour et ne se rendent plus que rarement sur leurs terres guémenoises[31]. Le château tombe progressivement en ruines, servant même de carrière pour la construction de maisons ; le donjon est abattu en 1693.
La ville est décrite comme moult riche, pleine et marchande au XIVe siècle. Elle abrite avant la Révolution une importante population de serviteurs et de fonctionnaires au service des seigneurs de Guémené : fermier général, sénéchal, procureur fiscal, intendant, capitaine du château, notaires. C'est aussi une place marchande renommée pour ses foires. La ville a conservé de cette époque un grand nombre de maisons ainsi que l'auditoire, qui servit un temps de mairie, et fait maintenant office de médiathèque. Des halles, attestées dès 1634, situées sur l'actuelle place Joseph-Loth, sont démolies en 1923 pour des raisons d'insalubrité.
Contre Guémené, Mercier, un chef chouan, réunit 1500 hommes. La ville était gardée par trois cents grenadiers. À 4 heures du matin, les Chouans pénètrent dans la ville, surprennent les grenadiers. Ils restèrent dans celle-ci jusqu'à six heures. Ils repartirent en emmenant 30 morts, 50 blessés et 30 prisonniers : ceux-ci furent relâchés après avoir crié « Vive le roi ! »[32].
Le château devient bien national.
En 1843 le château est acquis par la famille de Launay, qui fait construire en 1860 une résidence privée, de style néo-classique (c'est l'actuelle mairie), au cœur même de l'ancien château.
Le philosophe Alain décrit ainsi Guémené en 1899 : « Guémené : celui qui n'a pas vécu longtemps en Bretagne ne peut pas saisir ce qu'est la terre sauvage. La culture est l'exception. Des collines couvertes d'ajoncs, de pins, des sources qui coulent à mi-côte et se réunissent au fond. Des femmes en troupes sur la route, chantant ; des hommes isolés le long de celles-ci. La femelle en société et le mâle seul et triste. Cela est loin de tout et immuable ; on n'a pas à construire le temps passé, on y est »[33].
Quelques habitants de Guémené du début du XXe siècle.
En 1927 un projet de construction de lotissements lancé par la municipalité entraîne le démantèlement de nombreuses parties anciennes du château. Les "bains de la Reine" sont démontés et vendus à un antiquaire de Vitré qui les fait remonter dans sa propriété de la Mériais.
En 2001 le maire Christian Perron fait racheter les "bains de la Reine" qui sont réinstallés à Guémené (seule la chambre d'étuve subsiste, la salle de chauffe et la salle de bain ont disparu).
Français et breton sont parlés dans la commune. Le breton vernaculaire (en voie d'extinction) parlé dans la commune est du type bas vannetais pourlet. Il a été étudié par Malachy McKenna dans A Handbook Of Modern Spoken Breton, 1988.
L’adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le .
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Blasonnement :
Coupé : Écartelé : au un : de gueules à neuf macles d'or, posées 3, 3, 3 (qui est de Rohan) ; au deux : d'hermine (qui est de Bretagne) ; au trois : de sinople à une fasce ondée cousue d'azur ; au quatre : d'une croix engrêlée d'or (qui est de Beaumetz).
Commentaires : Conc. J.-C. Renaud. |
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1800 | 1801 | Jean François Le Guyader | ||
1801 | 1807 | Louis Thomas Le Cloirec | ||
1807 | 1813 | Jean François Le Guyader-Dubotterff | ||
1813 | 1815 | Jean Marie Herpe | ||
1815 | 1821 | Julien Thomas Le Fur | ||
1821 | 1826 | Jean Marie Romain Peuchant | ||
1826 | 1832 | Joseph Louis Godet-Destouches | ||
1832 | 1835 | Jean Marie Romain Peuchant | ||
1835 | 1840 | Pierre Marie Le Gal | ||
1840 | 1853 | Jean Louis de Launay | ||
1853 | 1877 | Julien Peuchant | ||
1877 | 1892 | Louis Frédéric Champenois | ||
1892 | 1897 | Joseph Le Bris | ||
1897 | 1900 | Joseph Moroch | ||
1900 | 1904 | Joseph Le Bris | ||
1904 | 1906 | Charles Le Flahec | ||
1906 | 1911 | Désiré Chardevel | ||
1911 | 1915 | Jean François Daniel | ||
1915 | 1919 | Raphaël Guidy | ||
1919 | 1942 | Eugène Raude | ||
1942 | 1944 | André Le Coguic |
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
1944 | 1945 | Eugène Raude | ||
1945 | 1945 | Louis Le Ravallec | ||
mai 1945 | 1966 (décès) |
Charles Montmayeur | SFIO | |
1966 | 1966 | Jean Le Guennec | ||
1966 | mars 1983 | Louis Hubert (1908-1994) |
SFIO-PS | Instituteur, syndicaliste |
mars 1983 | mars 2001 | Jean Moec | PS | Conseiller général du canton de Guémené-sur-Scorff (1985-1992) |
mars 2001 | avril 2014 | Christian Perron | PCF | Conseiller général du canton de Guémené-sur-Scorff (2004-2011) |
mars 2014 Réélu en 2020[34] |
En cours | René Le Moullec | DVG | Cadre supérieur |
Guémené-sur-Scorff comptait 1 500 communiants à la fin du XVIIIe siècle selon le géographe Jean Ogée. La population de la ville a augmenté de façon régulière au cours du XIXe siècle. Au recensement de 1946, juste au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la population de la ville semble artificiellement gonflée. La ville de Lorient et ses alentours avaient été en effet vidé d'une grande partie de leur population en raison des bombardements des alliés. Un grand nombre d'habitations ayant été détruites, la ville de Guémené-sur-Scorff avait accueilli temporairement certains de ces sans domiciles. Après 1954 la population de la ville s'est mise à décliner.
L'Argoat est devenu attractif pour la population d'origine britannique (du moins avant le Brexit) : selon l'INSEE, en 2016, les cinq bassins de vie bretons où la part de la population de nationalité anglaise étaient les plus nombreux étaient dans l'ordre ceux de Callac (7,8 %), Huelgoat (6,8 %), Guémené-sur-Scorff (5,1 %), Rostrenen (4,7 %) et Merdrignac (3 %)[35], en partie à cause de la modicité des prix de l'immobilier en Bretagne intérieure.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[36]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[37].
En 2019, la commune comptait 1 060 habitants[Note 8], en diminution de 6,28 % par rapport à 2013 (Morbihan : +2,97 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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1 261 | 1 312 | 1 192 | 1 349 | 1 483 | 1 560 | 1 609 | 1 644 | 1 572 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 504 | 1 567 | 1 672 | 1 528 | 1 571 | 1 470 | 1 638 | 1 865 | 1 868 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 975 | 2 027 | 2 085 | 1 921 | 1 923 | 1 824 | 2 022 | 2 575 | 2 012 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2007 | 2012 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 743 | 1 831 | 1 693 | 1 555 | 1 332 | 1 205 | 1 235 | 1 237 | 1 138 |
2017 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 061 | 1 060 | - | - | - | - | - | - | - |
De l'ancien château, demeure des seigneurs de Guémené, ne subsistent[40] plus aujourd'hui que la tour Prison issue du « chastel anglais », la porterie dite Porte des Rohan[Note 9] du XVIe siècle (à l'intersection de la rue du château et la rue Joseph Le Calve[Note 10]) et, à l'intérieur de l'enceinte à mâchicoulis, quelques pans de murs ou fragments de pièces dans lesquels se trouvent des portes géminées et une excavation appelée « bain de la Reine Anne » (dans un jardin privé d'une habitation du 19, rue du Château)[Note 11]. Les pavillons modernes d'un quartier résidentiel ainsi que l'hôtel de ville occupent aujourd'hui les lieux où celui-ci se dressait autrefois.
Un aveu de 1682 décrit de la façon suivante le château : le château de Guémené clos et fermé de puissants murs[Note 12], garnis de mâchicoulis et cannoniers, de huit tours et pavillons, avec plusieurs corps de logis, environnés et renfermés de douves et fossés, larges et profonds et pleins d'eau, fermant à pont-levis ; l'étendue duquel contient en fonds, compris les douves, quatre journaux et demi[41].
Un procès-verbal dressé le par les autorités de la ville signale déjà l'état d'indigence des bâtiments : le pont du château est à refaire, les tours et le grand corps de logis sont en aussi mauvais état intérieur qu'extérieur. En 1670 commence la récupération des pierres des courtines et du grand logis. En 1694 le donjon est démoli car il menace ruine. En 1843, les Guémené-Rohan vendent le château dont les toits et les planchers ont alors entièrement disparu. Dans la cour transformée en jardin, les propriétaires, les Juttard-Lannivon, construisent en 1860 un nouveau bâtiment qui accueille aujourd'hui la mairie. La forteresse laissée sans entretien continue à se dégrader. En 1927, le château, dont les ruines sont encore imposantes, est démantelé pour la construction d'un lotissement[42].
La ville de Guémené-sur-Scorff a conservé plusieurs maisons en pierre de taille datant d'avant la Révolution française, principalement situées sur le « Grande Rue[Note 13] » dont le parcellaire en lanières est hérité du XVe siècle). Certaines d'entre elles ont été construites à l'aide des pierres provenant de l'ancien château. Parmi les plus remarquables, nous pouvons citer[43] :
L'église Notre-Dame-de-la-Fosse[Note 15] (XIXe siècle) : elle remplace un édifice plus ancien qui faisait office de collégiale. Cette collégiale, fondée en 1529 sous Marie de Rohan, était constituée de huit chanoines et quatre archiprêtres mais déclina à la suite du délaissement du château par les seigneurs de Guémené. Tombée en ruines, l'église est reconstruite en 1820. Aujourd'hui, seules sont conservées dans l'église les anciennes stalles du chapitre dont les panneaux sculptés servent d'ornements aux autels latéraux.
La principale originalité de l'église Notre-Dame-de-la-Fosse est son absence de clocher. Celui-ci s'est en effet effondré en 1757 faute d'entretien. Pour le remplacer, un clocher-campanile fut construit en 1761 sur une hauteur à une cinquantaine de mètres de distance de l'église. Il s'agit d'une grosse tour carré surmontée d'un dôme.
Le quartier religieux abrite également la Psallette[Note 16], une maladrerie près du presbytère, la fontaine Notre Dame de la Fosse[Note 17].
Guémené-sur-Scorff est citée dans le poème d’Aragon, Le Conscrit des cent villages, écrit comme acte de Résistance intellectuelle de manière clandestine au printemps 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale[44].
Dans la version originale du poème éditée dans La Diane Française, le nom est orthographié Guéméné. Ce nom de village pourrait éventuellement faire référence à Guémené-Penfao
En l'absence d'une appellation d'origine contrôlée, n'importe quel charcutier du Morbihan peut faire une andouille dite « de Guémené ». Aussi, une confrérie des goustiers de l'andouille lutte depuis quelques années pour défendre l'originalité et la qualité de ses produits[45]. Seuls deux maîtres charcutiers implantés à Guémené continuent à produire des andouilles artisanales entièrement faites à la main : la "Maison de l'andouille" et la "Maison Levesque"[46].
La "Fête de l'Andouille" attire chaque année entre 10 000 et 15 000 visiteurs à Guémené (elle n'a pas été organisée en 2019 et 2020 à cause de l'épidémie de Covid-19[47]).
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