Villeneuvette est une commune française située dans le département de l'Hérault, en région Occitanie. Sa manufacture de draps puis d'uniformes militaires à partir de 1803, y est implantée depuis le XVIIe siècle et son histoire se confond avec celle de la commune (dont le nom en occitan est : La Fatura). Créée en 1673 sous Louis XIV, la manufacture de Villeneuvette est déclarée manufacture royale en 1677 par Colbert.
Pour les articles homonymes, voir Villeneuve.
Ce village-usine donne un aperçu concret du volontarisme économique manifesté par le colbertisme (appellation souvent donnée au mercantilisme français). Classée en Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager depuis 1995 pour l'originalité et la qualité de son patrimoine, Villeneuvette comporte plusieurs constructions inscrites à l'inventaire des monuments historiques comme le porche d'entrée, la chapelle et l'aqueduc du « pont de l'Amour ». Plusieurs bâtiments encore existants donnent une idée de la qualité de l'environnement et du logement dont bénéficièrent les ouvriers tisserands et leurs familles dans cette « ville nouvelle » (d'où le nom de Villeneuvette, autrefois « Villeneuve-lez-Clermont ») construite de toutes pièces au XVIIe siècle. L'ancien réseau hydraulique qui alimentait la manufacture depuis Mourèze est partiellement conservé.
Villeneuvette est une commune rurale qui compte 69 habitants en 2019, après avoir connu un pic de population de 401 habitants en 1831. Ses habitants sont appelés les Villeneuvettois ou Villeneuvettoises.
Clermont-l'Hérault | ||
Mourèze | ![]() |
Nébian |
Cabrières | Lieuran-Cabrières |
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat méditerranéen franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[1]. En 2020, la commune ressort du type « climat méditerranéen » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Pour ce type de climat, les hivers sont doux et les étés chauds, avec un ensoleillement important et des vents violents fréquents[2].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré suivant[1].
|
Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[4] complétée par des études régionales[5] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Octon », sur la commune d'Octon, mise en service en 1998[6]et qui se trouve à 9 km à vol d'oiseau[7],[Note 3], où la température moyenne annuelle est de 14,9 °C et la hauteur de précipitations de 942,8 mm pour la période 1981-2010[8]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Sete », sur la commune de Sète, mise en service en 1949 et à 33 km[9], la température moyenne annuelle évolue de 15 °C pour la période 1971-2000[10], à 15,4 °C pour 1981-2010[11], puis à 15,8 °C pour 1991-2020[12].
Le réseau Natura 2000 est un réseau écologique européen de sites naturels d'intérêt écologique élaboré à partir des directives habitats et oiseaux, constitué de zones spéciales de conservation (ZSC) et de zones de protection spéciale (ZPS)[Note 4]. Un site Natura 2000 a été défini sur la commune au titre de la directive habitats[14] :
et un au titre de la directive oiseaux[14] :
L’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire. Deux ZNIEFF de type 1[Note 5] sont recensées sur la commune[17] : le « massif de la Ramasse » (391 ha), couvrant 3 communes du département[18] et les « mines de Villeneuvette » (175 ha), couvrant 2 communes du département[19] et une ZNIEFF de type 2[Note 6],[17] : le « massif de Mourèze et la plaine agricole et garrigues de Péret » (8 126 ha), couvrant 13 communes du département[20].
Villeneuvette est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 7],[21],[I 1],[22]. La commune est en outre hors attraction des villes[I 2],[I 3].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (76 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (76,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (65,2 %), cultures permanentes (23,8 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (10,8 %), zones agricoles hétérogènes (0,2 %)[23].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Le territoire de la commune de Villeneuvette est vulnérable à différents aléas naturels : météorologiques (tempête, orage, neige, grand froid, canicule ou sécheresse), inondations, feux de forêts et séisme (sismicité faible). Il est également exposé à un risque technologique, le transport de matières dangereuses, et à un risque particulier : le risque de radon[24]. Un site publié par le BRGM permet d'évaluer simplement et rapidement les risques d'un bien localisé soit par son adresse soit par le numéro de sa parcelle[25].
Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par le risque d’inondation par débordement de cours d'eau, notamment la Dourbie. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations et coulées de boue survenues en 1982 et 2015[26],[24].
Villeneuvette est exposée au risque de feu de forêt. Un plan départemental de protection des forêts contre les incendies (PDPFCI) a été approuvé en juin 2013 et court jusqu'en 2022, où il doit être renouvelé. Les mesures individuelles de prévention contre les incendies sont précisées par deux arrêtés préfectoraux et s’appliquent dans les zones exposées aux incendies de forêt et à moins de 200 mètres de celles-ci. L’arrêté du réglemente l'emploi du feu en interdisant notamment d’apporter du feu, de fumer et de jeter des mégots de cigarette dans les espaces sensibles et sur les voies qui les traversent sous peine de sanctions. L'arrêté du rend le débroussaillement obligatoire, incombant au propriétaire ou ayant droit[Note 8],[27].
Le retrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer des dommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes de sécheresse et de pluie. 67,9 % de la superficie communale est en aléa moyen ou fort (59,3 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 50 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 50 sont en en aléa moyen ou fort, soit 100 %, à comparer aux 85 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national au retrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site du BRGM[28],[Carte 2].
Par ailleurs, afin de mieux appréhender le risque d’affaissement de terrain, l'inventaire national des cavités souterraines permet de localiser celles situées sur la commune[29].
Le risque de transport de matières dangereuses sur la commune est lié à sa traversée par des infrastructures routières ou ferroviaires importantes ou la présence d'une canalisation de transport d'hydrocarbures. Un accident se produisant sur de telles infrastructures est susceptible d’avoir des effets graves sur les biens, les personnes ou l'environnement, selon la nature du matériau transporté. Des dispositions d’urbanisme peuvent être préconisées en conséquence[30].
Dans plusieurs parties du territoire national, le radon, accumulé dans certains logements ou autres locaux, peut constituer une source significative d’exposition de la population aux rayonnements ionisants. Certaines communes du département sont concernées par le risque radon à un niveau plus ou moins élevé. Selon la classification de 2018, la commune de Villeneuvette est classée en zone 2, à savoir zone à potentiel radon faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments[31].
La commune est connue sous la variante « Villenouvette »[32].
La manufacture de Villeneuvette est créée en 1673 sur l'initiative privée de Pierre Baille, marchand de Clermont-Lodève. Elle va connaître un essor favorable à partir de 1675, ce qui se traduit par de nouvelles constructions. Le [33], le site devient manufacture royale et s'étend progressivement sur le territoire des paroisses avoisinantes. Colbert accorde sa protection à l'entreprise en échange d'une réglementation stricte de la qualité des produits (fabrication de draps fins de couleurs vives). Dans la lignée du mouvement mercantiliste, les produits sont destinés à l'exportation et à faire pièce à la prépondérance anglo-hollandaise dans le commerce du textile aux pays du Levant et du bassin méditerranéen.
Après avoir cessé son activité en 1699, plusieurs propriétaires se succèdent : peu après 1725, sous Castanier d'Auriac, la manufacture emploie 800 personnes dont 300 résident à Villeneuvette. Le travail se faisant à la maison, chaque tisserand et sa famille disposent d'un logement propre dans lequel le métier est installé au rez-de-chaussée, et le logement à l'étage. La manufacture de Villeneuvette réalise alors 300 à 400 000 livres de chiffre d'affaires et expédie chaque année en direction du Levant 120 ballots de drap. Quarante-sept logements supplémentaires, des foulons, une teinturerie et des magasins sont construits. Un jardin à la française orné d'un buffet d'eau est aménagé. Pendant près de deux siècles la manufacture est considérée comme l'une des plus florissantes manufactures textiles de la région.
Mais les fréquents changements de propriétaires et la survenance de la période révolutionnaire provoquent le déclin du site. En 1793, la manufacture de Villeneuvette est achetée dans un état délabré par Denis Gayraud, qui entreprend sa remise en état.
À sa mort, Joseph Maistre, mari de l'une des trois nièces de Gayraud, héritières de l'entreprise, rachète la part de ses deux belles-sœurs. La manufacture désormais régie par Joseph, puis son fils Hercule Maistre, devient une sorte de modèle industriel, économique et social. Cependant la manufacture - qui a abandonné la production de draps fins de couleurs vives qui faisait son renom - devient dépendante des commandes publiques (draps d'habillement pour l'armée à partir de 1803, ainsi que d'ordres religieux, lycées ou équipement des wagons de chemin de fer). Poursuivant son activité jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle, son site est inscrit depuis 2014 au titre des monuments historiques[34].
Parmi les personnalités les plus marquantes de ce village, outre Denis Gayraud, on peut citer dans cette dynastie :
Bien entendu il s'agit là du patronat des XIXe et XXe siècles. Force est aussi de reconnaître qu'il existe d'autres personnalités importantes pour l'histoire de la manufacture, puisque celle-ci fut entièrement construite aux XVIIe et XVIIIe siècles par Pouget et Castanier d'Auriac sous l’impulsion d’une politique royale. C'est eux qui donnèrent au village son architecture classique, exemple tout à fait remarquable de cité idéale. Malheureusement, c’est une part réduite des archives concernant cette époque qui nous est parvenue, celle des XIXe et XXe siècles étant largement plus abondante.
Aux Maistre on doit les transformations du XIXe siècle, stigmates d'une marche en avant vers la modernité. Le fronton de la porte de la manufacture proclame : « Honneur au Travail. ». Une autre devise est visible (appartement privé) dans le grand escalier du pavillon de l'horloge de la maison des maîtres :《 Se coucher de bonne heure et se lever matin, c'est fortune, sagesse et santé. 》Les enfants travaillent dès l'âge de 12 ans, après avoir suivi une instruction scolaire sommaire à l'école payante de Villeneuvette. Enfants et adultes suivent des cours du soir. L'éducation est foncièrement chrétienne. Des services collectifs sont offerts : médecins, sapeurs-pompiers.
Si la manufacture fut prospère au temps des Lumières, l'époque de la révolution industrielle nous rappelle surtout le déclin inexorable des petites cités drapières du Languedoc face aux grands industriels du drap. Néanmoins, il est à noter que la manufacture de Villeneuvette fonctionna à plein régime durant la Première Guerre mondiale, s'étant spécialisée dans l'habillement des militaires depuis 1803.
Parmi les personnalités récentes qui ont vécu à Villeneuvette :
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
mars 1977 | décembre 1983 | Bruno Maistre | ||
décembre 1983 | mars 1995 | Guy Littaye | ||
mars 1995 | mars 2001 | Gérard Maistre | ||
mars 2001 | mars 2008 | Nicolas Mignani | ||
mars 2008 | mai 2020 | Eric Vidal | SE | Retraité de l'enseignement |
mai 2020 | En cours | Jacky Perez | ||
Les données manquantes sont à compléter. |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[35]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[36].
En 2019, la commune comptait 69 habitants[Note 9], en diminution de 1,43 % par rapport à 2013 (Hérault : +7,63 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
169 | 175 | 151 | 169 | 401 | 378 | 392 | 385 | 341 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
384 | 360 | 315 | 267 | 266 | 313 | 309 | 313 | 295 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
300 | 290 | 272 | 197 | 194 | 225 | 185 | 104 | 96 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2008 | 2013 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
94 | 61 | 50 | 75 | 83 | 85 | 69 | 65 | 70 |
2018 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
70 | 69 | - | - | - | - | - | - | - |
2008 | 2013 | 2018 | |
---|---|---|---|
Commune[I 4] | 7,1 % | 12,2 % | 5,3 % |
Département[I 5] | 10,1 % | 11,9 % | 12 % |
France entière[I 6] | 8,3 % | 10 % | 10 % |
En 2018, la population âgée de 15 à 64 ans s'élève à 38 personnes, parmi lesquelles on compte 71,1 % d'actifs (65,8 % ayant un emploi et 5,3 % de chômeurs) et 28,9 % d'inactifs[Note 10],[I 4]. Depuis 2008, le taux de chômage communal (au sens du recensement) des 15-64 ans est inférieur à celui de la France et du département.
La commune est hors attraction des villes[Carte 3],[I 7]. Elle compte 18 emplois en 2018, contre 32 en 2013 et 26 en 2008. Le nombre d'actifs ayant un emploi résidant dans la commune est de 27, soit un indicateur de concentration d'emploi de 66,3 % et un taux d'activité parmi les 15 ans ou plus de 48,3 %[I 8].
Sur ces 27 actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi, 13 travaillent dans la commune, soit 48 % des habitants[I 9]. Pour se rendre au travail, 81,5 % des habitants utilisent un véhicule personnel ou de fonction à quatre roues, 7,4 % les transports en commun, 7,4 % s'y rendent en deux-roues, à vélo ou à pied et 3,7 % n'ont pas besoin de transport (travail au domicile)[I 10].
12 établissements[Note 11] sont implantés à Villeneuvette au [I 11]. Le secteur du commerce de gros et de détail, des transports, de l'hébergement et de la restauration est prépondérant sur la commune puisqu'il représente 58,3 % du nombre total d'établissements de la commune (7 sur les 12 entreprises implantées à Villeneuvette), contre 28 % au niveau départemental[I 12].
1988 | 2000 | 2010 | 2020 | |
---|---|---|---|---|
Exploitations | 4 | 1 | 0 | 3 |
SAU[Note 12] (ha) | 100 | 1 | 0 | 88 |
La commune est dans le « Soubergues », une petite région agricole occupant le nord-est du département de l'Hérault[39]. En 2020, l'orientation technico-économique de l'agriculture[Note 13] sur la commune est la viticulture[Carte 4]. Trois exploitations agricoles ayant leur siège dans la commune sont dénombrées lors du recensement agricole de 2020[Note 14] (quatre en 1988). La superficie agricole utilisée est de 88 ha[41],[Carte 5],[Carte 6].
Sur les autres projets Wikimedia :