Saintes-Maries-de-la-Mer ou Les Saintes-Maries-de-la-Mer est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Pour les articles homonymes, voir Sainte-Marie.
Ne doit pas être confondu avec Sainte-Marie-la-Mer.
Saintes-Maries-de-la-Mer | |
![]() Vue aérienne des Saintes-Maries-de-la-Mer. | |
![]() Blason |
|
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Provence-Alpes-Côte d’Azur |
Département | Bouches-du-Rhône |
Arrondissement | Arles |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette |
Maire Mandat |
Christelle Aillet 2021-2026 |
Code postal | 13460 |
Code commune | 13096 |
Démographie | |
Gentilé | Saintois |
Population municipale |
2 144 hab. (2019 ![]() |
Densité | 5,7 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 43° 27′ 10″ nord, 4° 25′ 43″ est |
Altitude | 4 m Min. 0 m Max. 6 m |
Superficie | 374,61 km2 |
Type | Commune rurale |
Unité urbaine | Saintes-Maries-de-la-Mer (ville isolée) |
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton d'Arles |
Législatives | Seizième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | http://www.lessaintesmaries.fr |
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Capitale de la Camargue, elle est également un lieu de pèlerinage et une station balnéaire de Provence.
Construite autour de son église des XIe et XIIe siècles et longtemps enserrée dans une enceinte, la commune conserve encore aujourd'hui trace de ce passé historique dans la configuration de ses ruelles souvent étroites.
Ses habitants sont appelés les Saintois.
La commune est située dans le sud de la France, sur la côte méditerranéenne, en Camargue, à environ un kilomètre à l'est de l'embouchure du Petit-Rhône, où elle s'étend sur les deux rives, et à 30 kilomètres à vol d'oiseau au sud-ouest d'Arles[1].
La superficie de la commune est de 37 461 hectares ; son altitude varie entre 0 et 6 mètres[2].
Très étendue, c'est la troisième commune de France métropolitaine après Arles, sa voisine[2], et Val-Cenis (Savoie). Elle comprend essentiellement des terres alluviales et des marais. Les terres agricoles sont situées à l'ouest de la commune, le long du petit-Rhône et les marais à l'est où se trouve l'étang du Vaccarès.
Elle est reliée à la ville d'Arles, distante de 38 km, par la RD 570 et à la petite Camargue vers Aigues-Mortes et Montpellier par le bac du Sauvage, le pont de Sylvéréal et le pont de Saint-Gilles. Une piste permet d'accéder au phare de la Gachole puis à ceux de Beauduc et de Faraman.
Il n'y a plus de desserte ferroviaire depuis la disparition des Chemins de fer de Camargue, mais une ligne d'autocars publics permet d'accéder tous les jours à Arles[3].
Saintes-Maries-de-la-Mer est une commune rurale[Note 1],[4]. Elle fait, en effet, partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[5],[6]. Elle appartient à l'unité urbaine de Saintes-Maries-de-la-Mer, une unité urbaine monocommunale[7] de 2 144 habitants en 2019, constituant une ville isolée[8],[9]. La commune est en outre hors attraction des villes[10],[11].
La commune, bordée par la mer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[12]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[13],[14].
Le tableau ci-dessous présente l'occupation des sols détaillée de la commune en 2018, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC).
Type d’occupation | Pourcentage | Superficie (en hectares) |
---|---|---|
Tissu urbain discontinu | 0,4 % | 146 |
Équipements sportifs et de loisirs | 0,1 % | 33 |
Terres arables hors périmètres d'irrigation | 0,8 % | 307 |
Rizières | 6,8 % | 2517 |
Vignobles | 0,1 % | 47 |
Prairies et autres surfaces toujours en herbe | 0,2 % | 69 |
Systèmes culturaux et parcellaires complexes | 5,0 % | 1846 |
Forêts de conifères | 0,4 % | 150 |
Pelouses et pâturages naturels | 0,7 % | 268 |
Forêt et végétation arbustive en mutation | 0,1 % | 39 |
Plages, dunes et sable | 2,6 % | 984 |
Marais maritimes | 34,3 % | 12790 |
Cours et voies d'eau | 1,0 % | 396 |
Plans d'eau | 0,2 % | 76 |
Lagunes littorales | 46,7 % | 17407 |
Mers et océans | 0,4 % | 165 |
Source : Corine Land Cover[15] |
L'occupation des sols simplifiée de la commune en 2018 est la suivante : eaux maritimes (47,2 %), zones humides côtières (34,3 %), terres arables (7,6 %), zones agricoles hétérogènes (5,0 %), espaces ouverts sans ou avec peu de végétation (2,6 %), eaux intérieures (1,3 %), végétation arbustive et/ou herbacée (0,8 %), zones urbanisées (0,4 %), forêts (0,4 %), prairies (0,2 %), cultures permanentes (0,1 %), espaces verts artificialisés (0,1 %). Elle met en évidence l'importance des zones humides côtières (étang de Vaccares) et des eaux maritimes ainsi qu'une faible urbanisation du territoire. Les terres agricoles, qui occupent 12,9 % de la surface communale, sont consacrées principalement à la culture du riz.
En occitan provençal, le nom de la commune est Lei Santas / Lei Santei Marias de la Mar selon la norme classique ou Li Santo / Li Sànti Marìo de la Mar selon la norme mistralienne, en occitan médiéval La Vila de la Mar / Nòstra Dòna de la Mar). La prononciation locale est /li ˈsaŋtɔ/.
La première mention explicite du village qui soit connue date du IVe siècle. Elle nous vient du poète et géographe Avienus, qui au IVe siècle, signalant plusieurs peuplades dans la région, cite oppidum priscum Ra, que le grand historien des Gaules Camille Jullian place à l'endroit de l'actuelle commune. Oppidum signifiant forteresse et priscum ancienne, ce serait donc « l'ancienne forteresse Ra ». Aviennus y voyait le nom égyptien d'une île consacrée à Râ, le dieu du Soleil et père de tous les dieux. Mais, cet oppidum priscum traduit probablement le plus ancien mot gaulois rātis « forteresse » (voir Ratisbonne et Île de Ré).
En 513, le pape Symmaque donne à Césaire le droit de porter le pallium et fait de lui son représentant en Gaule. À cette époque, l'évêque d'Arles évangélise les campagnes encore fortement imprégnées de cultes païens ou romains en transformant si nécessaire d'anciens lieux cultuels en édifices chrétiens. À cette époque où se développe le culte marial, il crée ainsi un monastère de femmes ou une église aux Saintes, ce qui constitue un argument en faveur de la présence d'un temple païen plus ancien en ces lieux. On ne dispose pas de la date exacte de la naissance de cette nouvelle appellation, mais l'on sait que saint Césaire d'Arles a légué par testament, à sa mort en 542, Sancta Maria de Ratis à son monastère.
Le village devint donc Saintes Maries de la Barque (ou Saintes Maries de Ratis), aussi nommé parfois Notre-Dame de la Barque (ou Notre-Dame de Ratis).
Pendant l'hiver 859-860, resté comme le plus rude du IXe siècle, les Vikings hivernent en Camargue et selon toute vraisemblance, aux Saintes, avant d'entreprendre leur razzia dans la basse vallée du Rhône jusqu'à Valence où ils sont arrêtés par Girart de Roussillon.
En septembre 869, les Sarrasins surprennent lors d'un raid en Camargue, l'évêque d'Arles Rotland en train de superviser la mise en défense de la région. L'évêque, fait prisonnier, est échangé contre des armes, des esclaves, et autres richesses. Malheureusement, les Arlésiens ne récupèrent que son cadavre, habillé et mis sur un siège par les Sarrasins au moment de la remise de rançon qui se tient probablement sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer, à l'embouchure du Rhône de Saint-Ferréol, bras encore actif à cette époque.
L'église telle qu'elle se dresse aujourd'hui date des XIe et XIIe siècles, les deux dernières travées ayant toutefois été refaites en partie (partie supérieure des murs et toit) au milieu du XVIIIe siècle. Le clocher a subi de son côté de nombreuses réfections, l'état actuel datant de 1901.
C'est environ au XIIe siècle que ce nom se transformera en Notre-Dame-de-la-Mer.
En 1448, sous l'impulsion du roi René, a lieu l'invention des reliques des saintes Maries Jacobé et Salomé. L'archevêque d'Arles, Louis Aleman n'assiste pas à cet événement, car il est excommunié depuis 1440 à la suite du concile de Bâle ; en son absence, l'autorité papale est représentée par son légat, Pierre de Foix, l'archevêque d'Aix Robert Damiani et l'évêque de Marseille Nicolas de Brancas. Les comptes rendus de l'époque signalent une église primitive à l'intérieur de la nef actuelle. Pour certains, ce bâtiment pourrait correspondre à une chapelle mérovingienne du VIe siècle.
La peste de 1720, qui tue la moitié de la population marseillaise et le tiers de celle d'Arles, a épargné, contrairement à celle de 1348, la communauté des Saintes qui s'oppose avec véhémence à l'accueil de réfugiés arlésiens. À la Révolution, le culte est suspendu entre 1794 et 1797. Les créneaux de l'église sont démolis et leurs pierres vendues ; ils seront rénovés en 1873.
En 1838, le village prend le nom des « Saintes-Maries-de-la-Mer » et, peu après, le pèlerinage des Gitans est mentionné pour la première fois : au mois de mai, ils viennent de toute l'Europe honorer ici leur sainte patronne, Sara, la Vierge noire. Au début du mois de juin 1888, Vincent van Gogh, qui vient d'arriver en Provence, fait un court séjour de cinq jours aux Saintes. Il y dessine et peint notamment les barques en mer et sur la plage, le village vu des dunes côtières et quelques cabanes couvertes de sagne.
Peu de temps après au mois d'août 1892, est inaugurée la ligne Arles - les Saintes, de la compagnie des Chemins de fer de Camargue, appelée le « petit train ». La ligne, devenue non rentable à la suite du développement de l'automobile, ferme en octobre 1953.
En 1899, le Marquis de Baroncelli s'installe aux Saintes sur la petite route du Sauvage, au mas de l'Amarée ; il s’attelle avec d’autres à la reconquête de la pure race Camargue, tout comme il participe activement à la codification de la course camarguaise naissante. En juillet 1909, il crée la Nacioun gardiano (Nation gardiane), association qui a pour objectif de défendre et maintenir les traditions camarguaises.
Dès la fin du XIXe siècle, mais surtout après la Première Guerre mondiale, le village reçoit la visite d'artistes et d'écrivains : Yvan Pranishnikoff en 1899, Hemingway en 1920, et plus tard celle des peintres Picasso et Brayer dans les années 1950.
De nombreux films y sont tournés, comme Crin-Blanc en 1952 et D'où viens-tu Johnny ?, en 1963. De même, la séquence d'ouverture du film, Le Professionnel, (1981) située en Afrique a été tournée sur le territoire du Grand Radeau aux Saintes-Maries-de-la-Mer. En 1975, Bob Dylan passe quelques jours dans la cité lors du pèlerinage du mois de mai.
En 1948, Angelo Roncalli, nonce apostolique en France et futur pape Jean XXIII, célèbre aux Saintes le cinq centième anniversaire de l'invention des reliques.
Depuis 1960, la cité vit principalement du tourisme dont le développement à compter des années 1980 se veut mieux maîtrisé. Toutefois, cette évolution marquée par un accroissement démographique, de 1 687 habitants en 1946 à environ 2 500 en 2005, entraîne de profonds changements :
Ces changements se retrouvent notamment au niveau politique avec le basculement à droite d'une mairie longtemps détenue par les partis de gauche.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
Les données manquantes sont à compléter. | ||||
1904 | 1906 | Honoré Pioch | ... | ... |
1906 | 1920 | Joseph Espelly | ... | ... |
1920 | 1921 | Joannin Audibert | ... | ... |
1921 | 1934 | Esprit Pioch | PCF | ... |
1934 | 1942 | Joannin Audibert | ... | ... |
1942 | 1944 | Roger Laurent | ... | ... |
août 1944 | septembre 1944 | Marius Sellier | ... | ... |
septembre 1944 | avril 1945 | Georges Vendran | ... | ... |
avril 1945 | 1972 | Roger Delagnes | SFIO-PS | Conseiller général (1945-1976) Sénateur (1962-1974) |
1972 | 1995 | Hubert Manaud | PS | Conseiller général (1979-1994) |
1995 | 2021 | Roland Chassain | UMP-LR | Député (2002-2007) Conseiller général (1994-2015) |
2021 | 2026 | Christelle Aillet | UMP-LR |
Au , Les Saintes-Maries-de-la-Mer sont jumelées avec[18] :
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[19]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[20].
En 2019, la commune comptait 2 144 habitants[Note 2], en diminution de 17,32 % par rapport à 2013 (Bouches-du-Rhône : +2,51 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 000 | 644 | 783 | 530 | 543 | 837 | 910 | 669 | 1 013 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 083 | 1 000 | 1 006 | 951 | 926 | 918 | 1 159 | 1 025 | 1 446 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 531 | 1 439 | 1 413 | 1 352 | 1 567 | 1 723 | 1 564 | 1 687 | 2 207 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2008 | 2013 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2 179 | 2 244 | 2 120 | 2 045 | 2 232 | 2 479 | 2 341 | 2 294 | 2 593 |
2018 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
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2 157 | 2 144 | - | - | - | - | - | - | - |
Chaque , plus de 10 000 gens du voyage (Yéniches, roms, manouches, gitans, sintis...) affluent de toute l'Europe vers Saintes-Maries-de-la-Mer pour vénérer leur sainte Sara la noire ou Sara-la-Kali, et baptiser leurs enfants selon le rituel catholique[23].
En juin, le village accueille une Fête Votive, au cours de laquelle les jeunes et les "festaïres" du village animent les rues et places, vêtus aux couleurs de la Fête, se mesurant aux taureaux au cours d'abrivado, de bandido et de courses de taureaux improvisées[24].
Autour du , le village organise pendant trois jours une Feria du Cheval, qui présente des spectacles inspirés des piliers de l'identité camarguaise que sont le Cheval, le Taureau et la musique gitane[25].
Le , le Festival d’Abrivado regroupe plus de 200 gardians et 1000 chevaux venus de toute la Provence sur les plages des Saintes Maries exceptionnellement ouvertes aux cavaliers et à leurs montures ce jour-là[26].
Pendant les fêtes de fin d'année entre Noël et jour de l'An, le village présente un programme d'animations témoins de la tradition camarguaise. Ainsi, on peut assister à un Abrivado aux Flambeaux (lâcher de taureaux emmenés par des gardians portant des flambeaux), que les visiteurs peuvent admirer à la tombée du jour.
Chaque année a lieu aussi la Festo Vierginenco, qui est la cérémonie, pour les filles âgées de 16 ans, de passage du statut d'adolescente à celui de jeune femme[27].
La commune vit essentiellement de l'agriculture, de l'élevage (chevaux, taureaux camarguais) et surtout du tourisme.
Une trentaine de cabanes de gardians se dressent, alignées face à la mer, entre le front de mer et l'étang des Launes, à l'ouest de l'agglomération. Apparues dans les années 1950 sur une bande de terre alors quasiment vierge, elles ont pour origine l'initiative prise par le maire de l'époque, Roger Delagnes, de créer, à l'entrée ouest du village, une zone réservée à la seule construction de cabanes camarguaises à couverture de sagne (roseau des marais). Construites par des artisans cabaniers, ces cabanes semblent être sorties du même moule. Il s'agissait, pour la plupart d'entre elles, de résidences destinées à un séjour saisonnier, balnéaire, et, pour quelques-unes, de points de départ pour randonnées équestres.
Immortalisées par de nombreuses cartes postales dans les années 1950 à 1970, elles constituent, outre un pan du passé récent des Saintes-Maries, une curiosité architecturale et urbanistique unique en son genre en Europe[34].
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Les armes peuvent se blasonner ainsi : De gueules, à deux saintes affrontées, d'argent, tenant chacune une boite d'or et étant dans un navire, aussi d'or, sans voiles, sans rames, et sans timon, exposé dans une mer agitée d'azur, ondée d'argent.
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