Saint-Bris-le-Vineux [sɛ̃ bʁi lə vinø] est une commune française située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté.
Pour les articles homonymes, voir Saint-Bris.
Saint-Bris-le-Vineux fait partie de l'agglomération d'Auxerre, c'est une commune membre de la Communauté d'agglomération de l'Auxerrois. Dans ce village se situe le seul col[1] du département de l'Yonne : le col de Crémant.
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Augy | Quenne | Chitry | ![]() |
Champs-sur-Yonne | N | Saint-Cyr-les-Colons | ||
O Saint-Bris-le-Vineux E | ||||
S | ||||
Escolives-Sainte-Camille | Vincelottes | Irancy |
Saint-Bris-le-Vineux est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[2],[3],[4].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Auxerre, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 104 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[5],[6].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (76 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (75,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : cultures permanentes (35,1 %), terres arables (32,1 %), forêts (21,3 %), zones agricoles hétérogènes (6,4 %), zones urbanisées (2,7 %), prairies (2,4 %)[7].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[8].
Le village doit son nom à saint-Prix, martyr chrétien du IIIe siècle. Le complément le Vineux date de la Révolution et tient à la vocation viticole.
Au cours de la Révolution française, la commune, qui portait le nom de Saint-Bris, fut provisoirement renommée Bris-le-Vineux[9].
C'est en 1903 que fut adopté le nom de Saint-Bris-le-Vineux[9].
Saint Prix ayant été décapité pour crime de christianisme en Puisaye et presque toute sa communauté massacrée, son frère d'armes saint Cot s'enfuit avec la tête de son compagnon jusque vers le village qui va devenir Saint-Bris. Il se fait tuer là. Au Ve siècle, saint Germain, évêque d'Auxerre, découvre leur sépulture et fait construire une église à Saint-Bris où les reliques sont transférées. Un reliquaire sera offert par Estienne Regnauldin à la fin du XVe siècle. Certaines caves proches de l'église sont voûtées avec des éléments de sarcophages. Les prénoms Prix et Cot ont leur pendant féminin : Pricette et Cotte.
En 596 le règlement de saint Aunaire, 18e évêque d'Auxerre (572-605), inclut Gouaix, ancien faubourg de Saint-Bris, dans les 38 principales paroisses du diocèse[10].
En 1057, Hugues de Bourgogne, fils aîné du duc Henri, brûle la ville. Cent-dix personnes personnes périssent dans l'église.
Cette famille picarde arrive à la tête de la seigneurie de Saint-Bris dans la seconde moitié du XIIe siècle. Il est permis de suspecter que la famille comtale de Nevers, détentrice du comté d'Auxerre, qui venait de triompher d'une coalition féodale auxerroise et désireuse de provoquer l'éclatement de la très vaste et puissante seigneurie de Toucy, a préféré marier une des filles de Toucy à un chevalier picard étranger aux coalitions locales[11]. Le sire de Saint-Bris dispose d'une belle seigneurie composée de deux châteaux répartis sur chacune des deux rives de l'Yonne : Saint-Bris et ses environs, mais aussi Beaulches (à Chevannes). Les membres de la famille de Mello brillent au sommet de l'aristocratie régionale et frôlent à de nombreuses reprises les strates comtales[12]. Les de Mello conserveront la seigneurie de Saint-Bris jusque peu après la mort de Charles le Téméraire puisque Charles de Mello, dernier de la branche, décède à Til-Châtel le .
Dotés par les de Mello et de Saint-Vérain, les Templiers organisent leur patrimoine foncier autour d'une « maison ». Celle-ci est probablement située dans la direction de Goix. Aux Templiers succéderont les Hospitaliers. Les pierres des ruines seront emmenées à Auxerre[13].
L'habitat principal, qui donne son nom à l'ensemble, est celui de Saint-Bris, nom dérivé de saint Prix, le saint local. Il abrite, outre l'église Saint-Prix et Saint-Cot entourée du cimetière, le château féodal. Cette ville est défendue par des murailles. Ces éléments sont soumis à l'hommage vis-à-vis du comte d'Auxerre. C'est dans cette ville haute que les marchands et gens de justice logent au milieu des vignerons et tonneliers.
Un deuxième habitat, situé à l'est en contrebas du premier, est celui de Goix (ou Gouaix). Il dispose d'une église paroissiale dédiée à Notre-Dame et de ses propres murailles. Goix, propriété des seigneurs de Saint-Bris, est tenu en franc alleu, c'est-à-dire ne relève pas du comte d'Auxerre ni de quiconque. La population y est presque exclusivement vigneronne.
Un troisième ensemble est celui de la paroisse d'Aucept dont quelques maisons maisons forment un faubourg au Nord de Saint-Bris. L'église d'Aucept, dédiée à Saint Georges, est éloignée en direction du cours de l'Yonne. Le lieu relève de l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre.
La capacité à distinguer ces trois ensembles ne dépasse pas les frontières d'Auxerre. Pour tout le monde, Saint-Bris est un ensemble unique[14].
Catherine de Rougemont, veuve de Charles de Mello, dernier du nom, préfère retourner en Val de Saône. Son nouvel époux, Jean de Neufchâtel[15], choisit la cause de Marie de Bourgogne et de Maximilien de Habsbourg[16]. La seigneurie de Saint-Bris est saisie par la Couronne en 1498 et lotie entre de nombreuses mains : Le Gruyer (de Chaumont-en-Bassigny) (1531), de Salazar (1500), Barrault (1500), de Grachault (1531), de Baleynes (1531), de Villiers (1531), de Dinteville (1555). Quant à Jean de Neufchâtel, il meurt noyé sous la planche du château de Margelle peu après 1509.
Les familles de Dinteville et celle de Coligny parviennent à rétablir une certaine unité[17]. Charles Du Plessis, seigneur de Liancourt, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi en 1576 et Edmon de Gennes en 1596 cèdent à Joachim de Dinteville, chambellan du Roi une partie de la seigneurie et à son épouse Marguerite de Dinteville leurs parts. En 1584, Antoine Damas, baron de Digoine en a aussi une part. Charles de Coligny, seigneur d'Andelot, maréchal des camps du Roi, lieutenant général en Champagne et capitaine de cent hommes d'armes des Ordonnances, multiplie les achats de lots entre 1615 et 1619. Le titre de marquisat octroyé à la terre de Saint-Bris manifeste ce retour en force avant 1619.
Des grandes écoles sont citées en 1607.
Jean de Lambert, gentilhomme périgourdin issu d'une famille ayant guerroyé au service d'Henri de Navarre, achète le marquisat de Saint-Bris en 1642 à Huberte de Chastenay de Dinteville, veuve de Charles de Coligny. Lui-même poursuivra une carrière militaire au pays de Metz sous Louis XIII. Il fait construire un nouveau château, venant s'appuyer sur le portail de l'église, et encadrant tous les abords méridionaux du sanctuaire (1652-1653). Un maçon d'Auxerre, pompeusement désigné comme architecte, s'active sur le chantier dont chaque chapitre de frais est scrupuleusement visé par le marquis. Il complète son œuvre par un jardin doté de canaux[18]. Son fils sera gouverneur de la ville de Luxembourg, une fois celle-ci conquise par Louis XIV avec l'aide de Vauban. La dernière descendante de la famille épouse le marquis de Beaupoil. La commanderie des Templiers est rasée et les pierres sont emmenées à Auxerre pour bâtir la chapelle du collège[13].
Plus encore que Coulanges-la-Vineuse, et bien entendu Chablis (à la renommée très tardive), Saint-Bris devient la plaque tournante du commerce viticole de l'Auxerrois[19]. Des courtiers (alias corretiers) y ont été admis dès la guerre de Cent Ans. À partir de Louis XIII, des marchands commissionnaires en vin y maîtrisent la collecte du finage et d'une partie des villages voisins. Il en sera ainsi jusqu'à la révolution. Les patronymes de ces hardis entrepreneurs s'allongent : Guyon de Valliere[20], Jodon de Valtire[21], Jodon de Carnaval, Regnauldin de Wassy[22], Duché de Gurgy, Duché-Chaufsan, etc. On achète des offices à la Cour. Ces marchands envoient leurs fils se faire immatriculer bourgeois de Paris pour y avoir droit aux franchises fiscales réservées aux Parisiens (Raveneau). Des gendres voituriers par eau transportent les tonneaux rassemblés au port de Champs sur les berges de la Seine. Des fils tiennent des boutiques à Berck, d'autres sont au Cap de Bonne-Espérance ou aux Antilles, du vin part en bouteilles en Russie[23].
Vers 1745, la route royale de poste quitte la vallée de l'Yonne et passe par Saint-Bris. Le raccourci a néanmoins pour inconvénient d'emprunter une longue pente en venant d'Auxerre. Le relais fourmille d'activité. Il dispose de ses propres postillons, et est doté d'une quarantaine de chevaux généralement achetés en Beauce. Jules Guénier, fils du dernier maître de poste, décrit dans ses mémoires la vie bourdonnante du relais dans les années 1840, et notamment la venue d'Alexandre Dumas venu rendre visite à son camarade d'études, devenu notaire de Saint-Bris, Louis-Étienne Charpillon. Feignant de croire que sa notoriété l'autorisait à parasiter l'hôtellerie, il faut ruser pour le faire rentrer à Paris. Au moins y a-t-il glané la matière de rubriques culinaires qui constituaient le plus clair de ses revenus[N 3]. La route redescendra dans la vallée pour un court instant, car l'arrivée du chemin de fer mettra fin à cette organisation bien huilée.
Issus d'un lignage local du XVIe siècle, les Deschamps s'illustrent à Auxerre au XVIIIe siècle en y occupant des charges fiscales. L'un d'eux, Joseph-Guillaume-Augustin, receveur de tailles d'Auxerre et d'Avallon, juge habile d'acheter le marquisat en 1763[16]. Il se heurte très vite aux habitants de Saint-Bris qu'il insulte en 1767[25]. Il parvient à faire raser les fortifications. Il sera retrouvé assassiné alors que diverses procédures étaient lancées contre lui[26].
Alors que Saint-Bris est un centre opulent et important de peuplement, la ville manque totalement la traversée de l'époque révolutionnaire. Le bourg principal a obtenu la disparition de l'indépendance de ses deux faubourgs et la disparition de son châtelain vindicatif[réf. souhaitée]. Mais il ne gagne pas le statut de chef-lieu de canton qui pouvait s'imposer dans les faits. Sa bourgeoisie préfère rester très discrète, constatant ce qui se passe à Paris où frères, beaux-frères et cousins ont parfois péri à l'échafaud (Quatremère)[27].
Au XIXe siècle, Saint-Bris demeure une place forte de la concentration de la production viticole par les marchands commissionnaires[28]. Pourtant, sous Louis-Philippe, les Guénier tentent une diversification dans la cerise (variété tardive de la Marmotte), l'expédiant en Angleterre par diligence. Ainsi, cette spécialité déjà connue sous Louis XIII connaît un rayonnement inattendu[29]. Les jeunes hommes issus des excédents de population partent aux États-Unis et en Australie, attirés par les mirages de fortune facile distillés par la presse.
Cette maladie apparaît sous Napoléon III et vient frapper tout le vignoble icaunais[30]. On tente de trouver des solutions de tous types pour faire reculer la maladie. Enfant du pays, agronome et journaliste de la Constitution à Auxerre, Jules Guénier[31] prône la solution du plan américain qui est longtemps refusée par les vignerons. Ses pépinières, situées à Auxerre, ont notamment accueilli par la suite les bâtiments de la Sécurité sociale. Le vignoble local s'effondre rapidement, laissant la place aux productions plus riches en alcool du Midi et d'Algérie. La cerise n'enraye pas la ruine de la ville[32].
En décembre 1870, des gardes nationaux s'opposent aux Prussiens. Vingt-cinq bombes sont lancées sur la ville, tuant trois personnes (un enfant de dix ans, un facteur de la poste détenteur d'un révolver). Tout le conseil municipal est emmené en otage à Auxerre avec le curé. La ville est occupée durant huit jours et frappée d'une contribution de guerre de 2 000 francs. L'écrasement de la Commune (de Paris) navrant les autorités allemandes, les otages sont relâchés.
Des projets économiques innovants s'inscrivent dans l'écologie chrétienne de l'encyclique Laudato si du pape françois sont mis en implication dans le projet d'éco-entreprise ultraîa, qui fabrique de l'ameublement pour commerce de détail, elle comprend entre autres une école hors contrat Montessori et fonctionne comme une communauté de travail[33]. Son dirigent fut récompensé par les entrepreneurs et dirgents chretiens (EDC) en 2022[34].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1791 | 1792 | Nicolas Blanche | ||
1792 | 1805 | Ferdinand Grandjean de Lisle | ||
1805 | 1808 | Boulanger | ||
1808 | 1815 | Duché | ||
1815 | 1830 | Jean-Baptiste Grandjean de Lisle | ||
1830 | 1832 | Petit | ||
1832 | 1843 | Nicolas-Marc Quatremère | ||
1843 | 1856 | Guéneau | ||
1856 | 1857 | Denis Hardry | ||
1857 | 1868 | Nicolas-Augute Guénier | Maître de la poste aux chevaux | |
1868 | 1870 | Alexandre Fèvre | ||
1870 | 1870 | Frédéric Félix | ||
1870 | 1876 | Nicolas-Auguste Guénier | ||
1876 | 1879 | Alexandre Viteaux | ||
1879 | 1881 | Fouard | ||
1881 | 1885 | Nicolas-Auguste Guénier | ||
1885 | 1912 | Amédée Goisot | ||
1912 | 1912 | Auguste Gérard | ||
1912 | 1919 | Contant Milon | Médecin | |
1919 | 1922 | Alfred Teillet | ||
1922 | 1935 | Euguène Félix | ||
1935 | Etienne Girard |
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1945 | 1964 | Félix André | Vigneron | |
1964 | 1965 | Gaston Sorin | Vigneron | |
1965 | 1983 | Claude Tardieux | Médecin | |
1983 | 2001 | Alain Filley | Agriculteur | |
2001 | 2014 | Jean-Marc Sorin[35],[36] | Vigneron | |
2014 | 2020 | Rachelle Leblond[35],[36] | Clerc de notaire | |
2020 | en cours | Olivier Félix[35],[36] | Vigneron |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[37]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[38].
En 2019, la commune comptait 1 021 habitants[Note 3], en diminution de 5,9 % par rapport à 2013 (Yonne : −1,69 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 915 | 1 775 | 1 967 | 1 763 | 1 948 | 1 960 | 1 955 | 1 975 | 2 010 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 792 | 1 851 | 1 816 | 1 686 | 1 644 | 1 615 | 1 616 | 1 520 | 1 489 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 395 | 1 400 | 1 248 | 950 | 954 | 875 | 898 | 884 | 920 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2007 | 2012 |
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895 | 902 | 893 | 943 | 1 015 | 1 045 | 1 095 | 1 101 | 1 089 |
2017 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
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1 024 | 1 021 | - | - | - | - | - | - | - |
Saint-Bris-le-Vineux produit un vin blanc sec produit à partir de cépage Sauvignon (Sauvignon B et Sauvignon gris C). Auparavant il était appelé « Sauvignon de Saint Bris » ; il a été classé en AOC depuis 2003 sous le nom « Saint-Bris ». Il s'agit de la seule AOC Bourgogne de vin blanc à base de ce cépage, les cépages habituellement autorisés étant le Chardonnay et l'Aligoté.
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