Ploujean (en breton : Plouyann) est une ancienne commune française située dans le département du Finistère dans la région Bretagne rattachée à Morlaix depuis 1960.
Ploujean | |
Le château de Suscinio, maison natale de Charles Cornic, façade nord. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Commune | Morlaix |
Statut | Ancienne commune |
Code postal | 29600 |
Code commune | 29200 |
Démographie | |
Population | 3 142 hab. (1954) |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 36′ 19″ nord, 3° 50′ 02″ ouest |
Historique | |
Date de fusion | 21 février 1959 |
Commune(s) d'intégration | Morlaix |
Localisation | |
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Ploujean est situé juste au nord de Morlaix, sur la rive droite de la Rivière de Morlaix, en bordure de laquelle plusieurs manoirs et châteaux ont été construits (château de Nec'hoat, château de Keranroux (construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle)[1], château de Keroc'hiou. Le bourg est situé sur un plateau, vers 70-80 mètres d'altitude, plateau sur lequel a été construit l'aérodrome de Morlaix-Ploujean, à l'est du bourg. Le finage de la commune est assez accidenté, les altitudes allant du niveau de la mer jusqu'à 92 mètres au niveau de la butte du Ménez, située juste à l'ouest du lycée agricole de Suscinio[2]. La localité abrite aussi le manoir de Traonfeunteuniou situé à l'est du bourg[3], qui appartient désormais aux Petites Sœurs de Saint-François d'Assise, une communauté religieuse catholique traditionaliste affiliée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.
Le nom "Ploujean" vient de ploe (ou ploue), mot breton signifiant "paroisse" et "Jehan" ou "Jean", honorant probablement saint Jean-Baptiste ; le nom est attesté dès le IXe siècle[4].
Le nom de La Boissière (en Ploujean) provient de la traduction du breton beuzit, qui provient lui-même du latin buxetum ("buis") ; cet arbuste est la trace de la présence à cet endroit d'une ancienne villa gallo-romaine[5].
L'histoire de Ploujean au Moyen Âge est présentée sur un site Internet[6].
Le manoir de Suscinio est construit au XVIe siècle, mais modifié vers 1660, notamment par l'ajout de deux tours, par Julien Bellin de la Furtays et son épouse Françoise Coroller, qui construisent aussi la chapelle, bénie le [4]. Entre 1798 et 1808, il fut la demeure du corsaire Charles Cornic, qui fit aussi transformer en maison d'habitation, la "maison Cornic", une ancienne halle datant du XVIIe siècle servant au commerce du lin, située en bordure de la Rivière de Morlaix[7]. La "maison Le Clique", située à proximité et qui date aussi du XVIIIe siècle, est également classée monument historique.
Parmi les familles nobles de la paroisse, la famille Denis de Trobriand est originaire de Roscoff : Alain Denis fut anobli par le roi Charles IX le pour services rendus à bord de son bateau Le Sauveur de Saint-Pol lors du siège de La Rochelle. Son petit-fils Guillaume Denis, fut toutefois condamné comme usurpateur de noblesse par un jugement en date du , mais le fils de ce dernier Jean-Élie Denis 1er parvint à se faire confirmer son titre de noblesse en 1715. Son fils aîné Jean-Étienne Denis, né en 1696 à Ploujean, fut le premier membre de la famille à être connu sous le titre de comte de Trobriand, titre aussi porté par son propre fils Jean-François-Sylvestre Denis, né à Ploujean en 1729, décédé en 1810 à Morlaix. Jean-Élie Denis second, sieur de Trobriand, autre fils de Jean-Élie Denis 1er, né le à Ploujean, décédé le à Lesneven hérita de la seigneurie de Kérédern en Ploujean et fut le fondateur de la branche cadette[8].
En 1759, une ordonnance de Louis XV ordonne à la paroisse de Ploujan [Ploujean] de fournir 34 hommes et de payer 223 livres pour « la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne »[9].
Vers le milieu du XIXe siècle l'ossuaire désaffecté servit d'école[10].
En 1899, Ploujean fait partie des dix-huit seules communes du département du Finistère à déjà posséder une société d'assurance mutuelle, forte de 183 adhérents (c'est même la première commune du département en nombre d'adhérents devant Plougasnou qui en compte 159), contre la mortalité des animaux de ferme, qui assure les chevaux et les bêtes à cornes[11].
Charles Joseph Tixier Damas de Saint Prix[12] et son épouse Émilie Barbe Guitton[13], habitaient l'hiver le manoir de Traoufeuntenniou en Ploujean et l'été le manoir de Kerbournet en Côtes-d'Armor où celle-ci, comtesse de Saint-Prix[14], entreprit de collecter les gwerz de la région de Callac[15].
En août 1902, la décision du gouvernement d'Émile Combes d'appliquer avec rigueur la loi du 1er juillet 1901 sur les associations, et en particulier l'expulsion des congrégations religieuses en vertu de la Loi sur les congrégations entraîne des troubles importants dans de nombreuses communes, entre autres dans le Léon dans des communes comme Ploudaniel, Le Folgoët, Saint-Méen, etc. mais aussi à Ploujean le , comme le raconte le Bulletin des Congrégations, publication évidemment favorable aux protestataires :
« À Ploujean, l'alarme est donnée à 4 heures du matin. Tout le monde accourt. Hommes, femmes et enfants se groupent en grand nombre aux abords de l'école. La troupe arrive ; elle barre les routes qui mènent aux villages, mais les paysans arrivent à travers champs et parviennent quand même au lieu de l'exécution. Plusieurs brigades de gendarmerie à pied et à cheval prêtent main-forte à la troupe. Après les sommations légales, on brise les portes à coups de marteau et de hache. Des gendarmes à cheval forcent la population à s'écarter. Pendant ce temps les Sœurs du Saint-Esprit, et les femmes et jeunes filles qui leur servent de garde d'honneur, se sont réfugiées dans la seconde enceinte, c'est-à-dire dans la maison même d'habitation. De nouvelles sommations sont faites, et sur un nouveau refus, recommence la honteuse besogne, sous les huées de la foule. La seconde porte vole en éclats. Les gendarmes expulsent les personnes les unes après les autres. Les religieuses sortent, l'une après l'autre, et se rendant à l'église pour chanter le Parce Domine, accompagnées de toute la population en larmes, qui crie : « Vivent les Sœurs ! Vivent nos gardes-malades ! » Les scellés sont apposés partout. Le comte de Beaufort, propriétaire, dans un langage émouvant et superbe, proteste contre cette violation de domicile[16]. »
En 1903, le recteur de Ploujean écrit que « nos bretonnants, même la plupart des conseillers municipaux disent qu'ils s'abstiendront de venir à la messe, si on leur prêche en français »[17].
Ploujean a disposé d'une gare. La desserte ferroviaire (ligne de Morlaix à Primel Tregastel) mise en service en 1912 (un accident ferroviaire concernant un train à destination du Dourduff-en-Mer survint le à la gare de Ploujean, faisant au moins deux morts et plusieurs blessés graves[18]) par les Chemins de fer armoricains, reprise ensuite par la Compagnie des Chemins de fer départementaux du Finistère, ferma dès 1935.
Le monument aux morts de Ploujean porte les noms de 148 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale[19]. Parmi eux, François Le Guiner, né le à Ploujean, lycéen au lycée de Quimper, qui rejoignit clandestinement le 118e régiment d'infanterie en janvier 1915 alors qu'il n'avait que 16 ans, mortellement blessé le à Laffaux (Aisne)[20].
Patrick Gourlay décompte pour sa part 142 tués, ce qui fait 3,92 %de la population totale de la commune en 1911[21].
Le maréchal Foch venait en villégiature dans son manoir de Traonfeunteuniou[22].
Le monument aux morts de Ploujean porte les noms de 55 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale[19] ; parmi elles François Scornet, exécuté le à Saint-Ouen (Jersey), qui faisait partie de l'équipée tragique du Vega, un groupe de 15 jeunes gens qui partirent clandestinement du port du Dourduff dans l'intention de rejoindre l'Angleterre, mais leur bateau fut pris dans une violente tempête et ils durent se résigner à accoster dans l'île de Guernesey bien qu'elle fût alors occupée par les Allemands ; arrêtés, ils furent internés à Jersey ; six d'entre eux furent condamnés à mort par une cour martiale allemande, mais seul François Scornet fut exécuté, les cinq autres voyant leur peine commuée en travaux forcés[23].
Dominique L'Azou a raconté son enfance à Ploujean pendant les décennies 1950-1960 dans un livre : Les saisons de l'enfance en pays de Morlaix[24].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | ||
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1809 | 1811 | Louis Emmanuel Lamare | Avocat | ||
1811 | 1815 | Paul de la Fruglaye[25] | Comte. Maréchal de camp. Habitait le château de Kéranroux. | ||
1815 | 1815 | Aymar de Blois de La Calande[26] | Capitaine de vaisseau. Habitait le château du Launay. | ||
1816 | 1816 | Vincent du Trévou de Brefeillac[27] | Ancien officier du régiment de Bourgogne. | ||
1817 | 1817 | Pierre Patin de Kergariou[28] | Propriétaire. | ||
1817 | 1828 | Paul de La Fruglaye | Comte. Déjà maire entre 1811 et 1815 | ||
1832 | 1836 | Antoine Alexandre[29] | Négociant | ||
1847 | 1848 | Charles Damas de Saint-Prix[30] | Comte. Officier de marine. | ||
1850 | 1864 | Guillaume Boudin de Tromelin[31] | Comte. | ||
1866 | 1888 | François Steun[32] | |||
1888 | 1892 | Hippolyte Dulong de Rosnay[33] | Chef de bataillon. Chevalier de la Légion d'honneur. | ||
1892 | 1914 | Émile Cloarec[34] | Avoué. Député de 1901 à 1914. | ||
1914 | 1918 | Guy Henry[35] | |||
1919 | 1928 | Paul Cloarec[36] | Lieutenant de vaisseau. Chevalier de la Légion d'honneur. | ||
1928 | 1929 | Hervé L'Éléouet[37] | Cultivateur | ||
1929 | 1941 | Thomas Parc[38] | SFIO | Cultivateur. Grand amateur de théâtre, ami de Anatole Le Braz, voir "Le Pardon du Feu" où l'auteur raconte son arrêt à l'auberge de Bonne Rencontre | |
1941 | 1945 | Jean Alexandre | PDP MRP | Tonnelier, Chevalier Légion d'Honneur | |
1945 | 1953 | Jean-Marie Jacob[39] | SFIO | Président du CDL du Finistère. | |
1953 | 1960 | Louis Dupoux | SFIO | Dernier maire de Ploujean. Commune rattachée à Morlaix en 1960. | |
1960 | 1965 | ? | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix) | ||
1965 | 1971 | Jean Salou | CNIP | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix) | |
1971 | 1989 | Jean Jacob[40] | PS | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix). Fils de Jean-Marie Jacob, maire entre 1945 et 1952. | |
1989 | 1995 | ? | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix) | ||
1995 | 2001 | Jean Jacob[40] | PS | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix). Fils de Jean-Marie Jacob, maire entre 1945 et 1952. | |
2008 | en cours | Alain Tigréat | UMP→LR | Maire délégué de Ploujean (commune de Morlaix) | |
Les données manquantes sont à compléter. |
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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1 874 | 2 692 | 2 261 | 2 867 | 2 780 | 2 785 | 2 689 | 2 843 | 2 871 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
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2 738 | 2 804 | 2 910 | 2 868 | 2 935 | 3 042 | 3 157 | 3 088 | 3 067 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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3 339 | 3 442 | 3 568 | 2 938 | 2 961 | 3 013 | 3 058 | 3 265 | 3 142 |
Commentaire: L'annexion de la commune par Morlaix en 1959 interrompt la série statistique des données démographiques communales.
Jean Pierné[48], "L'Église de Ploujean" (peinture acquise par l'état français le , localisation actuelle inconnue).
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