Mens est une commune française, située dans le département de l'Isère en région Auvergne-Rhône-Alpes. Son nom se prononce comme « mince » (en API [mɛ̃s]).
Cet article possède un paronyme, voir Mons.
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Mens | |
La place de la Halle. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Département | Isère |
Arrondissement | Grenoble |
Intercommunalité | Communauté de communes du Trièves |
Maire Mandat |
Pierre Suzzarini 2020-2026 |
Code postal | 38710 |
Code commune | 38226 |
Démographie | |
Gentilé | Mensoises Mensois |
Population municipale |
1 393 hab. (2019 ![]() |
Densité | 49 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 44° 49′ 04″ nord, 5° 45′ 04″ est |
Altitude | Min. 612 m Max. 1 929 m |
Superficie | 28,3 km2 |
Type | Commune rurale |
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton de Matheysine-Trièves |
Législatives | Quatrième circonscription |
Localisation | |
Liens | |
Site web | http://www.mairie-de-mens.fr/ |
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Ses habitants sont appelés les Mensois.
Située à 55 km au sud de Grenoble, Mens est la capitale du Trièves, grand plateau glaciaire situé entre les massifs du Vercors (à l'ouest) et du Dévoluy (à l'est).
Jusqu'au nouveau découpage territorial, Mens était le chef-lieu du canton de Mens. Depuis 2015, il fait partie du canton de Matheysine-Trièves. L'ancien canton de Mens étant le plus méridional du département, en limite des départements des Hautes-Alpes et de la Drôme, des Alpes du Nord et des Alpes du Sud, il bénéficie d'un climat plus chaud et plus sec que les massifs ou vallées voisins du Vercors, de la Matheysine ou de l'Oisans.
La commune est au centre du principal bassin agricole du Trièves. Le canton dont elle est le chef-lieu est séparé des territoires voisins par les gorges profondes du Drac et de l'Ébron.
Les communes limitrophes sont : Châtel-en-Trièves, Saint-Jean-d'Hérans, Cornillon-en-Trièves, Prébois et Saint-Baudille-et-Pipet.
Historiquement, les autres communes du canton étaient Cordéac, Lavars et Tréminis. Après la Révolution, le canton de Mens comprenait également la commune de Pellafol, rattachée ensuite au canton de Corps. La commune de Tréminis, maintenant rattachée au canton de Mens, faisait alors partie du canton de Clelles.
Légèrement à l'écart des axes routiers, Mens est desservi à l'ouest par la D 1075, la ligne T95 du réseau Cars Région qui relie la gare routière de Grenoble jusqu'à Mens et la ligne SNCF Grenoble-Gap (gare de Clelles - Mens), à l'est par la RN 85 ou route Napoléon.
Depuis 2007, l'arrivée de l'autoroute A51 au col du Fau, à 20 km de la commune, a permis l'installation d'une population nouvelle qui relance la dynamique démographie de la commune.
Mens est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[1],[2],[3]. La commune est en outre hors attraction des villes[4],[5].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (62,2 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (62,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (33,6 %), prairies (29,6 %), terres arables (16,4 %), zones agricoles hétérogènes (16,2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,8 %), zones urbanisées (1,7 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,7 %)[6].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Les principaux hameaux sont : Menglas, Milmaze, Foreyre, Pierre-Longue, Saint-Genis (siège d'une commune indépendante jusqu'à son rattachement à Mens en 1973), Mentayre, Ser Clapi.
Hameaux et fermes constituent les écarts, organisés concentriquement autour du bourg et témoignant d'étapes successives d'extension du territoire agricole. Les limites communales, situées sur des reliefs ou dans des gorges, sont le plus souvent occupées par des pinèdes, dont certaines ont recolonisé d'anciens écarts, abandonnés pendant l'exode rural (hameau du Verdier, domaine de Raud maintenant occupé par le Centre écologique Terre vivante).
On trouve de nombreux toponymes avec « pierre » dans les alentours : Pierre longue, Pierre grosse, Pierre des sacrifices, etc....
L'ensemble du territoire de la commune de Mens est situé en zone de sismicité no 3 dite « modérée » (sur une échelle de 1 à 5), comme la plupart des communes de son secteur géographique. Elle se situe cependant non loin de la limite d'une zone sismique classifiée de « moyenne », située plus au nord[7].
Type de zone | Niveau | Définitions (bâtiment à risque normal) |
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Zone 3 | Sismicité modérée | accélération = 1,1 m/s2 |
Plusieurs hypothèses sont avancées quant à l'origine du nom de la localité.
Selon certaines, son nom serait attesté sous la forme Menz au XIIe siècle[9]. Menz serait alors un nom de personne gaulois Mincios, Mincius, pris absolument, sous-entendu *Mincium fundum[10].
Pour d'autres[Qui ?], Mens se serait appelée Saint-Mens.
Une chose est certaine : Mens porte déjà son nom actuel au Haut Moyen Âge[11].
Le Trièves était habité par les Tricores, une tribu Voconce qui s'est romanisée sous la domination romaine.
À l'époque impériale il existait, approximativement à l'emplacement de l'actuel village, un marché appelé Forum Neronis, créé par le général romain Tiberius Néron, pontife de Jules César vers 55 av. J.-C..
Au Moyen Âge, le village est fortifié. L'actuel quartier historique de Mens en rappelle l'étendue. L'église primitive du XIe siècle est développée d'abord par les Templiers au XIIe siècle, puis au XIVe siècle.
Au XIIIe siècle, Mens devient véritablement la capitale du Trièves, avec son marché hebdomadaire où les cours des denrées et des bestiaux étaient fixés. La prospérité de Mens tient aussi à son artisanat, alors très actif : cloutiers (petit filon de fer à Montvallon), potiers, tuiliers (veines d’argile) et surtout tisserands (laine, lin et chanvre surtout). Les toiles à voile sont réputées et vendues jusqu’à Beaucaire. Pendant cette période, le commerce est plus axé sur le Midi et le Diois que sur Grenoble (manque de voies de communications).
Au XVIe siècle, le connétable Lesdiguières devient gouverneur du Dauphiné en 1612. Chef militaire hors pair, diplomate et négociateur habile, qualifié par Henri IV « de rusé comme un renard », François de Bonne de Lesdiguières fait de Mens une place forte du protestantisme. En 1573, ce protestant convaincu a fait de Mens son bastion militaire, dissuadant les attaques des troupes catholiques. Dès le milieu du XVIe siècle, un temple est édifié dans le bourg, qu'on surnomme désormais "la petite Genève des Alpes"[12].
Le village compte alors 1200 habitants dont 90 % de protestants. Alors que les guerres de religion opposant catholiques et protestants sévissent en France, Mens fait exception.
En 1685, avec la Révocation de l'édit de Nantes, le catholicisme s’impose et 300 protestants mensois, sur 1 200 habitants, choisissent l’exil. D’autres poursuivent leur culte dans la clandestinité.
Le parlement de Grenoble cherche à nettoyer ce nid de protestants et envoie régulièrement ses troupes. Beaucoup de huguenots sont inquiétés, mis en prison ; les femmes envoyées au couvent. Jean Bérenger, que l'on appelle le pasteur Colombe, responsable de la « Religion Prétendue Réformée » sur tout le Dauphiné, est condamné deux fois à mort par contumace. Il est brûlé en effigie sur la place du Breuil.
Patrimoine religieux: ancien bastion du protestantisme en Dauphiné, Mens garde ses deux clochers (église catholique et temple protestant), ainsi que de nombreux cimetières privés, tous protestants, datant de l'époque où les Réformés n'avaient pas le droit d'enterrer les leurs en terre « chrétienne » ; il y a aussi deux cimetières publics, l'un catholique et l'autre protestant.
Avec l'édit de tolérance en 1787, et surtout avec le Premier Empire, la liberté de religion est rétablie, mais la ferveur des fidèles a beaucoup faibli.
Un jeune évangéliste, Félix Neff, arrivé de Genève en 1821, ranime alors le protestantisme en Trièves. C’est l’initiateur de « l’École modèle », longtemps la seule école normale protestante de France, qui fonctionne de 1834 à 1914.
Dès lors, Mens se développe comme nœud de communications, mais aussi grâce à son activité de tissage du chanvre. Une usine de soie est construite en 1895 et fermera ses portes en 1962. Aujourd'hui, le tourisme a permis de compenser l'exode rural, et Mens attire désormais des citadins séduits par le calme et la nature préservée du Trièves[13].
Mens est proche des maquis, notamment celui du Pas de l'Aiguille où sont plusieurs jeunes Mensois.
Des familles juives ont été accueillies dans la région.
Edouard Arnaud, maire de Mens et propriétaire du « Café des Arts » est arrêté par les Allemands pour fait de résistance en juillet 1944. Il est envoyé au camp de Neuengamme où il meurt d'épuisement le 29 janvier 1945 ; il sera, malgré son absence, élu maire aux élections de mai 1945, Mens ne connaîtra son décès qu'en juin 1945.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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1900 | 1904 | Paul Sennebier | n.c. | |
1904 | 1912 | Édouard Besson | n.c. | Deux mandats |
1912 | 1923 | Charles Dellorenzi | n.c. | Deux mandats |
1923 | 1925 | Louis Rippert | n.c. | Décédé en fonction le 6 décembre 1925 |
1925 | 1929 | Albert Baup | n.c. | |
1929 | 1941 | Paul Brachet | n.c. | Deux mandats ; décédé en fonction le 2 novembre 1941 |
1941 | 1944 | Édouard Arnaud | n.c. | Arrêté par les nazis en juin 1944 (Cf. ci-dessous) |
oct. 1944 | mai 1945 | René Édouard Galland | n.c. | Désigné par le comité local de libération |
mai 1945 | oct. 1946 | Édouard Arnaud | n.c. | Déporté au camp de Neuengamme en juillet 1944, meurt le 29 janvier 1945. Élu en son absence : Mens ne connaîtra en effet son décès qu'en juin 1945 |
oct. 1946 | 1947 | Jean Rolland | n.c. | À la suite de la démission du conseil, à l'origine de nouvelles élections |
1947 | 1953 | Édouard Henri Darier | n.c. | |
1953 | 1959 | Louis Joseph Brun | MRP | Conseiller général du canton de Mens de 1949 à 1955 |
1959 | 1971 | Roger Brachet | Rad. puis MRG | Deux mandats ; conseiller général du canton de Mens de 1955 à 1979 |
1971 | 1977 | Roland André Chabert | n.c. | |
1977 | 1983 | Pierre Rolland | DVG | Conseiller général du canton de Mens de 1979 à 1983 |
1983 | 1989 | Dr Marc Simond | n.c. | |
1989 | 2001 | Philippe Richard | n.c. | |
2001 | 2008 | Philippe Gazin | DVD | Éducateur spécialisé, directeur d'établissements médico-sociaux |
2008 | 2014 | Annette Pellegrin | PS | Agent des PTT |
2014 | 2020 | Bernard Coquet | SE | Retraité de la fonction publique |
2020 | En cours | Pierre Suzzarini | SE | Infirmier libéral |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[14]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[15].
En 2019, la commune comptait 1 393 habitants[Note 2], en augmentation de 3,72 % par rapport à 2013 (Isère : +2,9 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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2 009 | 1 883 | 1 992 | 1 828 | 1 884 | 1 924 | 2 126 | 2 135 | 2 093 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
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1 852 | 1 903 | 1 951 | 1 967 | 1 965 | 2 083 | 1 898 | 1 728 | 1 706 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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1 734 | 1 646 | 1 539 | 1 233 | 1 144 | 1 153 | 1 257 | 1 123 | 1 207 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2011 | 2016 |
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1 137 | 1 090 | 1 139 | 1 116 | 1 129 | 1 175 | 1 382 | 1 370 | 1 397 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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1 393 | - | - | - | - | - | - | - | - |
La commune est rattachée à l'académie de Grenoble.
Historiquement, le quotidien régional Le Dauphiné libéré consacre, chaque jour, y compris le dimanche, dans son édition de Romanche et Oisans, un ou plusieurs articles à l'actualité de la communauté de communes, du canton, ainsi que des informations sur les éventuelles manifestations locales.
L'église (propriété de la commune) et la communauté catholique de Mens dépendent de la paroisse Notre-Dame d'Esparron (Relais de Notre-Dame de l'Assomption), elle-même rattachée au diocèse de Grenoble-Vienne[18].
En visitant Mens, il est impossible d'ignorer la fameuse bouffette composée de deux biscuits de Savoie (sorte de génoise) fourrés avec une crème vanillée à base de sucre glace et de crème fraîche dont la recette de la famille Perrier, boulangers de père en fils, est tenue secrète depuis plusieurs générations.
Parmi les autres spécialités locales, les ravioles du Trièves figurent parmi les incontournables plats; petits raviolis généralement fourrés de fromage local ainsi que d'herbes aromatiques.
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Mens possède des armoiries dont l'origine et le blasonnement exact ne sont pas disponibles.
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