Belgodère est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Elle appartient à l'ancienne piève de Tuani, en Balagne.
La commune de Belgodère se situe à l'extrémité orientale de la Balagne, dans l'ancienne pieve de Tuani, dans l'ancienne province génoise de Balagna. Le sud-est de son territoire est limitrophe du parc naturel régional de Corse.
![]() |
Mer Méditerranée | Mer Méditerranée | Palasca | ![]() |
Occhiatana | N | Palasca | ||
O Belgodère E | ||||
S | ||||
Occhiatana | Occhiatana | Olmi-Cappella |
Belgodère se trouve dans la Corse occidentale ancienne, dite encore « Corse cristalline », constituée pour l'essentiel de roches granitiques, et séparée de la Corse orientale où dominent les schistes, par une dépression centrale, un sillon étroit constitué pour l'essentiel de terrains sédimentaires secondaires et tertiaires qui coupe l'île du nord-ouest au sud-est, depuis l'Ostriconi jusqu'au Solenzara. La commune se situe à l'ouest et en partie en limite de cette ligne où s'élèvent les plus hauts sommets de l'île.
Dans cette région cristalline, vers Belgodère, Occhiatana et Vallica, on trouve des gneiss et des micaschistes normaux à l'état de lambeaux.
« Ils y forment une bande orientée nord-est sur une longueur de 25 à 30 kilomètres et une largeur de 4 à 5, en affectant une aire anticlinale. L'axe de cet anticlinal est vers la Tour du Losari, sur du granite. »
— D. Hollande in Géologie de la Corse, Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse - Éditeur Veuve Ollagnier Bastia, janvier 1917 - p. 13.
Des gabbros sont signalés entre Belgodère, Vallica et au-delà.
Son sol recèle par endroits du sulfure de plomb argentifère, sulfure de cuivre et du mispickel ou fer arsenical, à Lozari.
Son territoire est une langue de terre partant d'une haute ligne de crête, celle délimitant sur près de 400 m le parc naturel régional de Corse au sud, fuyant vers la mer au nord en longeant le flanc occidental d'un petit chaînon montagneux s'épaulant sur la chaîne principale ceinturant la Balagne au Pinzu Sordu (1 206 m), sommet « à cheval » sur Pioggiola et Olmi-Cappella. Il est compris entre celui de Occhiatana de l'ouest jusqu'au sud, et ceux des grandes communes de Palasca à l'est et d'Olmi-Cappella au sud-est. Avec cette dernière ses limites sont très courtes, marquées par le ruisseau de Cava juste au sud des ruines de la chapelle San Antonio à 803 m d'altitude.
Au nord, comme ses deux voisines Occhiatana et Palasca, la commune possède une façade maritime. Belgodère partage la grande plage de sable de Losari (la deuxième en dimensions après celle de Calvi) avec Palasca, leurs limites divisant territorialement le V.V.F. de Losari.
Si la partie orientale de la plage est fréquentée par les résidents de l'ex V.V.F., la partie occidentale est accessible à tous. Elle est dominée par une tour génoise ruinée. S'y trouve l'embouchure du Regino. Une passerelle a été construite pour enjamber le fleuve. Des ganivelles ont été mises en place par le Conservatoire du littoral propriétaire des lieux, afin de protéger les dunes bordant la plage de Lozari.
Le fiume di Regino (ou ruisseau de Pacciani) est le principal cours d'eau communal[1]. Il prend sa source à Feliceto sous le San Parteo (1 680 m) et a son embouchure à l'ouest de la plage de Losari, sous la tour de Lozari.
Durant sa traversée du territoire communal, il reçoit les eaux de deux de ses affluents :
Le village de Belgodère est traversé par la RT 301 (ex-RN 197), une route sinueuse dans cette partie montagneuse avec le col de San Colombano (692 m - Palasca), que tous les véhicules devaient emprunter pour relier la Balagne au centre de l'île et vice-versa. Depuis la création de la voie rapide dite La Balanina (route territoriale 30 ex-RN 197)[Note 1], le trafic routier a été détourné, Belgodère est devenu en retrait du gros de la circulation. Il reste néanmoins sur le circuit touristique des « villages balcons » de la Balagne, puisque la route D 71 dite encore « route corniche », prend naissance au cœur du village pour se terminer 32 km plus loin à Lumio après la traversée de dix autres villages.
Une voie des Chemins de fer de la Corse traverse la commune qui est desservie par deux points d'arrêt, en contrebas et éloignés du village. La gare de Belgodère se situe curieusement sur la commune d'Occhiatana, alors que Belgodère possède une autre gare (gare du PK 79 + 800 nommé San Gavino). Les bâtiments de l'ancienne gare désaffectée sont encore intacts.
Le village de Belgodère est distant de 18 km du port de commerce de L'Île-Rousse. L'aéroport le plus proche est l'aéroport de Calvi-Sainte-Catherine, à 39 km.
Belgodère est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 2],[7],[8],[9].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de L'Île-Rousse, dont elle est une commune de la couronne[Note 3]. Cette aire, qui regroupe 12 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[10],[11].
La commune, bordée par la mer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[12]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[13],[14].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (54,3 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (52,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (42,8 %), zones agricoles hétérogènes (32,3 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (11,5 %), prairies (7,2 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (3,8 %), zones urbanisées (2,4 %), eaux maritimes (0,2 %)[15].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[16].
Le village de Belgodère est un balcon sur la vallée du Regino, du nom du petit fleuve côtier fiume di Regino qui l'arrose et qui a son embouchure au pied de la tour de Losari. Sur son cours un barrage de retenue d'eau, le lac de Codole que se partagent les communes de Feliceto, Santa-Reparata-di-Balagna et Speloncato, a été dressé pour satisfaire en eau les besoins des agglomérations en période estivale.
Losari ou Lozari (en corse L'Òsari) le hameau le plus important de Belgodère. Situé en arrière d'une remarquable plage de sable, la plage de Losari, il est en train de se développer rapidement, tout comme la partie orientale de la plage qui appartient à Palasca. De nombreuses constructions, destinées essentiellement à la location saisonnière, y ont vu le jour, venant s'ajouter au V.V.F. existant depuis plusieurs décennies et devenu récemment un club de vacances de la société Belambra Clubs.
Le nom corse de la commune est Bargudè /barguˈɛ/. Ses habitants sont les Barguderacci.
Le nom de Belgodère (traduire par « beau plaisir ») aurait été donné par le marquis de Massa[17] qui, en 1268, trouvant la position stratégique et la vue belle, y fit construite sa demeure fortifiée, le castrum de Belgodère.
Des trouvailles heureuses de quelques outils (pointes de flèches et des haches polies) rencontrés à la surface du sol témoignent de l'occupation du site au Néolithique. Ainsi, M. Marchesi a signalé dans le Journal du Moniteur des inventions (3e année) la découverte d'une hache en péridotite (collection de Graziani) et d'une autre en schiste amphibolique (collection de la Sorbonne) toutes deux trouvées à Belgodère. Des pointes de flèches en porphyre pétrosiliceux de la Corse ont également été trouvées à Belgodère[18].
Des vestiges d'anciens monuments et de fortifications témoignent encore du passé médiéval de Belgodère. Ce nom de Belgodère (traduit par beau plaisir) aurait été donné par le marquis de Massa[17]. En 1268 ce puissant seigneur féodal trouvant la position stratégique et la vue belle, (il pouvait voir jusqu'à la mer d'où venaient les assaillants barbaresques), la fit fortifier et aménager pour s’y installer à demeure.
Au début du XVIe siècle, existait la pieve de Toani. Belgodère faisait partie des lieux habités de la pieve qui vers 1520, étaient : li Quercioli, Belgoder, Ochiatana, le Ville, la Costa, le Cavalleragie, Speluncato[19].
En 1630, le Prieur A. P. Malaspina, qui exerçait ses droits seigneuriaux avec trop de rigueur, fut massacré par la population.
Au début du XVIIIe siècle, selon le rapport de l'abbé Accinielli, la pieve de Tuani regroupait les communautés de Belgodère 595 hab., Occhiatana 334 hab., Costa 103 hab., Speloncato 594 hab. et Ville 402 hab.[20].
1768 : après la cession de la Corse à la France, l'île passe sous administration militaire française. Tuani prendra le nom de pieve de Paraso. En 1790, le Paraso devient le canton de Belgodère[19].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
1800 | 1815 | Ghjuvanni Andria Malaspina | . | . |
1816 | 1821 | Anghjulu Francescu Leoni | . | . |
1821 | 1830 | Tumasgu Amici | . | Général d'Empire à la retraite |
1831 | 1848 | Antone Leonardu Buonfigliu Belgodere de Bagnaja |
. | . |
1848 | 1906 | Jean André Malaspina | . | . |
1906 | 1907 | Thomas Malaspina | . | . |
1909 | 1910 | Antoine Colombani | . | . |
1911 | 1920 | Antoine Martin Leoni | . | . |
1920 | 1925 | Augustin Galetti | . | . |
1925 | 1946 | Joseph Colombani-Malaspina | . | . |
1947 | François Marie Colombani | . | . | |
1948 | 1950 | Marius Aldobrandi | . | . |
1950 | 1959 | Jean Baptiste Simon | . | . |
1959 | 1965 | Louis Orsini | . | . |
1965 | 1979 | Ambroise Colombani-Malaspina | . | . |
1979 | 1989 | Antoine Canioni | PCF | . |
1989 | 2001 | Joseph Firroloni | DVD | Conseiller général |
mars 2001 | En cours | Lionel Mortini | REG | Eleveur Président de la communauté de communes |
Les données manquantes sont à compléter. |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[22]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[23].
En 2019, la commune comptait 671 habitants[Note 5], en augmentation de 21,56 % par rapport à 2013 (Haute-Corse : +6,41 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 | 1856 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
653 | 711 | 759 | 752 | 805 | 941 | 993 | 993 | 1 001 |
1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 | 1901 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 004 | 993 | 938 | 928 | 954 | 966 | 1 052 | 999 | 941 |
1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 | 1962 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
852 | 778 | 706 | 740 | 608 | 660 | 545 | 530 | 489 |
1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2008 | 2013 | 2018 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
443 | 367 | 453 | 331 | 371 | 457 | 477 | 552 | 658 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
671 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Le château Malaspina se situe à flanc de la colline dite A Costa, construit en 1892 par la famille Malaspina. Le jardin public du château Malaspina au lieu-dit Ajola, date de la fin XIXe siècle. Il comprend verger, terrasse en terre-plein, chapelle en marbre blanc de Carrare, conciergerie et édifice agricole. Il a fait l'objet en 1996 d'une enquête préalable et a été repris au pré-inventaire des jardins remarquables (ministère de la Culture, direction de l'architecture et du patrimoine, et Ministère de l'écologie et du développement durable)[26].
Les vestiges de la tour de guet médiévale E Teghje du XVIe siècle dominent le village.
Une statue du Sacré Cœur de Jésus y est dressée depuis l'été 1991.
Cette tour génoise ruinée, construite dans le dernier quart du XVIe siècle par Angelo Aijcardo est édifiée sur un promontoire à 26 m au-dessus de la mer, elle est alignée sur le littoral avec les tours de Pianosa (Occhiatana) et de Saleccia (Monticello) toutes deux également ruinées, et servait au guet contre les invasions barbaresques. Elle domine la grande plage de sable de Losari.
En partie restaurée au cours de l'hiver 2015-2016.
L'église Saint-Thomas renferme un lot important d'œuvres classées[28], toutes propriété de la commune. Ce sont :
La chapelle San Giovanni (Saint-Jean) de l'ancienne Confrérie du Saint-Sacrement date du XVIIIe siècle. Elle recèle les œuvres classées ci-dessous[28], toutes propriété de la commune :
La chapelle Notre-Dame-de-Lozari se situe proche de la jonction de la route nationale 197 avec celle menant à la plage de Lozari, au nord-est de laquelle se trouve la tour génoise ruinée. Laissée très longtemps à l'abandon, la petite chapelle a été restaurée en 2013. Le 17 février 2015, un article de Corse-Matin indique qu’elle vient de récupérer sa cloche.
Les coordonnées de cet article : |