Ban-de-Sapt (prononcé : [bɑ̃ də sa] Écouter) est une commune française située dans le département des Vosges, en région Grand Est.
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Ban-de-Sapt | |
![]() Paysage en hiver. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Grand Est |
Département | Vosges |
Arrondissement | Saint-Dié-des-Vosges |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération de Saint-Dié-des-Vosges |
Maire Mandat |
Serge Alem 2020-2026 |
Code postal | 88210 |
Code commune | 88033 |
Démographie | |
Gentilé | Saptésiens, Saptésiennes |
Population municipale |
350 hab. (2019 ![]() |
Densité | 15 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 20′ 37″ nord, 7° 00′ 52″ est |
Altitude | 550 m Min. 421 m Max. 888 m |
Superficie | 22,66 km2 |
Type | Commune rurale |
Aire d'attraction | Saint-Dié-des-Vosges (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Raon-l'Étape |
Législatives | Deuxième circonscription |
Localisation | |
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Ses habitants sont appelés les Saptésiens.
La commune, située dans le massif des Vosges, réunit quelques hameaux disséminés sur les rebords d'un plateau et dans l'échancrure mollement vallonnée, drainée par les minuscules contributeurs du ruisseau de la Hure[1]. Elle en comptait une dizaine autrefois. Inspiré par une fausse interprétation du vieux nom, Ad septem abietes, le chef du premier bureau de la préfecture à Épinal, Charles Charton, responsable de la statistique des Vosges entre 1830 et 1850, a tacitement considéré que chacun des sept hameaux principaux d'autrefois était représenté par un sapin : il supposait que ce lieu commun aux habitants était un lieu-dit autrefois connu, la justice qu'il situe sur un tertre à proximité de la via salaria ou voie des Saulniers[2]. À son époque, un bon observateur compte au moins neuf gros hameaux.
À Launois se trouvent aujourd'hui la mairie, l'école[3] et l'église, c'est-à-dire le centre de la vie communale. Les autres hameaux la Fontenelle, le Rouaux, Laître, Nayemont, Gemainfaing, Bourras et le Fraiteux restent à l'écart du centre.
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Moyenmoutier | Ménil-de-Senones | Châtas | ![]() |
Denipaire | N | La Grande-Fosse | ||
O Ban-de-Sapt E | ||||
S | ||||
Saint-Jean-d'Ormont | Nayemont-les-Fosses | La Petite-Fosse |
Dans la région, un ban désigne une communauté, autrefois rassemblée sous une même autorité politico-religieuse ; Sapt se réfère à l'appellation initiale " Ad septem abietes", littéralement aux sept sapins. Outre la dénomination d'une communauté qu'il nous faudra définir, le lieu précis est le lieu d'assemblée d'un ban, issu du découpage carolingien du ban mérovingien de Gondelbert, et il est fort vraisemblable que ce toponyme précis soit à Laître[4].
Le plateau était autrefois traversé par la voie des Saulniers, antique voie romaine qui reliait autrefois Saint-Blaise à Saales. La vieille route des Saulniers est abandonnée depuis 1800.
Senones est à 8 km, Saint-Dié-des-Vosges est à 11 km par le col des Raids à 525 m d'altitude débouchant sur la vallée du Robache[5]. On peut rejoindre Saâles, à 10 km, par le col du Las à 701 m d'altitude.
La commune est située dans le bassin versant du Rhin au sein du bassin Rhin-Meuse. Elle est drainée par la ruisseau la Hure, le ruisseau de Lavaux, le ruisseau des Gouttes et le ruisseau du Pre de l'Aune[6],[Carte 1].
La Hure, d'une longueur totale de 15,1 km, prend sa source dans la commune et se jette dans la Meurthe à Étival-Clairefontaine, après avoir traversé six communes[7].
Ban-de-Sapt est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[8],[9],[10].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Saint-Dié-des-Vosges, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 47 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[11],[12].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (72,3 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (73,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (72,3 %), prairies (18,3 %), zones agricoles hétérogènes (9,4 %)[13].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[14].
Le ban désigne le territoire où s'exerce la juridiction d'un suzerain. Le ban permettait en outre au seigneur d'exiger un droit de passage sur ses terres, un péage.
Le ban Ad septem abietem est un des nombreux bans provenant de l'éclatement politique de la partie méridionale du ban de Gondelbert[15]. L'ancienne église de Laître, bâtie en 738 selon les archives religieuses, atteste l'apparition de ce ban. Le hameau de Laître est le premier chef-lieu du ban. Les vestiges de l'édifice, soient le chœur et une voûte y étaient encore préservés et visibles en 1839.
Vers l'an mil, l'Abbaye Saint-Hydulphe de Moyenmoutier administre pour les ducs de Lorraine la via salaria qui mène de Saint-Blaise à Saales. L'abbaye associée de Ebersmunster, à l'autre extrémité, devrait administrer la partie alsacienne de la voie de Saales à Scherwiller, mais les guerriers de l'Ortenberg contrôlent et sécurisent la voie depuis de nombreuses décennies.
Le doyenné ou décanat est une ancienne organisation qui gère un ban. Une assemblée élit une dizaine de représentants, des dizeniers choisis et élus par les hommes libres. Parmi ceux-ci, un doyen chef de communauté rend compte aux seigneurs. Ce mode de fonctionnement préserve l'héritage de multiples censes ou d'un ban autrefois autonomes. Ici, le ban n'existe plus depuis l'an mil car le pouvoir temporel et spirituel est au main de l'abbaye de Moyenmoutier et de son voué, le duc de Lorraine. C'est pourquoi le doyenné n'est qu'une simple entité champêtre du ban de Moyenmoutier, dépendant pour la justice et le pouvoir militaire de la prévôté de Saint-Dié et du bailliage de Nancy en 1593.
En 1710, le bailliage est à Saint-Dié. L'administration française confirme cette mutation en fixant, sous la coutume de Lorraine, bailliage et maîtrise à Saint-Dié.
La paroisse découpée au treizième siècle a toujours été administrée par un moine de l'abbaye de Moyenmoutier. Le moine bénédictin titulaire nommé à la cure du Ban-de-Sapt par l'abbé a pu rétribuer, par voie contractuelle avec ses bénéfices, un prêtre, simple remplaçant. Le pauvre desservant révocable à merci effectue à sa place les tâches pastorales et les collectes de dîmes et taxes. Cette pratique sous-traitante s'efface depuis la réforme bénédictine de saint Vanne et saint Hydulphe et n'existe plus à la fin du siècle des Lumières, le moine prêtre est également le premier desservant.
En 1790, la commune fondée par l'achat symbolique d'un coffre à archives fait partie du canton de Saales et du district de Saint-Dié. Le conventionnel Couthon, chargé de l'annexion de la principauté de Salm à la France, rattache la commune au canton de Senones nouvellement formé ainsi que l'ensemble de la vallée du Hure, Saint-Jean-d'Ormont, Denipaire, Hurbache et Moyenmoutier[16].
À partir de 1800, le vieux tracé n'est plus emprunté, mais les routes venant de Moyenmoutier ou de Senones convergent toujours vers le ban de Sapt et Saâles. La réalisation finale de la route de Saint-Dié à Strasbourg par Provenchères, le col de Saales et Schirmeck au cours des années 1840 amène un lent déclin de ce réseau routier, lieu de rencontre traditionnel des Lorrains et Alsaciens, et entraîne à long terme un exode des services et petites industries désormais pléthoriques, surtout après les périodes de prospérité de l'Empire libéral.
D'après la statistique des Vosges, ce village autrefois appelé Ban-des-sept-Sapins au nord de la montagne d'Ormont, couverte de vastes et belles forêts, est composé de sept sections[17] : Nayeumont, le Fraiteux, Gemainfaing, la Fontenelle, Laitre, le Rouaux et Launois, point central de la commune où se trouve l'église, une maison d'école et un presbytère. Fayemont, Bourras, les Fols sont présentés comme hameaux. Les fermes citées sont Servaumont, les Prés-Brouïes, Burmanpaire (sic), la Comme, A la Goutte, Frabois, Viacosté (sic), l'Équelle.
La commune rassemble 1505 âmes, 317 maisons et 360 ménages. Les contributions s'élèvent à 13 741,66 F, soit :
Il y a une école spéciale de garçons de 70 élèves, et deux écoles privées qui éduquent 25 à 30 élèves chacune, avec un enseignement mixte. Un bureau de bienfaisance enregistre les demandes des indigents et nécessiteux
Les productions végétales mentionnent du froment, du seigle, de l'avoine, du sarrasin, des pommes de terre, du chanvre, du foin et beaucoup de trèfle. L'industrie comporte six moulins à farine, trois huileries, cinq fours à chaux. Sont également recensés cinq maréchaux-ferrants, trois charpentiers, trois maçons, un menuisier, un vitrier, trente tisserands, six aubergistes, vingt-deux cabaretiers, un brasseur, quatre tailleurs d'habit, trois charrons, deux couturières, deux blanchisseuses, deux brodeuses, deux cordonniers, cinq sabotiers.
À la Fontenelle, un puits très ancien d'une profondeur de 19,5 mètres est signalé : il n'aurait jamais manqué d'eau, même pendant les plus longues sécheresses.
D'après la statistique des Vosges, Ban-de-Sapt, c'est-à-dire la mairie à Launois, est à 55 km d'Épinal, 13 km de Saint-Dié et 6 km de Senones par laquelle transitent les lettres postales.
La population compte 1 519 habitants. 279 maisons donnent le gîte à 378 ménages. L'habitat est dispersé en :
Parmi les hommes nantis, 154 électeurs censitaires ont seuls le droit de voter et d'élire les seize conseillers communaux, parmi lesquels sont choisis un maire et un adjoint. Il existe toujours un bureau de bienfaisance.
L'école publique de garçons héberge en mauvaise saison 135 élèves. Deux écoles privées, essentiellement écoles catholiques de filles, accueillent aussi 77 élèves.
Avec une surface territoriale de 2 226 ha, Ban-de-Sapt est une grande commune. Le terroir paysan recensé, outre 29 ha de jardins, vergers, chènevières souvent à proximité des maisons ou dans leur enclos, se répartit entre 1 281 ha de champs, 425 ha de prés et 378 ha de bois. Les labours permettent les cultures de seigle avec un peu de blé, d'avoine, de sarrasin et de pommes de terre. Le foin de bonne qualité est renommé, mais il est peu abondant. Quatre moulins à farine, des huileries associés au commerce de bétail complètent l'activité agricole.
Une scierie à planches et trois carrières respectivement de pierres à chaux, de pierres de taille et de moellons sont en activité en saison[19].
La colline de La Fontenelle fut un point stratégique lors de la Première Guerre mondiale. Le 14 septembre 1914, la 1re Armée française, sous les ordres du général Dubail, lance une offensive pour reprendre la colline qui deviendra le centre du dispositif français.
Les Allemands multiplieront les tentatives pour reprendre cette hauteur stratégique mais n’y parviendront jamais. Il s’ensuit une guerre de mines et de sapes, de coups de main nocturnes et diurnes. La ligne de front s'établit alors sur les flancs de cette colline, et s'y enterre laissant dans le paysage de nombreux témoignages de ces combats : tranchées, munitions, sapes, ouvrages militaires.
Ces multiples actions firent de nombreuses victimes, souvent dans des corps à corps effroyables, entrainant à la suite de nombreuses canonnades la destruction totale du hameau de La Fontenelle et partielle des autres hameaux[17]. Le 24 juillet 1915, Launois est libéré et le front stabilisé, mais les Allemands ne renonceront jamais pour cette reprise les 133e régiment d'infanterie, 23 RI et les cyclistes de la 6e DI furent cité à l'ordre de l'armée. Le monument est inauguré le 15 août 1925[20].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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Les données manquantes sont à compléter. | ||||
Noël Colin | ||||
199X | En cours (au 24 septembre 2020) |
Serge Alem |
En 2015, les finances communales était constituées ainsi[21] :
Avec les taux de fiscalité suivants :
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[22]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[23].
En 2019, la commune comptait 350 habitants[Note 3], en augmentation de 1,45 % par rapport à 2013 (Vosges : −2,86 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1856 |
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1 313 | 1 322 | 1 309 | 1 341 | 1 482 | 1 505 | 1 519 | 1 524 | 1 466 |
1861 | 1866 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 | 1901 | 1906 |
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1 397 | 1 401 | 1 441 | 1 349 | 1 310 | 1 206 | 1 137 | 1 042 | 986 |
1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 | 1962 | 1968 |
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927 | 407 | 557 | 512 | 531 | 440 | 402 | 344 | 294 |
1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2005 | 2006 | 2010 | 2015 | 2019 |
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259 | 301 | 319 | 370 | 340 | 340 | 346 | 351 | 350 |
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