Tréhorenteuc [tʁeɔʁɑ̃tœk] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne et à la frontière avec l'Ille-et-Vilaine.
Avec à peine plus de 100 habitants, c'est la deuxième plus petite commune de son département. Terre d'agriculture, Tréhorenteuc subit un important exode rural au cours du XXe siècle, mais aussi un fort accroissement de sa fréquentation touristique grâce à la légende arthurienne. Après 1942, l'abbé Gillard restaure l'église communale qui se fait connaître sous le nom de « chapelle du Graal », et fait visiter le Val sans retour.
En 1996, la commune a obtenu le Label "Communes du Patrimoine Rural de Bretagne" pour la richesse de son patrimoine architectural et paysager[réf. nécessaire].
Néant-sur-Yvel | ||
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Paimpont Ille-et-Vilaine | |
Loyat | Campénéac |
La commune de Tréhorenteuc s'étend sur 542 hectares, pour une altitude de 92 mètres au niveau du bourg[1]. Elle touche la forêt de Paimpont, assimilée à la légendaire forêt de Brocéliande. La proximité d'un site populaire de cette forêt, le Val sans Retour (qui doit son nom à la fée Morgane), en a fait une destination touristique prisée. Tréhorenteuc est entourée de landes et des collines du Val sans retour, dont les plus élevées culminent à 240 et 256 mètres[1]. Les pierres de schiste rouge typique de cette région de Bretagne s'y trouvent en abondance[2], particulièrement à la carrière située au lieu-dit la Troche.
Trois ruisseaux traversent la commune. La Grenouillère et le Rauco proviennent de la forêt de Paimpont, le ruisseau des Rouliers prend source à Pertuis-Néanty. Ils se rejoignent près de la commune et se jettent plus loin dans l'Yvel, à hauteur de Néant-sur-Yvel[2].
La commune compte plusieurs quartiers : le Pâtis, les Ruées, le Gué Ronçin, les Vignes, Gautro et Rue neuve, ainsi que le village la Touche-Robert, et des hameaux ou lieux-dits qui en dépendent : Trébotu, la Troche, le Terrier, le Val aux Fauvettes, la Tenue, le Champ au Mur, Bellevue et le Mazerin[2].
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique franc », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[3]. En 2020, la commune ressort du type « climat océanique » dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Ce type de climat se traduit par des températures douces et une pluviométrie relativement abondante (en liaison avec les perturbations venant de l'Atlantique), répartie tout au long de l'année avec un léger maximum d'octobre à février[4].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 1]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[7] complétée par des études régionales[8] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Mauron », sur la commune de Mauron, mise en service en 1969[9] et qui se trouve à 8 km à vol d'oiseau[10],[Note 4], où la température moyenne annuelle est de 11,5 °C et la hauteur de précipitations de 761,4 mm pour la période 1981-2010[11]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Rennes-Saint-Jacques », sur la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande, dans le département d'Ille-et-Vilaine, mise en service en 1945 et à 43 km[12], la température moyenne annuelle évolue de 11,7 °C pour la période 1971-2000[13], à 12,1 °C pour 1981-2010[14], puis à 12,4 °C pour 1991-2020[15].
Tréhorenteuc est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 5],[16],[17],[18].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Ploërmel, dont elle est une commune de la couronne[Note 6]. Cette aire, qui regroupe 19 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[19],[20].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (62 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (61,8 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (38,2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (22,7 %), forêts (15,3 %), prairies (14,5 %), zones agricoles hétérogènes (9,3 %)[21].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[22].
Le nom de la commune est attesté sous la forme Trehorentuc en 1330, Tregaranteuc et Treharanteuc en 1444[23].
Le nom de Tréhorenteuc est un toponyme d'origine britonnique: les noms en « Tré » désignent des exploitations agricoles en vieux breton. Leurs sens a par la suite évolué pour désigner une subdivision paroissiale[24]. D'après la communauté de communes de Mauron en Brocéliande, qui ne cite pas ses sources, ce nom signifierait « pays de la charité »[25]. D'après Jacky Ealet, la commune est historiquement connue sous un autre nom, « Trégarantec », qui signifierait « l'habitation aimable »[26].
En gallo, langue parlée historiquement sur le territoire de la commune, le nom est Téurhenteu[27]. La forme bretonne correcte proposée par l'Office public de la langue bretonne est Trec'horanteg[28].
L'occupation du territoire de Tréhorenteuc remonte du Néolithique à l'âge du bronze, comme en témoignent les monuments mégalithiques des environs[29]. Une église aurait été fondée au VIIe siècle, pour concurrencer le centre druidique de la Butte-aux-Tombes[25]. La commune reste très longtemps rurale : elle ne possède aucune route en macadam jusque dans les années 1950[30], et si l'électrification du bourg central est décidée le 26 mai 1929, il faut attendre 1942 pour que les finances communales permettent aux habitants d'avoir l'électricité chez eux[31].
Après les années 1940, l'histoire de Tréhorenteuc se mêle à la légende arthurienne. Par son action, l'abbé Gillard popularise la mystique du Val sans retour, notamment à travers sa célèbre expression « la porte est en dedans »[32]. Percevant la beauté du lieu et le potentiel de la légende arthurienne christianisée[33], dès 1943, il fait éditer à ses frais de petits guides de visite aux « éditions du Val »[34]. Son sens de la communication et sa personnalité construisent la notoriété de ce petit village, qui attire dès lors des visiteurs depuis toute la France. L'abbé Gillard assiste dans le même temps au déclin de l'économie agricole et à un exode rural massif. En favorisant le tourisme, il permet à la commune de trouver de nouveaux débouchés[35]. Moins qu'un lieu de culte, l'église Sainte-Onenne devient un centre culturel, « faute d'habitants »[36], où l'on peut aujourd'hui admirer une belle mosaïque, le « Cerf blanc » réalisée en 1955 par Jean Delpech d'après un dessin d'Odorico, et un grand vitrail présentant des éléments majeurs de la légende arthurienne.
Dans les années 1970 et 1980, plusieurs actions de valorisation du patrimoine sont menées dans ce sens[35]. La création de l'"Association de sauvegarde du Val sans retour", en 1979, vise à nettoyer les abords du village pour éloigner les risques d'incendie. En 1990 est érigé l'Arbre d'Or à l'entrée du Val sans retour. En 2000, la mairie est rénovée et une salle des fêtes est créée dans l'ancienne école[37].
Une statue en bronze de l’abbé Gillard a été placée le devant l’église du Graal à Tréhorenteuc ; elle a été volée le [38].
Située dans le département du Morbihan en région Bretagne, Tréhorenteuc se rattache au canton de Mauron et à l'arrondissement de Vannes. Un tiers de sa limite communale forme une frontière avec le département voisin d'Ille-et-Vilaine [1].
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
avant 1988 | 23 mai 2020 | Michel Jallu | Apparenté PCF | |
23 mai 2020 | En cours (au 30 mai 2020) |
Michel Gortais[39] | 2e adjoint de son prédécesseur |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[40]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[41].
En 2019, la commune comptait 116 habitants[Note 7], en augmentation de 3,57 % par rapport à 2013 (Morbihan : +2,97 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 |
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150 | 201 | 234 | 240 | 232 | 256 | 265 | 278 | 239 |
1856 | 1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 |
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212 | 219 | 232 | 217 | 211 | 226 | 230 | 244 | 245 |
1901 | 1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 |
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241 | 227 | 218 | 230 | 231 | 215 | 189 | 188 | 162 |
1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2005 | 2006 | 2010 |
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157 | 142 | 110 | 109 | 126 | 117 | 112 | 110 | 110 |
2015 | 2019 | - | - | - | - | - | - | - |
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117 | 116 | - | - | - | - | - | - | - |
C'est la commune la moins peuplée du Morbihan, avec 112 habitants recensés en 2005[1]. Comme l'explique Jacky Ealet, la fréquentation touristique a augmenté avec le lien de la commune à la légende arthurienne, tandis que les usages agricoles ont reculé et avec eux, le nombre des habitants[44].
La commune a longtemps disposé d'un établissement scolaire, installé le 12 aout 1796 dans le presbytère. Malgré la pénurie d'enseignants, il se maintient et passe même par un déménagement dans un bâtiment mixte, construit en 1882 pour servir à la fois d'école et de mairie. L'exode rural et le désenclavement de la commune ont finalement entraîné la fermeture de l'école primaire en 1986, alors qu'il ne reste plus que 7 enfants scolarisés[45]. Ces enfants suivent désormais l'enseignement primaire dans la commune voisine de Néant-sur-Yvel[46].
Il n'existe aucun médecin généraliste et aucune pharmacie à Tréhorenteuc, les plus proches se trouvant dans les villages voisins de Néant-sur-Yvel et Campénéac.
La commune est essentiellement tournée vers le tourisme[1] ; elle possède notamment un office de tourisme qui dessert tout le canton et plusieurs gîtes ruraux. Une halle d'accueil est destinée à recevoir les visiteurs, et l'ancien presbytère est aménagé pour recevoir des randonneurs. Toute l'année, de nombreux groupes scolaires et des autocaristes sont de passage[37].
Le manoir des Rues-Neuves[47] ou château de Gerwan dont on peut associer le nom à celui d'un prince breton du IXe siècle. Restauré depuis son classement au Monument Historique, ce manoir est lié à plusieurs légendes de la forêt de Brocéliande et a servi de décor pour un téléfilm avec Jean Markale.
Ce bâtiment présente une double porte charretière et piétonne. Il est aussi accosté d’une tourelle d’escalier polygonale. Une loggia donne accès à la cour. Dans cette cour, une belle porte moulurée du XVIe siècle se mélange parmi les bâtiments de la ferme.
Le Jardin aux Moines est un site mégalithique, au croisement de la route menant à Mauron et de celle reliant Paimpont à Néant-sur-Yvel. Il est rattaché à cette dernière commune, mais sa légende l'associe au vil seigneur Gastern de Tréhorenteuc. Menant une chasse le jour de la Toussaint, ce mauvais seigneur aurait été pétrifié et changé en pierres blanches avec son équipage, et les moines corrompus qui l'accompagnent. Ce tertre néolithique mesure 25 sur 6 mètres, et remonte à une période située entre 3 000 et 2 000 ans av. J.-C. Les fouilles ont révélé des céramiques et des pointes de flèche en silex[48].
Le Val sans retour est un prolongement naturel du massif forestier de Paimpont, dont l'entrée est située près de Tréhorenteuc. À l'origine, il porte le nom de val de Rauco et sert de lieu de pacage pour les animaux. La localisation du légendaire Val sans retour, domaine de la fée Morgane dans la légende arthurienne, s'y substitue vers 1850[Note 8]. Des poteaux indicateurs placés durant la seconde moitié du XIXe siècle entérinent cette nouvelle identité[49], que Félix Bellamy fixe définitivement dans les années 1890[50]. Le Val sans retour, situé administrativement dans le département d'Ille-et-Vilaine, compte différents points d'intérêt comme la création artistique l’Arbre d'Or, le site mégalithique dit Hotié de Viviane ou Tombeau des druides, le siège de Merlin ou Roche Dentelée (une roche sculptée par l'érosion).
Tréhorenteuc possède une église unique en son genre, dont la restauration et la popularité découlent de l'action de l'abbé Gillard. Alors que l'édifice est en ruine, l'abbé est envoyé dans ce petit édifice en pleine campagne en 1942, en raison de conflits avec sa hiérarchie[35]. Il restaure l'église à ses frais. Le premier vitrail dit « de la Table ronde » est réalisé et posé en 1943 par le peintre verrier nantais Henri Uzureau. En 1945, l'abbé est aidé par deux prisonniers allemands, l'ébéniste Peter Wissdorf, qui fabrique les bancs et la voûte en coque de bateau ainsi qu'un artiste peintre, Karl Rezabeck, qui réalise quatre tableaux représentant à la fois le monde celte, la légende arthurienne et le christianisme. Dans cette église, les vitraux, les tableaux et la mosaïque du Cert blanc au collier d'or créée par l'artiste contemporain Jean Delpech, représentent des éléments de ces trois mondes que l'abbé veut en harmonie. Pour cela, il trouve un tronc commun entre ces trois mondes, qui est le Graal. Ce dernier est fréquemment représenté, c'est pourquoi l'église porte aussi le nom de chapelle du Graal. Elle est dédiée à sainte Onenne.
Henri Gillard, le recteur de Tréhorenteuc qui a reconstruit l'église, est sans conteste la personnalité la plus marquante de la commune. Réhabilité par sa hiérarchie, il est enterré en 1979 sous l'église qu'il a restaurée[35]. Il a écrit un grand nombre d'ouvrages[51].
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