Sigale (ou, jadis, Sigalle ; en italien Cigala ou Cigalla et Sigala) est une commune française située dans le département des Alpes-Maritimes, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Pour les articles ayant des titres homophones, voir Cigale (homonymie).
Sigale | |
Vue orientée nord du village. | |
![]() Blason |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Provence-Alpes-Côte d’Azur |
Département | Alpes-Maritimes |
Arrondissement | Nice |
Intercommunalité | Communauté de communes Alpes d'Azur |
Maire Mandat |
Arnaud Prigent 2020-2026 |
Code postal | 06910 |
Code commune | 06135 |
Démographie | |
Gentilé | Sigalois |
Population municipale |
197 hab. (2019 ![]() |
Densité | 35 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 43° 52′ 24″ nord, 6° 57′ 55″ est |
Altitude | Min. 327 m Max. 1 108 m |
Superficie | 5,62 km2 |
Unité urbaine | Commune rurale |
Aire d'attraction | Nice (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Vence |
Législatives | Deuxième circonscription |
Localisation | |
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Ses habitants sont appelés les Sigalois.
Sigale est une commune rurale[Note 1],[1]. Elle fait en effet partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[2],[3].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Nice, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 100 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[4],[5].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (83,4 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (83,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (32,9 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (26,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (23,8 %), prairies (16,7 %)[6].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[7].
Le nom du village est cité dans la première moitié du XIIIe siècle, ainsi qu'un autre habitat dénommé Sigalon ; mais un nom identique y est signalé dès 1144[8]. Un ouvrage de la Société topographique mentionne en 1850 que le premier nom du village fut Alassia[9]. Comme d'autres villages de la vallée de l'Estéron, l'étymologie peut se rapporter à des origines celto-ligures : sig, montagne[10]; l'oronyme est peut-être même antérieur aux langues indo-européennes (*sik-, montagne, variation de *sek-, hauteur)[11]. Le suffixe (Alassia ?) rappelle l'étymologie celtique d'Alésia (« falaises » ?). L'allusion au « seigle » (latin présent dans les toponymes de Ségalar, Ségalas ou La Ségalassière[11]. La commune de Sigalens (Gironde) possède une toponymie proche) est fort improbable étant donné la position escarpée du village.
Commune d'origine gréco-romaine, peut-être razziée par les Sarrasins entre le VIIIe et le Xe siècle, puis inféodée aux comtes de Provence.
En 1331, le roi Robert d'Anjou, comte de Provence, n'ayant pas d'héritier mâle, veut faire reconnaître comme héritières légitimes ses petites-filles, Jeanne et Marie. Le sénéchal de Provence, Philippe de Sanguinet, demande donc à tous les prélats, nobles et communautés de venir prêter serment de fidélité. C'est ce que fait à Avignon, le , le syndic de Sigale Antoine Sigalon[12]
À la mort du roi Robert en 1343, c'est Jeanne d'Anjou qui monte sur le trône. La mort de son premier mari, André de Hongrie, en 1345, et son remariage avec Louis de Tarente, en 1348, vont entraîner une série de conflits exigeant des moyens financiers de plus en plus importants.
Le , Jeanne et Louis, reine et roi de Jérusalem, de Sicile, comtes de Provence et de Piémont, déclarent que la ville de Grasse, les castrums et localités dépendant de sa viguerie feront toujours partie de leur domaine, ne seront jamais aliénés et ils confirment leurs privilèges. Jacques Michaelis, procureur de Sigale en obtient copie le .
À l'été 1357 la Provence est mise à mal par les bandes de pillards d'Arnaud de Cervole, dit l'Archiprêtre. Elles sont suivies par celles du comte d'Armagnac venues les combattre, mais qui ne se comportent pas mieux. Si la région de l'Estéron ne semble pas avoir été touchée par ces bandes, elle a dû cependant payer les frais engagés pour les combattre.
Le , le notaire de Sigale, Raynaud Chabaud, se présente devant le vice-juge de la cour de Grasse pour protester contre les redevances supplémentaires qu'on a exigées de la population de la vallée de l'Estéron. En 1361 et 1364, les habitants de Sigale et de Roquesteron se plaignent des abus des gens du fisc.
Lors de la crise ouverte par la mort de la reine Jeanne Ire, la communauté de Roquemartine adhère à l’Union d'Aix (1382-1387), soutenant Charles de Duras contre Louis Ier d'Anjou. Elle fait même partie des plus fidèles et maintient son soutien même après la reddition d’Aix[13].
Sigale suit le reste de la Provence orientale. Suivant l'exemple de Nice, les procureurs de Sigale et Roquesteron se donnent le au comte de Savoie (dédition de Nice à la Savoie), qui confirme les privilèges, les franchises et les droits de la commune. En 1399, la brouille entre les Grimaldi de Beuil et le comte de Savoie va amener les premiers à s'emparer du château de Sigale et de Roquesteron. En 1400, le conflit s'apaise et les châteaux sont rendus au comte de Savoie.
Administrée jusqu'en 1775 par trois consuls annuellement élus, un Conseil ordinaire (de douze membres), un bayle (c'est-à-dire un "bailli", juge de basse et moyenne justice, librement élu par le Conseil à partir de 1471), assisté d'un lieutenant-bayle, et par divers autres officiers municipaux (trésorier, regardateurs, pacificateurs, etc.). Des premières magistratures (consuls et bayle) émerge peu à peu une notabilité dont, à travers les délibérations communales et actes de justice, on peut suivre l'évolution entre le début du XVIe siècle et la première moitié du XVIIIe. À partir de la réforme sarde de 1775, la charge de consul (syndic), d'une durée de six mois à un an, ne sera plus dévolue qu'à une seule personne, choisie par ordre d'ancienneté dans le Conseil; le premier magistrat sera assisté de deux conseillers, d'un secrétaire et d'un lieutenant-juge.
Pour renflouer les caisses de l’État et renouveler la noblesse nissarde, Victor-Amédée II réévalue les impôts municipaux des communes du Comté (inchangés depuis la Dédition) et va inféoder celles qui sont incapables de racheter leurs droits. Sigale est ainsi donnée en fief en 1651 au sénateur Jean-Baptiste Blancardi (d’une famille originaire de Sospel), puis érigée en comté en faveur du capitaine Annibal Lea en 1664. En 1722, c'est le chevalier Ottavio Maria Blancardi qui devient comte de Sigale. Après être revenu au domaine royal, le fief est enfin vendu en 1760 à Giuseppe Vittorio Martini Ballayra di Cocconato, censeur de l’Université de Turin (dont la famille laissera quelques traces, notamment architecturales, à Turin, sous le nom de Martini di Cigala, qu’elle porte toujours). Mais ces inféodations, purement nominales, ne changeront rien aux libertés, aux biens (moulins et domaines) et aux impôts de la commune, qui ne verse aucune redevance féodale (hormis celles dues au vicaire du village et à l'évêque de Glandèves). De même le château restera possession du pouvoir central et le bayle, malgré une tentative connue d'intervention du seigneur, continuera de rendre la justice au nom du souverain.
Poste avancé des États de Savoie-Piémont puis de Sardaigne face à la France, Sigale fut, entre le XVIe et l'extrême fin du XVIIIe siècle, une petite place forte commandée par un capitaine-gouverneur. Du fait de sa position, elle fut plusieurs fois envahie par les Français. Outre les deux occupations qu'elle subit sous Louis XIV, la bourgade fut notamment mise à sac un jour et une nuit en 1793 par le 2e régiment des Volontaires de Lozère[14], lors de la conquête du comté par les troupes révolutionnaires françaises.
La bourgade, bien plus étendue qu'on ne le croirait aujourd'hui, était également le centre administratif et religieux de sa région, dite « Vallée de Sigale ». Elle était à l'origine dotée de deux châteaux (Sigalon, au nord, et Sigale sur l'actuel emplacement de la Tour de l'horloge), correspondant aux deux villages originels, d'un ouvrage fortifié et d'une enceinte dont les vestiges permettent de se représenter l'extension. Le château était confié par le pouvoir central à un "Capitaine". La commune se dota dès 1583 — c'est-à-dire après Peille et bien avant Nice — d'un système d'adduction d'eau couronné par une belle fontaine gothique, érigée par les consuls Anthoine Michaelis, Gabriel Orcel et Gabriel Thomel (voir "Monuments"), fontaine qui est aujourd'hui la plus ancienne du Comté avec celle de Peille. Elle possédait un mont granatique (prêt d'argent aux paysans pour l'achat de grains), un "Hôpital de charité" et une confrérie de Pénitents blancs. Au XVIIe siècle, on dénombrait à Sigale plusieurs ecclésiastiques, deux ou trois notaires, un médecin ou un chirurgien (tous deux formés par la Faculté de Nice) et plusieurs artisans (forgeron, maçon, etc.). En 1701, le rapport statistique de l’intendant Mellarede dénombrait à Sigale 197 chefs de famille, soit près de mille habitants.
Contrairement à ce qu'on peut lire parfois, Sigale ne fut pas incorporée à la France lors du traité de Turin en 1760. La commune resta sarde jusqu'au rattachement définitif de 1860.
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Blason | D’argent au mont de sinople sommé d’un chardon au naturel.
Ce blason a été imaginé au XXe siècle par M. Charles-Alexandre Fighiera à partir des armes de la famille Blancardi. L'image est heureuse, mais le rappel d'une famille qui n'eut jamais aucune souveraineté sur le bourg est regrettable. |
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Détails | Le statut officiel du blason reste à déterminer. |
Période | Identité | Qualité | |||||||
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1792 | Jean-Baptiste Collomp | ||||||||
An IV | Louis Dalmassy | ||||||||
An VIII | Dominique Barlet | ||||||||
An XI | Jean Roustan | ||||||||
1808 | Pierre Antoine Dalmassi | ||||||||
1814 | Pierre Alphonsi | Syndic | |||||||
1815 | Jean-Baptiste Chabaud | Syndic | |||||||
1816 | Paulin Dalmassy | Syndic | |||||||
1818 | Jean Roustan | Syndic | |||||||
1820 | Jacques Dalmassy | Syndic | |||||||
1821 | Dominique Barlet | Syndic | |||||||
1826 | Jacques Alziari | Syndic | |||||||
1830 | Paulin Dalmassy | Syndic | |||||||
1833 | Honoré Geoffroy | Syndic | |||||||
1834 | Célestin Roustan | Syndic | |||||||
1845 | Jean Chauvin | Syndic | |||||||
1849 | Rocco Miquelis | Syndic | |||||||
1854 | Antoine Dalmassy | Syndic | |||||||
1857 | Joseph Orcel | Syndic | |||||||
1860 | Antoine Roustan | ||||||||
1865 | Jean Dalmassy | ||||||||
1888 | Honoré Blanc | ||||||||
1892 | Jean Pellegrin | ||||||||
1904 | Victorin Montessan | ||||||||
1925 | Joseph Lions | ||||||||
1931 | Joachim Faletti | ||||||||
1938 | Joseph Blanc | ||||||||
1945 | Timothée Passeron | ||||||||
1965 | Louis Gioanni | ||||||||
1995 | Ginette Pellat | ||||||||
2008 | Arnaud Prigent[15] | DVD | Fonctionnaire |
Depuis le , Sigale fait partie de la communauté de communes des Alpes d'Azur. Elle était auparavant membre de la communauté de communes de la vallée de l'Estéron, jusqu'à la disparition de celle-ci lors de la mise en place du nouveau schéma départemental de coopération intercommunale.
En 1701, la commune comptait de l'ordre de 980 habitants et 450 en 1754.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[16]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[17].
En 2019, la commune comptait 197 habitants[Note 3], en diminution de 4,37 % par rapport à 2013 (Alpes-Maritimes : +1,25 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1793 | 1800 | 1806 | 1822 | 1838 | 1848 | 1858 | 1861 | 1866 |
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600 | 555 | 572 | 595 | 651 | 526 | 514 | 454 | 456 |
1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 | 1901 | 1906 | 1911 |
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428 | 435 | 438 | 422 | 434 | 371 | 323 | 410 | 410 |
1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 | 1962 | 1968 | 1975 |
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357 | 292 | 237 | 257 | 184 | 197 | 138 | 112 | 155 |
1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2007 | 2012 | 2017 | 2019 | - |
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145 | 160 | 181 | 205 | 208 | 210 | 198 | 197 | - |