Cervione [tʃɛʁvjɔne] est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Elle appartient à l'ancienne piève de Campoloro dont elle était le chef-lieu.
Cervione | |
![]() Vue de la vieille ville de Cervione. | |
![]() Héraldique |
|
Administration | |
---|---|
Pays | ![]() |
Collectivité territoriale unique | Corse |
Circonscription départementale | Haute-Corse |
Arrondissement | Corte |
Intercommunalité | Communauté de communes de la Costa Verde |
Maire Mandat |
Marc-Antoine Nicolaï 2020-2026 |
Code postal | 20221 |
Code commune | 2B087 |
Démographie | |
Gentilé | Cervionais |
Population municipale |
2 199 hab. (2019 ![]() |
Densité | 192 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 42° 19′ 57″ nord, 9° 29′ 32″ est |
Altitude | 476 m Min. 0 m Max. 971 m |
Superficie | 11,45 km2 |
Type | Commune rurale et littorale |
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Castagniccia |
Localisation | |
Liens | |
Site web | cervione.com |
modifier ![]() |
La ville de Cervione est située dans l'est de la Corse et constitue de loin le principal noyau ancien de peuplement entre Bastia et Aléria, qui sont les deux villes les plus proches. Elle domine la Plaine orientale à l'endroit même où celle-ci est le plus étroit.
L'arrière-pays de Cervione est constitué par la Castagniccia, région humide truffée de nombreux villages et hameaux anciens épousant les pentes du massif du Monte San Petrone (1 767 m), plus haut sommet de la partie schisteuse (c'est-à-dire le quart nord-est) de l'île.
La zone d'influence historique de Cervione s'étend de Folelli à la plaine de Linguizzetta et est limitée à l'ouest par le Monte San Petrone et les Caldane (1 731 m). Elle comprend les anciennes pièves littorales de Tavagna, Moriani, Campoloro et Verde ainsi que les trois pièves d'Ampugnani, Orezza et Alesani constitutives de la Castagniccia.
Cervione est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[1],[2],[3]. La commune est en outre hors attraction des villes[4],[5].
La commune, bordée par la mer Méditerranée, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[6]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[7],[8].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (48,2 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (49 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (41 %), forêts (37,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (9,3 %), zones urbanisées (6,8 %), cultures permanentes (4 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (1,3 %)[9].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[10].
Le nom corse de la commune est Cervioni /t͡ʃɛrˈvjɔni/. Ses habitants sont les Cerviuninchi.
L'histoire de la commune est liée à celle des cerfs de la région. La disparition des forêts entraîne celle du gros gibier. On a dû réintroduire le cervus corsicanus. Les derniers cerfs, protégés par la loi, s'étaient réfugiés dans le maquis du Fiumorbu et, au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'un d'eux, évadé de Vadina, était venu s'embûcher dans la plaine de Cervioni. Il a été tué à Chebbia pendant une battue aux sangliers. Même s'il y a longtemps que les cervi ont déserté le Campulori, Cervioni était considéré comme le « pays des cerfs. » Le nom du chef-lieu du Campulori, actuellement prononcé Cervioni ("v" et non "b"), officialisé en Cervione, a été écrit :
Il est difficile de se prononcer sur son origine. Dans sa Géographie, Ptolémée, qui vivait au IIe siècle, partageait les habitants de la Corse en douze peuplades. D'après une localisation généralement admise, le Campulori avait été peuplé par la tribu des Makrinoi ou Mariani. Laquelle a pu donner son nom à la pieve de Moriani, sa zone d'influence s'étendant du Campulori à la Casinca.
Cependant, certains auteurs n'admettent pas la distribution géographique de Ptolémée. Mgr Louis Sébastiani de La Porta est catégorique : « Il est incontestable que la position géographique des lieux fixée par Ptolémée n'est pas toujours exacte, et qu'il ne faut pas s'en tenir rigoureusement à cette position quand elle est en désaccord avec celle des lieux désignés par des noms modernes entièrement identiques aux anciens. » Mgr de la Foata se refuse donc à placer les Cervini au pied du Monte d'Oro et les situe soit à Cervioni, soit à Carbini.
Le professeur Francesco Ambrosi rejoint l'érudit prélat d'Ajaccio quant au jugement qu'il porte sur la Géographie de Ptolémée. Il envisage une erreur de localisation des Syrbii, entre le Tavignanu et le Travu, et les place à Cervioni. Mais pourquoi faire mentir Ptolémée pour admettre que des Syrbii ou des Cervini aient fondé Cervioni ? Pourquoi des membres de l'une ou l'autre peuplade ne se seraient-ils pas implantés sur le territoire de Mariani ? Ainsi, quel est le Cervionais d'un certain âge qui n'a connu U Bonifazinu, Cinarchese, A Goghjese ou l'Aschese, et peut-être uniquement sous ces surnoms? Venus s'installer à Cervioni, ils avaient conservé l'appellation d'origine et, s'ils avaient créé un domaine rural, ils auraient pu nous léguer un lieu-dit.
Dans son Dictionnaire des noms de lieux corses, Mgr Jean-Marcel Rodié fait découler Cervioni de Cervius, nom propre latin. Si l'on devait retenir un nom de personne, Cerbonius conviendrait mieux. Ce nom, toscanisé en Cerbone, est celui d'un saint évêque de Populonia (Massa Marittima, Toscane), mort à l'île d'Elbe au VIe siècle. Le culte de San Cerbone a été introduit en Corse au plus tard à l'époque pisane. Les églises qui lui sont dédiées y sont plus nombreuses qu'en Toscane, et plus particulièrement dans l'évêché d'Aleria : Gavignanu, Felicepianu, Campi, Ghjuvellina, Zuani, Guagnu, Guzzone...
Le calendrier diocésain de Massa et Populonia, dédiait deux jours à San Cerbone : le 4 juin, fête du transfert du corps de l'île d'Elbe à la « Terre ferme », et le 10 octobre, anniversaire de la mort. Or Cervioni célèbre Saint Erasme le 2 juin et saint Alexandre Sauli, patron de la cité, le 11 octobre. On serait tenté de conclure que ces deux saints ont chassé l'autre, mais cela n'est qu'une coïncidence. Félix Giacobbi pensait mettre en cause, pour l'étymologie de Cervioni, le mot Cera (cire) qui, avec un augmentatif, donne Cerone, et cela sans doute parce qu'une ou deux fabriques de cierges ont existé à Cervioni. Ce serait envisager l'introduction tardive du V dans le corps du mot, alors que ce V résulte plutôt de l'adoucissement d'un B.
Si l'on retient Cera, il faut aussi envisager Cerro (Quercus cerris), nom italien du chêne chevelu, ou chêne lombard, qui a donné de nombreux lieux-dits dans la péninsule italienne. Notons enfin que de nombreux toponymes datent de la préhistoire et appartiennent à une langue disparue. Certains sont conservés tels quels, d'autres ont subi l'attraction de mots au sens connu appartenant à des langues postérieures. P. Lamotte rattache Cervioni à une base supposée pré-indo-européenne : KAR, laquelle aurait le sens de pierre, rocher, terrain escarpé ou endroit fortifié. Cette base avait d'ailleurs été étudiée hors de Corse par les linguistes. Charles Rostaing, dans Les Noms de lieux (coll. Que sais-je ? 1961, p. 28), fait état des études faites, depuis Gigi D'Alessio en 1935, sur KAR(R)A, dont « un sens dérivé kar-ione a donné naissance aux multiples Cheiron, Chéron, Chiron, éparpillés sur tout le territoire français. »
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
---|---|---|---|---|
1851 | ? | J. Suzzoni | Adjoint: G. Benelli | |
1866 | ? | Ignace Brignole | Propriétaire,
Adjoint: Ange-Paul Agostini | |
1874 | ? | Brignole | Adjoint: Serra | |
1877 | ? | Ange-Gaëtan Astima | Adjoint: Santolini | |
1887 | ? | Ange-Gaëtan Astima | Adjoint: Marini | |
1901 | 1905 | Jean-Saint Astima | Adjoint: Charles Joseph Casalta | |
1905 | 1910 | Jean-Saint Astima | ||
1910 | 1912 | Alexandre Grassi | Républicain | Secrétaire général honoraire Conseiller général du canton de Cervione (1909 → 1916) |
1912 | 1919 | Pierre Vadi | ||
1919 | 1925 | Martin Astima | ||
1925 | 1929 | Joseph-Marie Pollacchi | Général de division | |
1929 | 1930 | Nicolas Mannoni | ||
1930 | 1930 | Lucien Mannoni | ||
1930 | 1935 | Georges Benelli | ||
1935 | 1944 | Martin Casalta | SFIO | Médecin Conseiller général du canton de Cervione (1979 → 1985) |
1944 | 1945 | Jean Pinelli | ||
1945 | 1962 | Félix Maggiani | ||
1962 | 1967 | Antoine Filippi | ||
1967 | 1967 | Jean-Louis Pescetti | Délégation spéciale | |
1967 | 1977 | Antoine Filippi | ||
mars 1977 | juin 1995 | Ange Lovisi | MRG | Conseiller général du canton de Campoloro-Moriani (1979 → 1985) |
juin 1995 | mars 2008 | Augustin Pierre Louis Nicolai | DVG | Conseiller général du canton de Campoloro-Moriani (2007 → 2013) Vice-président de la CC de la Costa Verde (2002 → 2013) |
mars 2008 | En cours | Marc-Antoine Nicolai | DVG-PRG | Employé Conseiller territorial de Corse (liste Giacobbi) (2010 → 2018) Président de la CC de la Costa Verde |
Les données manquantes sont à compléter. |
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[11]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[12].
En 2019, la commune comptait 2 199 habitants[Note 2], en augmentation de 30,5 % par rapport à 2013 (Haute-Corse : +6,41 %, France hors Mayotte : +2,17 %).
1800 | 1806 | 1821 | 1831 | 1836 | 1841 | 1846 | 1851 | 1856 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 008 | 1 182 | 910 | 1 467 | 1 510 | 1 536 | 1 657 | 1 604 | 1 456 |
1861 | 1866 | 1872 | 1876 | 1881 | 1886 | 1891 | 1896 | 1901 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 588 | 1 373 | 1 615 | 1 680 | 1 912 | 2 144 | 1 584 | 1 561 | 1 647 |
1906 | 1911 | 1921 | 1926 | 1931 | 1936 | 1946 | 1954 | 1962 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 641 | 1 571 | 1 555 | 1 785 | 1 606 | 1 560 | 1 345 | 1 405 | 1 100 |
1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 | 2006 | 2007 | 2012 | 2017 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 400 | 1 450 | 1 254 | 1 334 | 1 452 | 1 605 | 1 628 | 1 719 | 2 189 |
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2 199 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Cathédrale de style baroque dédiée à Alexandre Sauli datant du XVIIIe siècle.
En hommage à Pascal Paoli.
Point de vue situé sur la Corniche de Castagniccia
Le château est construit à partir d'un ancien moulin à eau, qui doit dater de plusieurs centaines d'années.
En effectuant des travaux intérieurs on a découvert une salle souterraine ancienne, inconnue jusque-là, voûtée, dont le sol est dallé de grandes pierres toutes marquées par des signes mystérieux de tailleur de pierre. C'est l'ancien réservoir du moulin. On y distingue l'arrivée de l'eau et sa grille et surtout un puits intérieur traversant la maison de haut en bas. Il s'agit de l'ancienne conduite forcée qui conduisait l'eau vers une bouche taillée dans la masse de la roche, sous la maison, au fond d'un tunnel et qui faisait tourner ainsi une roue à godets, entraînant par des engrenages divers la mécanique des meules. Cette conduite forcée est construite elle aussi en pierres de taille rigoureusement assemblées. La proximité du torrent, dont le débit était bien plus important par le passé, explique la situation de ce moulin à cet endroit.
Auparavant, l'accès à la maison s'effectuait par un simple et étroit chemin muletier, qui n'était autre que l'ancienne route pédestre vers Corti par les montagnes de la Castagniccia. On notera que l'entrée de l'allée menant au palazzu est encadrée par deux piliers massifs originaux laissant le passage à un véhicule plus large que ce chemin d'accès ne permettait. En 1978, la piste est élargie pour permettre le roulage des véhicules à moteur. À cette occasion un magnifique pont génois, établi derrière le palazzu pour enjamber le torrent, est détruit au profit d'une passerelle en béton.
Au XIXe siècle, la bâtisse a été transformée en maison bourgeoise, peut-être par un baron de la famille de Jean-Baptiste Cervoni, général de division du Premier Empire, mort à la bataille d'Eckmühl.
L'abandon de la fonction meunière est vraisemblablement à mettre sur le compte du développement des routes carrossables en Corse qui privilégient alors les moulins munis d'accès faciles, au détriment de ceux construits dans des endroits reculés comme ici.
On dit aussi que cette maison a été perdue au jeu en 1936.
Elle échoit plus tard dans la famille Santarelli, originaire d’Aullène, dont le dernier représentant était un officier de marine qui a rejoint De Gaulle en 1940.
C’est une maison massive et austère, en retrait de la ville, toute en hauteur. Par ses particularités architecturales avec ses rives de toit munies de pointes étranges que l'on ne retrouve nulle part en Corse, aussi bien que son ambiance intérieure, elle a la réputation de maison hantée ou du moins habitée par des phénomènes étranges. On dit aussi que d'anciens propriétaires s'adonnaient à des expériences de spiritisme.
Elle est construite sur la roche qui apparaît par endroits dans certaines pièces. Sa couverture est constituée de lauzes soutenues par une belle charpente en châtaignier.
L'endroit est propice aux sources, aux fontaines, au silence et aux mystères. Un ancien four à pain demeure encore dans un coin du jardin.
Elle est actuellement la propriété de Viviane Loriaut, directrice des études à double cursus au Conservatoire à rayonnement régional de Paris, rue de Madrid à Paris et organiste concertiste, et de Jean-Louis Loriaut facteur d'orgues. Ils y vivent à l'année.
La Scupiccia est une statue de la Vierge en marbre située sur la crête de la Scupiccia, à 750 m d'altitude.