Ngaoundéré est une ville du Cameroun, chef-lieu de la région de l'Adamaoua, érigée en communauté urbaine de Ngaoundéré en 2008[1].
La ville se situe au nord de la région dans le plateau de l'Adamaoua. C'est un carrefour important du commerce régional puisque c'est un passage obligé du transport routier entre les villes du sud du pays et les villes du grand nord. Le chemin de fer provenant de Douala se termine dans cette ville. La ville se démarque par un mont sur lequel est assis un rocher arrondi, ce qui fait dire aux gens que Ngaoundéré est le nombril de l'Adamaoua (Ngaou signifie "montagne" et Ndéré "nombril" en langue M'boum, la langue des premiers habitants.)
Le climat est presque tempéré puisque cette zone de savane arborée est située en hauteur. Les variations de température sont plutôt importantes en saison sèche. L'année est divisée en deux saisons : l'une sèche et l'autre pluvieuse. La saison sèche est marquée par un vent sec venant du nord tel que l'harmattan qui se transforme en un vent sec et chaud. Quant à la saison des pluies, elle est marquée par des pluies parfois violentes et discontinues.
Le , la communauté urbaine de Ngaoundéré a été créée. Ngaoundéré compte en son sein 3 arrondissements et est aussi le chef-lieu du département de la Vina[2].
La communauté urbaine comprend les villages suivants :
L'évolution démographique est relevée par les recensements de la population[6].
1976 | 1987 | 2005 |
---|---|---|
38 800 | 78 000 | 189 800 |
Les Foulbés (on dit un « Peul », déformation française du mot « Poullo », des « Foulbé ») font partie du groupe ethnique le plus important, ayant comme langue le fulfulde (prononcer foulfouldé). En réalité, on dit un Peul, des Foulbé, le mot peul étant une déformation française de Poullo comme se nomme tout Peul. Les Foulbé sont présents dans toute l'Afrique de l'Ouest, au Cameroun, au Tchad, au Soudan, et un peu en Centrafrique, au Congo et plus rarement au Congo RDC. En effet, c'est un peuple qui a vécu essentiellement de l'élevage jusqu'à la venue des colonisateurs. À ce moment-là, ils avaient déjà fondé deux grands empires : l'empire peul du Macina[7] et l'empire peul de Sokoto. On ne peut parler des Foulbé de l'Adamaoua Cameroun sans parler des Foulbé de l'État d'Adamawa au Nigeria. La quasi-totalité des familles foulbé de l'Adamaoua Cameroun viennent de l'État d'Adamawa au Nigeria. La région de l'Adamaoua Cameroun est traditionnellement et islamiquement dépendante de Yola, la capitale de l'État d'Adamawa. Malgré la frontière du Colons, la tradition est maintenue. Il est vrai aussi que le premier Président Cameroun, Ahmadou Ahidjo (un Peul), a tôt fait d'affaiblir ces relations au profit d'un Cameroun républicain et souverain.
La langue principale dans tout le grand nord Cameroun reste le Fulfulde qui s'étend peu à peu dans tout le Cameroun en raison d'un fort taux de naissance des Foulbé et d'un nomadisme très avancé. En moins de vingt ans, des années 1980 à 2000, la moitié de la population peule de Ngaoundéré a émigré vers Bertoua, la région de l'Est Cameroun. Les enfants foulbé sont tous musulmans et l'Islam y est enseigné. Dès le bas âge, tout le monde passe par l'école coranique puis l'école francophone ou anglophone. L'influence du Nigeria aidant, la plupart des enfants foulbé sont bilingues ou trilingues car le fulfuldé est d'origine presque arabe. La langue française domine comme langue d'enseignement dans les écoles. Il y existe encore quelque bâtiments, anciens témoins du colonialisme allemand et de la présence française. Les seuls bâtiments imposants restent ceux des Allemands. C'est le cas du Bureau du Gouverneur, de sa maison et de la plupart des maisons éparpillées dans le quartier administratif.
Au départ, la ville s'appelait Ndelbe ou encore Garoua. Elle appartenait aux Mboum, les vrais autochtones. Les Foulbé sont venus grâce au djihad initié par Modibbo Adama qui reçut l'Étendard pour le djihad des mains du vénérable Ousman bi Fodoué (en Haoussa, Usman dan Fodio) alors empereur de l'Empire peul de Sokoto (Nord Nigeria). Le Premier Lamido de la ville fut Ardo Djobdi tout au début des années 1800. La ville fut rebaptisée Ngaoundéré ce qui veut dire « Montagne au Nombril » en Mboum, langue locale. En effet, une anecdote veut que quand les soldats foulbé arrivèrent avec leurs chevaux et leurs turbans, les Mboum prirent peur et se réfugièrent auprès du Mont qui surplombe la ville. Les Foulbé encerclèrent la montagne et imposèrent un embargo sachant que la faim ferait descendre les Mboum et qu'ils pourraient s'imposer sans heurts. C'est alors vers 15 heures, à la prière de Asr, lorsque les Foulbé enlevèrent leurs turbans, firent l'ablution et se prosternèrent pour prier, que les Mboum furent pris de panique, croyant que les Foulbé s'apprêtaient à soulever la Montagne. Les Mboum se rendirent alors. Et c'est comme ça que la ville fut nommée Montagne au Nombril.
La ville, traditionnellement, est organisée autour d'une chefferie peule appelée Lamidat. À sa tête se trouve un Lamido[8], chef spirituel et temporel. Généralement, toutes les chefferies ont une grande mosquée à l'entrée de leur cour, signe d'un Islam triomphateur. La plupart des Lamibé à Ngaoundéré sont des métis, Mboum et Peul, en hommage aux autochtones qui sont les Mboum et pour une meilleure cohésion avec les nouveaux venus, les Foulbé.
L'université de Ngaoundéré [10] a été créée en 1993 dans le cadre de la réforme universitaire. On comptait en 2007 environ 12 000 étudiants, et 15 500 en 2008. Les effectifs étudiants ont rapidement augmenté ces dernières années et accueille aussi des Tchadiens. On compte un peu plus de 25 000 étudiants pour l'année académique 2012/2013. Il est à noter qu'il existe depuis 2009 une université à Maroua. Ce qui porte à deux le nombre d'institutions universitaires publiques dans le grand nord Cameroun. Elle compte huit Établissements dont quatre grandes Écoles et quatre Facultés.
C'est l'une des universités les plus éloignées de Yaoundé, et elle souffre de cet état de fait, notamment au niveau des infrastructures et du matériel, puisque sa bibliothèque est très peu fournie. Pour y remédier, les facultés s'organisent elles-mêmes, à l'instar de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) et la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) qui ont créé leur propre centre de documentation destiné aux étudiants des second et troisième cycles.
L'université dispose d'une connexion internet auprès d'un Fournisseur d'accès à Internet de la place ; mais le réseau informatique n'est pas encore répandu dans tous les départements de l'institution. Afin de pallier ce déficit, l'institution achève de mettre sur pied () son centre de développement des technologies de l'information et de la communication (CDTIC) qui héberge entre autres:
Ngaoundéré est assez isolée. Les usagers peuvent rejoindre la capitale Yaoundé par route en passant par Meiganga, Garoua-Boulaï et Bertoua. La piste vers le sud est en mauvais état et peu empruntée par les voyageurs. Depuis 2007, une nouvelle route bitumée de 393 kilomètres relie Ngaoundéré au Tchad (Ngaoundéré-Touboro-Moundou).
L'aéroport, à vocation régionale, accueillait des avions moyen courrier comme les Boeing 737. En 2012, il y a eu peu de trafic aérien commercial desservant Ngaoundéré.
À Ngaoundéré se trouve une importante gare qui aujourd'hui est le terminus de la ligne Camrail Douala - Yaoundé - Ngaoundéré. Cette ligne, à voie métrique, est très utilisée pour le transport des marchandises (desserte du Tchad par le port de Douala) et y circule un train de voyageurs (départ chaque soir dans chaque sens, durée du trajet de 13 à 15 heures). De nombreuses améliorations sont faites sur le réseau ferroviaire. Les trains sont plus réguliers et moins en retard.
La région est caractérisée par un paysage de savane, peu peuplée. Le bétail y transite pour accommoder les commerçants et les éleveurs qui pratiquent la transhumance. Le bétail quitte en bonne partie les hauteurs de l'Adamaoua en saison sèche pour rejoindre les basses terres. L'industrie laitière se développe en grande partie grâce à un projet établi avec le Canada en 1993. Jusque dans les années 1980-1990, le zébu Gudali est majoritairement l'espèce bovine qui prédomine ce secteur. Ceci a pour effet de caractériser cette race de zébu par rapport à d'autres. La frontière naturelle de la falaise au nord de l'Adamaoua a presque empêché la venue du nord par transhumance des zébus White Fulani et Red Fulani.
L'industrie Maïscam (huile de maïs) y est prospère.
Les environs de Ngaoundéré sont riches en sites archéologiques certainement témoins d'une occupation précédant la conquête de l'Islam ou, plus récemment, d'avant la conquête coloniale. Il existe plusieurs endroits qui n'ont pas fait l'objet de fouilles archéologiques à proprement parler mais qui dévoilent aux passants, souvent des touristes, des fragments de poterie à la surface du sol ou des monticules vestiges de fossés de protection contre les hippopotames.
Le site de Mabimi (ce qui signifie « lac des hippopotames » en langue locale) n'a à ce jour jamais fait l'objet de fouilles archéologiques mais on aperçoit à la surface du sol plusieurs sites de fourneaux laissant envisager une période d'occupation où la fonte du métal était une activité importante du secteur. S'il semble aujourd'hui sans grande importance, il n'en est pas moins l'endroit le plus riche en matière d'archéométallurgie que l'on peut trouver sur le plateau de l'Adamaoua[11]. Un autre site à la limite nord de la ferme-modèle du Projet Laitier Pilote est le témoin d'une occupation antique simplement par les fragments qui affleurent mais l'érosion et le surpâturage risquent bien de détruire ces sites avant même que leur contenu n'en ait été exploré.
Les habitants de la ville sont des musulmans, des catholiques, des protestants luthériens et rarement de religion traditionnelle. La physionomie de la ville est marquée par de nombreuses mosquées.
Monseigneur Yves Plumey, assassiné le [12], fut le grand-papa de tous les enfants de la ville, musulmans comme chrétiens. Sa tombe se trouve devant la cathédrale de la mission catholique de Ngaoundéré. La cathédrale Notre Dame des Apôtres de N’Gaoundéré est le siège du diocèse catholique.
Le bois de Mardok, le mont Ngaoundéré sont quelques attractions touristiques de la ville. Le lac Tizon, la chute de Tello, Idool la fraîche.
En 1975, la République unie du Cameroun a émis un timbre de 45 F dédié à l'église catholique de Ngaoundéré[13].
En 1985, c'est l'hôtel de ville de Ngaoundéré qui est reproduit sur un timbre de 60 F[14].
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