Moutier (ancien nom allemand : Münster) est une commune suisse du canton de Berne, située dans l'arrondissement administratif du Jura bernois.
Pour les articles homonymes, voir Moutier (homonymie).
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Moutiers.
Moutier | |
![]() Vue de Moutier. | |
![]() Blason |
![]() Logo |
Administration | |
---|---|
Pays | ![]() |
Canton | ![]() |
Arrondissement administratif | Jura bernois |
Communes limitrophes | Belprahon Champoz Châtillon (JU) Court Eschert Haute-Sorne (JU) Perrefitte Roches |
Maire | Marcel Winistoerfer (PDC) |
NPA | 2740 |
No OFS | 0700 |
Démographie | |
Gentilé | Prévôtois |
Population permanente |
7 348 hab. (31 décembre 2020) |
Densité | 375 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 16′ 50″ nord, 7° 22′ 15″ est |
Altitude | 535 m Max. 1 270 m |
Superficie | 19,58 km2 |
Divers | |
Langue | Français |
Localisation | |
Carte de la commune
![]() |
|
Liens | |
Site web | moutier.ch |
Sources | |
Référence population suisse[1] | |
Référence superficie suisse[2] | |
modifier ![]() |
En 2021, une majorité de citoyens de Moutier décident de rejoindre le canton du Jura. Cette réunion aura lieu le 1er janvier 2026[3].
Moutier se trouve au milieu de l'arc jurassien entre les villes de Bienne et de Delémont. La ville se situe à l’intersection d’un synclinal (Petit-Val et Grand-Val) et de deux cluses (Gorges de Court et Gorges de Moutier). Le plus haut point de la commune culmine à 1 270 m, sur le Graitery. Les autres points les plus élevés se situent à 1 037 m sur le Mont Girod, à 1 000 m sur le Mont Raimeux et à 1 158 m sur la montagne de Moutier. La commune a une superficie de 1 958 hectares.
La Birse qui traverse le Grand Val du sud au nord, perpendiculairement à la chaîne du Jura, forme d’importantes gorges en amont (Gorges de Court à travers les anticlinaux de Graitery) et en aval de Moutier (Gorges de Moutier à travers les anticlinaux de Mont Raimeux). Ces deux cluses montrent parfaitement les plissements du Jura. Ces gorges sont reconnues comme site géologique d'importance européenne alors que la forêt du Raimeux est considérée par les autorités du canton de Berne comme une réserve naturelle à protéger[4].
Moutier fait partie de la région Jura & Trois-Lacs, une destination touristique articulée autour de la chaîne du Jura et des lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat.
Durant l'époque romaine, on ne franchissait ni les Gorges de Moutier, ni celles de Court. La route romaine, venant de Pierre-Pertuis par la vallée de Tavannes, passait donc par Champoz. Elle se dirigeait ensuite vers Crémines et Vermes pour rejoindre la Vallée de Delémont. Rien n’atteste la présence d'une agglomération romaine sur le site actuel de Moutier.
Durant le haut Moyen Âge, l’histoire de Moutier est étroitement liée à l’abbaye de Moutier-Grand Val. Selon le texte hagiographique relatant la vie de Saint Germain, premier abbé de la fondation colombanienne, la fondation de Moutier (qui signifie monastère en ancien français) remonte à l'an 640. La célèbre bible de Moutier-Grandval, document richement illustré et conservé à la Bibliothèque Nationale de Londres, témoigne sans ambages de l’importance du monastère prévôtois. Elle fut offerte aux moines de Moutier par Hugues de Tours vers 835 et porte en ses enluminures le style du scriptorium de la cité tourangelle. En l’an 999, l’abbaye de Moutier-Grand Val est donnée par Rodolphe III, roi de Bourgogne, à la Principauté épiscopale de Bâle. Elle est à l'origine de la puissance temporelle du prince-évêque de Bâle. La souveraineté de l'abbaye de Moutier-Grand Val sur ses propriétés est confirmée par Charles le Gros dans un acte daté du et qui s’avère être également le plus ancien document des archives de l'État de Berne.
Aux environs de 1120, les moines sont supplantés par des chanoines séculiers et Moutier devient alors une Prévôté. Les chanoines, afin de se départir d’une trop forte puissance de princes-évêques de Bâle, cherchent des alliances du côté des Suisses. La Prévôté de Moutier devient « combourgeoise » des villes de Bâle en 1407, de Soleure en 1462 et de Berne en 1486.
En 1792, les Prévôtois décident de se donner un gouvernement provisoire. Jusqu'en 1797, Moutier et les communes de la Prévôté vivront sous le régime d'une république autonome. Après la période française, de 1798 à 1814, à la suite des décisions prises lors du Congrès de Vienne en 1815, Moutier devient bernoise, à l’instar de la presque totalité de l’ancien Évêché de Bâle, en compensation de la perte des actuels cantons de Vaud et d’Argovie.
La première industrie à Moutier n’est autre que la verrerie, fondée en 1842 par un certain Auguste Célestin Châtelain. Cette entreprise perdurera jusqu’en 2017. La seconde plus ancienne industrie prévôtoise voit le jour en 1849 ; c’est la « Société Industrielle », manufacture d’horlogerie qui emploiera jusqu’à 500 personnes et ne produira pas moins de 40 000 montres par année dans les années 1870. Elle n’est bien entendu pas étrangère à l’implantation d’une fabrique de tours automatiques vers 1880 sous l’impulsion de Nicolas Junker. Par la suite, trois fabricants de machines-outils se livreront une saine concurrence, faisant de Moutier l’épicentre mondial de ce domaine : Tornos, Bechler et Pétermann.
Notons que le chemin de fer est présent avec la gare de Moutier à partir de 1876 et que, s’il n’est pas à l’origine de l’industrialisation de la vallée tout entière, participe par son implantation tardive au développement d’une industrie légère à haute valeur ajoutée telle que l’horlogerie.
Durant la deuxième partie du XXe siècle, la ville a été l’un des enjeux de la Question jurassienne.
Le 5 juillet 1959, une initiative du Rassemblement jurassien portant sur l’idée d’un nouveau canton est soumise au vote. Moutier dit non par 67,2 % des voix.
Le 23 juin 1974, lors du plébiscite sur la création du canton du Jura, Moutier également dit non, par 2 194 voix contre 2 124 (50,8 %). Sur l’ensemble des sept districts historiques, la création d’un nouveau canton est approuvée par 36 802 voix contre 34 057. Le 16 mars 1975, sous-plébiscite dans les districts ayant voté non le 23 juin 1974. À la question « Voulez-vous continuer de faire partie du canton de Berne ? » la population de Moutier répond par la positive : 2 524 oui contre 2 238 non (53 %).
Le 7 septembre 1975, les communes limitrophes du nouveau canton du Jura sont appelées à se prononcer une nouvelle fois sur leur appartenance cantonale. Moutier dit oui au canton de Berne par 2 450 contre 2 151 voix (54,1 %).
En 1984, l’affaire des caisses noires éclate. Le Gouvernement bernois a versé illégalement 730 000 francs aux formations antiséparatistes pour mener campagne durant les sous-plébiscites de 1975. Cette affaire relance les revendications jurassiennes à Moutier.
Le 29 novembre 1998, Moutier organise un vote consultatif sur son appartenance cantonale : 1 891 oui (pour le Jura) et 1 932 non (pour le canton de Berne) (50,5 %).
Le 20 février 2012, on annonce que les populations du Jura et du Jura bernois seront consultées sur la création d’un nouveau canton en 2013. Le dispositif prévoit que les communes puissent se prononcer sur leur appartenance cantonale dans un deuxième temps. Le 24 novembre 2013, les habitants du Jura bernois plébiscitent à une forte majorité leur maintien dans le canton de Berne. Les votants de Moutier approuvent quant à eux la création d’un nouveau canton par 2 008 oui et 1 619 non (55,4 %)[5].
Le a lieu une votation sur le rattachement de la commune au canton du Jura. Le oui l'emporte avec 51,72 % des voix, avec 2 067 oui contre 1 930 non, soit 137 voix d'écart. Le taux de participation atteint 89,72 %. Le changement de canton était prévu, au plus tôt, pour le [6].
Votes « Oui » (51,70 %) |
Votes « Non » (48,28 %) | ||
▲ | |||
Majorité absolue |
Cependant, le vote est invalidé par la Préfecture de l'arrondissement administratif du Jura bernois, le [7]. Contestée, cette décision fait ensuite l’objet de recours auprès du Tribunal administratif du canton de Berne[8], qui confirme également l'annulation de la votation dans une décision datée du , mais rendue publique le 29[9].
Le , une réunion réservée aux Prévôtois projurassiens a lieu afin de donner au Conseil municipal une recommandation quant à un recours au Tribunal fédéral (TF) ou à un nouveau vote. Les recourants décident, par 399 voix contre 18, de ne pas saisir le TF et de réorganiser une votation[10]. L'exécutif local confirme cette décision le et annonce comme objectif de date le pour le nouveau vote sur l'appartenance cantonale de la commune[11].
Le 6 octobre 2020, lors de la Conférence tripartite (composées des délégations des gouvernements jurassien et bernois ainsi qu'une délégation du Conseil municipal de Moutier) une date de compromis est trouvée : le 28 mars 2021. En plus des mesures déjà prises pour le premier vote en 2017 (comme l'envoi d'observateurs fédéraux), la Tripartite adopte de nouvelles mesures : « la remise du matériel de vote à des personnes séjournant dans des hôpitaux ou des homes sera protocolée et il y aura un seul conteneur, scellé par l'Office fédéral de la justice (OFJ), à l'Hôtel de ville, pendant les trois semaines précédant le vote. L'OFJ sécurisera et adressera le matériel de vote aux citoyens de Moutier, surveillera le dépouillement et procédera à un contrôle systématique des cartes de légitimation »[12].
Le 28 mars 2021, lors de la nouvelle votation, la majorité des habitants de Moutier, par 2 114 voix contre 1 740, soit 54,9 %, décide de rejoindre le canton du Jura[13]. Le taux de participation est de 88 %.
Votes « Oui » (54,90 %) |
Votes « Non » (45,10 %) | ||
▲ | |||
Majorité absolue |
Cependant, le transfert doit encore être accepté par les parlements et les populations des deux cantons, ainsi que par l'Assemblée fédérale pour ce qui est du changement de territoire. Le canton du Jura annonce le jour même qu'il s'attend à ce que l'arrivée de Moutier soit effective au [14].
Le 28 juin 2021, 13 députés antiséparatistes du Conseil de ville de Moutier décident de démissionner du législatif et des diverses commissions[15].
Le 30 juin 2021, le Parlement jurassien adopte une motion, par 46 voix contre 12 et 1 abstention, demandant que le Gouvernement « mette tout en œuvre » pour accueillir la cité prévôtoise au et non au , soit avant les élections cantonales de l'automne 2025[16].
Fin août 2021, le Gouvernement jurassien choisit Patrick Tanner, maire de Saint-Imier depuis 2015, comme personne chargée du transfert de Moutier dans le canton du Jura. Patrick Tanner doit gérer le dossier jusqu'au 31 décembre 2026[17].
Le 22 septembre 2021, le Gouvernement jurassien et le Conseil-exécutif du canton de Berne signent la feuille de route pour le changement de canton de Moutier[N 1]. Ce document encadre les négociations entre les deux cantons[18].
Le 15 août 2022, un recours contre le transfert de Moutier est déposé par onze personnes. Ces dernières affirment que le gouvernement jurassien a menti sur l’avenir de l’hôpital de Moutier et que la population n'a donc pas pu voter en connaissance de cause lors de la votation communale du 28 mars 2021. En effet, début juillet 2022, le gouvernement jurassien met en consultation une liste hospitalière qui prévoit de retirer plusieurs missions à l’hôpital de Moutier, ce qui « briserait une promesse de campagne » selon les opposants[19]. Le 11 octobre, la préfète de l'arrondissement administratif du Jura bernois Stéphanie Niederhauser juge le recours irrecevable puisque la liste hospitalière mise en consultation n'est pas définitive[20].
Le 29 août 2022, lors d'une conférence tripartite réunissant les gouvernements bernois et jurassien ainsi que la Confédération, il est confirmé que la ville de Moutier doit rejoindre le canton du Jura le 1er janvier 2026[3].
Le Conseil municipal de Moutier compte neuf membres élus pour quatre ans au suffrage universel. Le maire est élu au système majoritaire et les huit autres membres au système proportionnel. Les membres actuels sont en place pour la législature 2019-2022[21]. De plus, la commune dispose d'un chancelier.
Liste des maires successifs (depuis 1878)[22],[23] :
Le Conseil de Ville de Moutier compte quarante-et-un membres élus pour quatre ans au suffrage universel, selon le système proportionnel.
Pour la législature 2018-2021, le Conseil de Ville est composé de douze membres du Parti socialiste autonome (PSA), sept membres de l'Union démocratique du centre (UDC), cinq membres du Parti démocrate-chrétien (PDC), cinq membres du Parti libéral-radical (PLR), deux membres d'Interface (PSJB & PEV)[24], trois membres du Ralliement des Prévôtois jurassiens, quatre membres du Rauraque et un membre de Moutier à Venir.
Le Conseil de Ville a été institué en 1970. Avant cela, une Assemblée municipale réunissait régulièrement l'ensemble des citoyens de la commune.
En 1849, la première manufacture d’horlogerie de la ville voit le jour, il s’agit de la Société industrielle de Moutier-Grandval. D’autres usines d’horlogerie apparaissent : Lévy et Frères, qui devient la Pierce en 1938, et la fabrique de réveils SWIZA, fondée en 1904.
En 1842, Auguste-Joseph-Célestin Châtelain construit la Verrerie de Moutier, sur l’emplacement d’une ancienne tannerie.
En 1890, Nicolas Junker fabrique à Moutier les premières décolleteuses à poupée mobile. Il forme André Bechler, associé dès 1904 à Joseph Pétermann pour fonder l'usine Bechler et Cie, avant que les deux hommes se séparent en 1914, créant chacun leur propre usine : André Bechler SA et Pétermann.
Le nom de Tornos apparaît en 1915. Durant plusieurs années, les trois usines de Moutier (Bechler, Pétermann, Tornos) se livrent une féroce concurrence. En 1968, Tornos rachète Pétermann, et six ans plus tard Bechler et Tornos-Pétermann fusionnent pour devenir Moutier Machines Holding. La nouvelle entreprise reprend le nom de Tornos-Bechler, puis de Tornos.
Le sobriquet des habitants de Moutier est : les Latche-potches[25].
Sur les autres projets Wikimedia :